https://fr.wikipedia.org/wiki/Maria_Kalaniemi
Maria, prends ton accordéon, je voudrais tant être
Cet acrobate que de tes doigts
Si fins de finnoise
Tu laisses filer sur l’horizon
Maria, du désert blanc la vie des ours, ma renne
Aux chapelets d’ivoire de ton accordéon
Laisse fuser l’histoire
D’un pauvre lion des neiges
Qu’aucun amour, si bien,
Ne fait danser.
Mais d’imposture
de lenteurs
sans vertu
A ton rythme, s’évertue.
Frimas de tes doigts sur sa peau
Dense
Fais danser l’ours à ton pas
Finnois
Juste, juste
D’un claquement de doigts,
Fais danser l’ours
Le réveil est pénible
Il fait peine au travailleur
Le jour aussi se lève
Sur le ventre
Fatigué des hommes
Pose
Petit matin
Un baiser frais
Sur leur ventre en retrait
Pose tes chaudes lèvres
Loin des oreillers
Flemme si délicieuse
Qu’on ne peut
Qu’embrasser
Au son de l’accordéon de
Maria Kalaniemi
Demain je monterai
M’excuser
Poser au pied de ce soleil
Qui me nourrit
La lumière.
Je m’excuserai
De n’avoir rien trahi
Mais de cette ombre
Qui parfois me suit
Je livrerai le fruit.
Le soleil, demain,
Convoquera à l’aube
L’Assemblée des anges
Pour me juger.
Est-il apte
A aimer?
Nuage ou éclaircie
Aimes-tu cet homme de peu?
Soleil et pluie toujours
Partagent l’horizon
Nous jugerons, nous,
L’Assemblée des anges.
Demain je monterai
Sans excuse
Poser au pied de ce soleil
La vérité des hommes
Qui nourrissent les pierres
D’amours légendaires.
AK
11 06 2011
L’espion
« -Qui nous écoute à la fenêtre ?
Il pleut des ronces dans l’arc-en-ciel du caniveau
Penche toi dans la nuit noire de bitume
On nous espionne, cela est sûr !
Ce silence suspect recueille nos sens échauffés
Montre dans la nuit tes seins d’échauffourées
Qui nous regarde de la rue ?
Personne promène son chien, non c’est caniche
Qui emmène sa maison, enfin, il nous épie, le triste,
Tremblant de quatre vingts dents blanches,
Montre lui l’heure des fenêtres éteintes
Et les roses bonbon de ta poitrine sainte ! »
« -Mon chéri, c’est un ange qui passe
Dans la gouttière
Et cherche en vain un pousse-rapière
Pour étancher sa soif. »
02 01 1981
AK
(ah, ma bonne dame, mon bon monsieur, il y a quarante ans j’avions pas le dirnateur, alors j’écrivions à la main des conneries par paquets!)
DE LA FAUSSE REALITE DES REVES (fantaisie)
Le sable est rempli de grains de sommeil
Piquants, blonds et gorgés de soleil
Que le marchand évente, ne laissant pour uniques traces
Que l’ombre du doute et le miroir qui lui font face.
Quand les rêves abandonnent les hommes, il ne leur reste qu’une issue: le génie. Qu’est-ce qu’un rêve, sinon un abandon de soi? une mouche est plus réelle qu’ un cocher ramenant sa princesse ivre morte dans son carrosse de luxe. Le rêve brille par son absence quand le pauvre frotte les cuivres de la duchesse, et pourtant de la lampe à huile ne surgit pas le génie attendu au rythme des massages lascifs du chiffon caressant, ni des lessives fraîchement exposées aux vents coulis de l’Été, non. La mouche éperonne le sein droit de la comtesse comateuse et le cocher fouette son attelage tout en la regardant, ébahi, subjugué par tant de beauté délétère et céleste, avachie et hoquetante dans le chemin creux qui les ramène au château après une nuit orgiaque. Non. Le génie ne se dérobe pas, ne se cache point au fond des bouteilles vides qui roulent sous le siège, au risque de s’enivrer lui-même d’un tel charivari. Il regarde le rêve s’enfuir dans les yeux de l’archiduchesse et du cocher, dans les globes prismatiques de la mouche de strass collée sur le buste qui flageole, gonfle et retourne cahin-caha à sa petite existence de grande dame fatiguée par les excès, les jugements à l’emporte-pièce, la rivalité amoureuse, cette noble concurrence du néant élevée en plaisir, ces bagues devenues dagues.
Au petit matin, le génie cherche l’homme qui ramasse les rêves. Il le cherche partout, le trouve nulle part. L’homme est parti vider sa besace dans le bas d’un talus. Il trie les débris du rêve: les morceaux de sommeil, les éclats de soleil, les mots écrits, chantés, imaginés, les musiques du corps évanescent qui s’abandonne de bon cœur, les nanogrammes de bonheur dans le reflet des yeux que l’on regarde encore, même clos. L’homme scrute. Ses mains, habituées au toucher, contiennent dans leurs paumes des vies écartelées, des lignes et des cals dont les jours prolongent l’errance, vies qu’il s’ingénie à recoller de ces rêves brisés, morceaux infimes d’une absence infinie. Mais il n’y parvient pas. Parfaitement impossible, bêtement idéaliste. On ne reconstruit pas la vie antérieure, on cimente les rêves pour ne pas abandonner, abandonner le génie issu de nos propres gestes manqués, le génie qui croyait toucher l’âme en habitant le corps. Mais la marquise l’a rendue, son âme, ce matin-là, dans un bois qui jouxtait le château, quand le cocher percuta le plus beau matin du monde, celui des illusions perdues.
AK Pô
20 05 09
Un tantinet d’exotisme, à fond les manettes…
Octavio, pourquoi n’as-tu rien dit? Tu sais bien que ta mère va s’inquiéter, peut-être même appeler la police, contacter la presse, alerter les médias. Non, Octavio, ce n’est pas sérieux. Tu es jeune, écervelé, beau garçon, tes parents sont riches, qu’est-ce qui n’allait pas dans ta tête pour décider soudain d’agir ainsi, pour prendre le premier autobus venu, traverser la ville, descendre à Winnipeg, marcher trois jours durant puis voler un camion, Octavio; des camions il y en avait plein chez toi, dans ta gigantesque chambre, camions de pompiers hurlants, semi-remorques, grumiers, que sais-je encore, certains aussi vastes que ton petit monde de grand gamin. Bien sûr, ton père, avec ses mauvaises habitudes, te faisait conduire tout gosse la berline en te plaçant sur ses genoux et toi, tenant le volant, tu ne rêvais qu’au moment où tu pourrais accélérer avec tes propres pieds, on le lisait dans tes yeux, ce désir de foncer, foncer droit devant. Mais aujourd’hui, te rends-tu compte, vingt six chiens et chats, deux caribous scotchés aux pare-chocs tu déboules à toute berzingue, tu exploses le portail avec ton gros bahut, tu martèles la porte avec une clé à mollette et, quand j’ouvre, tu m’embrasses, me déshabilles du regard et me caresses avec langueur, Octavio, comment veux-tu que je résiste, comment veux-tu que je puisse même en avoir l’idée, alors que je t’attends depuis cinq jours dans ce cottage vermoulu, en tricotant, en comptant les billets de la Yellow Bank de Denver que nous avons braqué ensemble la semaine dernière et depuis, rien, pas le moindre signe de vie, Octavio, tu saisis mon inquiétude, tu comprends que ta mère n’est pas la seule à se faire du souci, mais qu’elle, contrairement à moi, n’a plus dix sept ans, est pleine aux as, et vit dans l’angoisse des fluctuations du Dow Jones, que le moindre incident peut la conduire en réanimation. Vraiment, Octavio, ne me dis pas qu’un simple coup de fil à donner était un geste impossible, que ta mémoire défaillante ne parvenait pas à recomposer le numéro, ne me dis pas que ce camion c’était l’enfer à conduire et qu’il accaparait toute ton attention, toute ton énergie d’ennemi public. La vie n’est pas un film, Octavio, tu es coriace, écervelé, beau garçon, mais ma patience a des limites, moi aussi j’ai une vie, moi aussi j’ai des envies. Mais… mais non, ne pleure pas, ne pleure pas, Octavinho, je suis là, regarde, en face de toi, frémissante de désir, mais oui, mon chéri, je vais l’appeler, ta mère, va te coucher, je te rejoins.
AK Pô
08 05 09
Depuis que je ne peux plus prendre l’avion (car il n’y en a pas)
Pour soutenir mon pantalon j’ai deux paires de bretelles
Ça me donne parfois l’illusion de voguer dans les airs
Comme un ballon des îles de la Sonde, je scrute la météo
Gonfle de pets mon ventre rond et à l’heure du départ
Engouffre les pâtisseries du repas du dimanche
Et oui, je traverse la Manche, tendant mes câbles
Sur la charité des miséreux et les folies d’Elon Musk
Je quitte une planète qui n’a plus besoin d’ailes
Pour se voler dans les plumes un vaccin universel
Je laboure les nuages sans les stries des avions
Ça me donne parfois des flatulences boursicotières
Rappelant cette vie que nous avions avant hier
Et cette météo d’après guerre qui parlait de beaux jours
Pâtisseries verbales et messes dominicales
Cette même météo qui aujourd’hui consulte un peuple d’idiots
Pour savoir à quel jeu de loto présidentiel ils gagneront
L’avion qui les emportera sur Mars , leur fera gagner
Cent cinquante mille euros en cliquant sur leur phone
Qui pourront engouffrer toutes les pâtisseries du dimanche
Et nourrir de pets foireux leurs voitures hybrides diesel et OGM
Dans mon jet privé je les entends venir, ces nantis misérables
Que jamais un vaccin ne guérira de la connerie, des guerres
Des conflits, de la faim, si ce ne sont mes pétarades,et le divin
Claquement de mes bretelles sur mon ventre ubuesque.
10 04 2021
AK
(un direct live prout)
Poème tiré du site : https://www.poemes.co/jean-baptiste-clement.html
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblant.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tous sanglants.
(Refrain)
Oui mais!
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare! à la revanche,
Quand tous les pauvres s’y mettront.
Quand tous les pauvres s’y mettront.
es journaux de l’ex-préfecture,
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par l’aventure,
Les complaisants, les décorés
Gens de Bourse et de coin de rues,
Amants de filles au rebut,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus.
(au Refrain)
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ceux qu’on ramasse au hasard.
La mère à côté de sa fille,
L’enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges,
Valets de rois et d’empereurs.
(au Refrain)
Vous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance
Et Saint Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.
(au Refrain)
Demain les manons, les lorettes
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tambours
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans,
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.
(au Refrain)
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
(au Refrain)
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé?
Jusque à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé?
Jusque à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail.
Jean Baptiste Clément
Sur l’auteur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baptiste_Cl%C3%A9ment
Bonjour Monsieur je suis très fatiguée. Moi aussi Madame. Je suis fatiguée de vivre cette vie. Moi aussi Madame. Je voudrais vivre une autre vie. Moi aussi Madame. Alors comment faire ? Eh bien dormons déjà dans le même lit. Le mien est tout petit. Le mien aussi Madame. Alors couchons par terre, Monsieur, l’herbe pousse et les arbres fleurissent. Mon arbre est plein de branches mortes, Madame. Je saurai leur rendre vie avec quelques coups de fouet printanier, ainsi ma fatigue sera saine et vous en pleine santé, Monsieur. C’est un beau projet, Madame, puis-je ôter ma chemise pour ne pas la froisser ? Faites, mon ami, faites, et laissez-vous aller sous mes coups de baguette fustiger cette braguette close qui ne demande qu’à s’épanouir. Madame, c’est avec grande joie qu’en quelques tours de reins je vous rendrai vos aimables petits coups de riens. La baguette, dit-on, est comme le bon pain, elle rend l’amie aimante et les vieux croûtons croquants avant de n’être plus que chapelure quand la vie part en miettes. Mais cessons de parler, Monsieur, activons-nous plutôt à mettre de la joie avant qu’elle ne nous mette à plat sur ce lit si petit, l’herbe pousse trop vite, et la rosée prospère attise mon arthrose. Madame, je cueillerai en vous les dernières roses qui colorent vos joues. Allons, assez bavardé Monsieur, l’heure est venue de faire joujou ! Et il ne sera pas dit, Madame, que les seuls craquements viendront de nos genoux, le lit à baldaquin lui aussi couinera !
Ce qui fut dit fut fait, puis les deux amoureux montèrent dans la fusée et rejoignirent le ciel bleu du septième étage de la tour Maubeuge, dans la banlieue de Charleroi.
05 04 2021
AK
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