il n’y aura plus de Pyrénées ! (Louis XIV avait raison)

 

Les béarnais, c’est bien connu, hormis accéder au trône de France, manquent d’ambition. Heureusement, leur magnanimité échotière transforme la montagne en papiers fripons et, pour qui peut capter les signaux électromagnétiques des conversations en haut lieu, un avenir radieux se dessine, à l’horizontale.

Quand on a la chance de vivre dans un appartement orienté Nord-Sud, avec vue sur l’Ossau d’un côté et vue sur la tour Eiffel de l’autre, on ne peut qu’avoir de grandioses ambitions, même si l’on manque de diplômes et de jugeote; mais cela se délègue. Ajoutez un individu à la physionomie malingre, de petite taille, possédant un certain penchant pour la mégalomanie et vous aurez en mains les éléments essentiels à la réalisation de ce projet qui me tient tant à cœur.

Apte à capter les échanges radio-électriques entre la tour Eiffel, le pic du Midi de Bigorre, et toutes les interconnexions entre la place Beauvau, l’avenue Matignon, le pavillon de l’ange Gabriel et l’oreillette du ministre des Affaires Etrangères, il m’est apparu essentiel de trouver le moyen de pouvoir franchir les Pyrénées de façon simple et radicale. L’opposition grandissante liée au percement de tunnels sous les Pyrénées des montagnards, des culs terreux et des oubliés du piémont, grossie par des milliers de vaches affamées, de moutons en quête de pâturages au soleil et de patous pris par erreur pour des saint Bernard (ceux-ci ayant la triste réputation de vider les fiasques de rhum censées sauver l’alpiniste en déroute), vient de faire jaillir l’idée souveraine pour régler le problème: taillons la montagne, ouvrons des brèches, fendons la pachamama, mais pas n’importe comment.

Une percée dans le genre canal de Corinthe, sans les raisins qui sèchent sur les toits en terrasse des maisons (mais l’on peut également s’inspirer des rizières en espalier d’ Asie, des vignobles de Porto, sans en faire des copies conformes). Selon le Geraldo de Zaragoza (dont l’antenne est située sur le dôme de la cathédrale du Pilar), les autorités aragonaises auraient déjà attaqué les travaux d’étude de faisabilité. Les voici, résumés:

Prenant pour bases les vallées existantes inter-frontalières (Aspe et Ossau), il sera taillé un sillon de cent mètres de large permettant le passage d’une ligne ferroviaire, d’une autoroute, d’un canal pour le transport fluvial, d’une piste cyclable et d’un cheminement piétonnier accessible aux handicapés, avec une pente maximale de trois pour cent (base de calcul ré-actualisable selon l’indice du coût de la vie), le tout bordé de deux rangées d’arbres, l’une constituée de palmiers français l’autre d’oliviers espagnols. Vu la densité du matériau à traiter, les parois pourront être taillées à la verticale, les zones de potentiels évasements seront délimitées en terrasses pouvant accueillir une infrastructure hôtelière haut de gamme, des bassins de radoub, des aires de pique-nique, des garages (carrosserie, mécanique), des jardins botaniques suspendus, un zoo (ours, marmottes, aigles, vautours), une école, une crèche, un casino et quelques boîtes de nuit disséminées dans les alpages, ainsi qu’une usine de fabrication de lait en poudre destiné au quart monde.

L’altimétrie du projet évoluera entre deux cents et deux cent cinquante mètres par rapport au niveau de la mer, notamment pour faciliter l’accès des péniches venues de toute la France afin de livrer fruits légumes viande porcine et or en barres dans les plus brefs délais, avec systèmes d’écluses entre Rébénacq et Laruns (France), Santa Eulalia de Gallego et Ardisa (Espagne), avec dispaching sur Teruel et Pampelune (pour les agrumes, la paëlla et le gazpacho, et également l’or en barres -de Tolède-, coté exportations espagnoles). La ligne ferroviaire à grande vitesse partira de Pau (gare actuelle) et se terminera estacion central de Zaragoza (gare actuelle), avec buffet gratuit en fin de parcours pour les abonnés. L’autoroute ira où elle voudra, pourvu qu’elle rentre dans le schéma directeur des travaux. Les pistes cyclables intégreront des creux et des bosses et les cheminements piétonniers seront accessibles aux chiens tenus en laisse. Un système de surveillance sera mis en place des deux côtés de la frontière, afin de contrôler la contrebande et le piratage, ainsi que les excès de zèle des itinérants polyglottes. Pour les détails, se référer à la notice, distribuée sur demande contre remise d’un chèque de un euro à envoyer au Petit Karouge Illustré, libellé au nom d’AK Pô.

Ce projet devrait voir le jour quand votre humble interlocuteur aura fait fortune. En attendant, à votre bon cœur.

AK Pô

17 10 09

9 commentaires sur “il n’y aura plus de Pyrénées ! (Louis XIV avait raison)

  1. « et les cheminements piétonniers seront accessibles aux chiens tenus en laisse »et alors , j’espère bien ! ce ne sont pas les chiens,ni les loups ni les ours qui vont détruire nos belles Pyrénées ! quant aux pistes cyclables,il faudra avoir les mollets d’un Induraîn pour y faire les malins !

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    • les mollets d’un Indurain ou des vélos électriques! Quant aux chiens, l’hiver, ils auront pour fonction de servir de remonte-pentes, avec une bonne gamelle aux petits légumes à l’appui à chaque course (en traîneau).

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