(Mes) guerres picrocholines

Les grands conflits actuels nous dépassent tant ils sont nombreux et meurtriers ; Syrie, Libye, Inde, Haut-Karabakh, Yémen etc. L’Europe reste discrète et tente d’agir diplomatiquement. Mais le climat s’échauffe également sur le vieux continent. De quoi faire de mauvais rêves…

La nuit, bien calfeutré dans mon lit, je fais des rêves épouvantables. Les suisses veulent annexer le Liechtenstein mais se heurtent aux autrichiens, les combats sont rudes pour gagner un territoire d’une telle ampleur diplomatique. On ne compte plus les morts. Les troupes austro-hongroises, menées par les généraux Victor Orban et Sebastian Kruz entourent Vaduz, créant dans la citadelle un début de famine. Cependant, c’est sans compter sur le preux chevalier Stéphane Bern et son fidèle ménestrel Stephan Eicher qui, alors qu’ils déjeunent en paix, voient les flammes qui s ‘élèvent au-dessus de Vaduz. « Il faut sauver Vaduz ! S’exclame le preux chevalier, et ensemble ils partent au combat sous l’air du tradéridéra.

Maintenant, c’est le Luxembourg que français, allemands et suisses tentent également d’annexer. Casques prussiens, bonnets phrygiens et grenadiers de Genève s’étripent joyeusement, les chants guerriers résonnent dans les plaines et sur les monts (« Luxembourg de mes amours/viens vite chérie voir ton banquier/ j’suis à la bourre ma cour décompte/le feu m’appelle ô Luxembourg bien aimé).

Conflit également en Italie où le Vatican revendique la république de San Marino, qui lui ouvrirait un accès sur l’Adriatique, et dont les relations ancestrales sont cataloguées dans de très anciens bréviaires de l’an VII avant JC. Mais comment ne pas évoquer le Pearl Harbour de Monaco, dont on apprend à l’instant que plus de cent yachts de grand luxe viennent d’être coulés et une autre centaine prise d’assaut par des réfugiés niçois et italiens.

Impossible d’aborder le schisme entre les deux princes qui régentent la principauté d’Andorre : l’un français, l’autre espagnol. Pas d’aéroport ici, mais du free tax sur tous les rayonnages. Tout y passe, alcools, cigarettes, produits divers et variés. En prendre le contrôle, bien que les douanes y soient omniprésentes, serait regonfler un PIB national en berne.

Le monde est fou, Picrochole !

07 10 2020

AK

Les guerres picrocholines constituent la seconde moitié du roman et sont un prétexte de plus pour Rabelais pour mettre en pratique les acquis de la pensée humaniste.

En effet, cette guerre oppose deux camps : les hommes de Grandgousier et les gens de Picrochole, un seigneur voisin. Cette bataille a pour point de départ une absurdité, un élément mineur qui dégénère tout au long des chapitres (d’où l’expression guerre picrocholine pour désigner une affaire qui fait grand bruit, partie de peu de choses). En effet, alors que les fouaciers de Picrochole rencontrent les paysans du fief de Grandgousier, ceux-ci proposent de leur acheter quelques-unes de leurs belles fouaces, dorées et moelleuses. Les fouaciers refusent et s’ensuit une bagarre qui aboutit à une déclaration de guerre par Picrochole à Grandgousier.

7 commentaires sur “(Mes) guerres picrocholines

  1. Bien vu ces grandes guerres entre petites nations.
    Mais elles ont déjà eu lieu il y a quelques siècles, ce qui définit nos frontières actuelles. Il faut espérer que tes rêves ne se réalisent pas. Mais en cette période où chaque nation se fait entendre et veille sur ses frontières, il pourrait y avoir de la poudre à canon dans l’air.

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  2. J’aime bien ta chanson sur le Luxembourg :
    (« Luxembourg de mes amours/viens vite chérie voir ton banquier/ j’suis à la bourre ma cour décompte/le feu m’appelle ô Luxembourg bien aimé).
    (P.S. j’aime bien aussi tout le reste de ton texte, illustre Karouge !)

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    • Trouve la mélodie et chante-la a cappella dans ton bain ! (mais les rimes ne sont pas parfaites et tu risques de te faire enguirlander par ta femme!).
      Bonne journée Maëstro!

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