Voyageur immobile, un coffret magique pour parcourir le monde en musique!

Il existait, voici quelques décennies, une émission sur France Culture intitulée « les chants de la Terre », qui invitait les auditeurs à écouter des musiques traditionnelles du monde entier, des (vrais) griots africains aux chants diatoniques de Mongolie, du guzheng chinois, des putonas maoris, en passant par bien des régions inconnues avant qu’elles ne deviennent parfois républiques indépendantes. On pouvait retrouver quelques albums complets des enregistrements pris sur le vif sur Harmonia Mundi, site encore existant de nos jours.  La collection OCORA de Radio France retrouve ces chemins que la majeure partie des radios ont abandonné pour faire place aux artistes contemporains qui mêlent le traditionnel à l’électronique, (Tinariwen, Césaria Evora, Calypso Rose,  Danyel Waro etc).

Ainsi retrouve-t-on les sources dans cet album (26 euros) qui compile cinq continents en six albums. Mais toute cette musique universelle ne peut offrir qu’un échantillon de nos plaisirs. Quitte à être rébarbatifs, l’écoute ne justifiant pas forcément l’adhésion. Mais la curiosité du voyageur immobile se propage dans des milliers de sons, d’instruments, de chants, qui ouvrent à chacun ses pavillons auditifs aux petits bonheurs.

Le monde est régi par un petit nombre de fous qui nous font marcher sur la tête avec un pistolet chargé sur la tempe. Mais comme il faut vivre, certains, plus nombreux, maintiennent la menace, pour un salaire et de maigres avantages. Les autres, masses innombrables, hurlent dans les stades, chantent et dansent pour calmer leur faim et leur misère. La musique des peuples est faite de traditions, de douleurs et d’espoirs depuis des siècles.

Quand on parcourt (bien que voyageurs immobiles) toute la diversité du monde, le côté festif l’emporte souvent sur la tristesse, même si elle est construite sur les lieux qui s’effondrent. Entre Toto Bissainthe (Haïti), Daniel Waro (La Réunion) et les fanfares de Carlo Jones (Surinam), l’accordéon de Maria Kalaniemi, les tziganes sauce Bregovic ou Taraf de Haïdoucs, bien des espaces révèlent le bonheur que la musique, les chants, les danses entretiennent, partout. A écouter cet album, qui évoque quelque part la fugue musicale de l’Homme devant la réalité vindicative et nihiliste du Nain qui se prend pour Dieu (mais ils sont plusieurs à se disputer la place, y compris Dieu dit Allah dit Yaveh), le Nain sourd faudrait-il dire, mais le dire c’est encore se taire à ses oreilles qui n’entendent pas les canons résonner ni les crimes, juste un sifflet de voix dans sa gueule ouverte, voix d’ors et de pouvoirs à lui seul conférés. L’égoïsme est la plus belle et banale mort que chacun se sait attendre, pourvu qu’un trône lui soit offert. Bon, ne nous énervons pas !

Voici quelques jours on apprenait la mort du grand griot Kassé Mady Diabaté, « la voix d’or du Mali », quand, à Paris, un autre malien sauvait un enfant suspendu à un balcon, au quatrième étage d’un immeuble (Mamoudou Gassama). Dans six mois, personne ne s’en souviendra. Et sa galère reprendra, comme celle des autres

Hier, sur ARTE, un film russe : « les nuits blanches du facteur ». Beau film, simple, tourné au nord de la Russie (autant dire que ce n’est pas le Pérou). A un moment, le héros du film parle d’aller à Arkhangelsk (900 km depuis Moscou). Le nom me dit quelque chose. Effectivement, c’est le titre d’un album d’Eric Truffaz, un jazzman que j’aime bien beaucoup merci fermez la parenthèse. Le nom, exotique, me faisait penser à des républiques nouvelles, l’Azerbaïdjan, le Turkmenistan, le Kazakstan; le StanLaurelstan…

Extrait :

 

Pour aujourd’hui, le voyage s’achève ici. Cependant, le chœur des minous vous offre un petit miaulement de satisfaction :

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