Remington Palace, la vie au bout des doigts

Je n’ai jamais compris pourquoi j’écrivais assis, alors que les pires peurs se situent debout, quand le courage et l’effroi se font face et menacent les idées et les incompréhensions des uns et des autres. Il suffit de quelques balles, d’une mâchette ou d’un couteau pour rendre vulnérable et ridicule l’existence. Qui est le mort, que reste-t’il du vivant ?

J’étais assis, je tapais sur ma vieille Remington une lettre à ma mère. Je me souviens de mes doigts qui pianotaient sur le clavier, de la musique du tac taca tac et de mes mots qui lui disaient « tiens bon, un jour cela sera fini » et ils sont rentrés, ils n’avaient pas la force de se distinguer les uns des autres, ils étaient là , cagoulés, pour tuer, comme vous savez.

Soudain, un des types a fait un geste, un mouvement de bras que je ne connaissais pas . Ils ont baissé leurs armes et j’ai compris ce que disait ce geste . Laissez tomber, ce type écrit notre histoire avec sa vieille machine. Nous aurons besoin de lui, quand la guerre sera finie, pour écrire à nos mères. Il ne restera plus de fils, plus de téléphones arabes plus rien que le fléau de la guerre, juste la mort le blanc d’une feuille, et l’encre ensanglantée des rubans sur sa machine. Alors, laissons-le. Son heure viendra quand notre honneur se réduira dans la poudre des massacres. Ils sont sortis.

Je n’ai jamais compris pourquoi, depuis, je devais m’asseoir pour t ‘écrire cette histoire. Ils ne devaient pas être d’accord, entre eux ? Alors, en sortant de la pièce, ils ont tiré quelques salves avec leurs kalachnikofs, et ont anéanti mes jambes. Le type qui avait fait un geste était déjà dehors il n’a rien vu. A-t’il simplement entendu le bruit des balles qui brisaient mes jambes, ou simplement le tac tacat tac de ma machine à écrire, cette vieille Remington achetée à prix d’or pour écrire mon histoire ?

Je me suis conformé à leurs actes, j’étais soumis et en même temps j’ai perçu ma liberté car j’étais là, sans me cacher. D’autres balles se sont logées dans les murs, éclaboussant le plâtre, les tableaux que j’avais peints, vingt ans avant, avant que cet instant ne fracasse mon passé. J’ai survécu à mes blessures car je n’avais plus le choix. Quand on choisi son camp, on en sort toujours mutilé ou mort. Pour survivre, pas de prières, juste que la guerre finisse. Pourquoi écrire ainsi, je n’ai que si peu connu la paix. Peut-être n’existe-t’il pas sur Terre un endroit où vivre est un possible, en attendant des jours meilleurs ?

Il n’y aura pas de jours meilleurs, juste des vies à ne pas éteindre. Dans les mégapoles arrosées d’illusions. Alors, et seulement là, je t’écrirai le poème, celui que tu liras dans la nuit, avant que les étoiles, tu sais, avant que les étoiles quittent nos yeux. Toi et moi. Tu y crois, toi ?

« Attends, Papa Bambi, je vais chez Maman Bounga consulter papa Sango « 

– »Tu rentres demain ? Ton frère tape sur la Remington. Un vrai fou, je dis !

-Ne t’inquiètes pas, Nonna, il écrit notre histoire avec des feuilles mortes qui passeront les affres du temps ! »

(Parce que tout le monde aimait Nonna. Entérrée ce jour, à Saint Nicolas, Belgique).

AK 11/04/2018

Ptcq

Les grands oubliés de la petite Histoire : Mouna Aguigui

Mouna Aguigui (1911-1999), de son vrai nom André Dupont, fut une figure incontournable  des années 70 à 90. Une vie pas forcément très drôle mais qui a fait de lui un individu sympathique, loufoque,  militant, pacifiste, bref vivant avec son temps.

L’ article de Wikipédia  résume sa biographie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aguigui_Mouna

Une citation prise au hasard (bas de page Wiki) : »Battons-nous à coups d’éclats de rire ».

Une longue interview à voir sur you tube.

En résumé : https://www.youtube.com/watch?v=wODjvAvf1cw

une nouvelle grève dont personne ne parle ! les ratons-laveurs.

La Presse n’a fait que très peu écho à un mouvement qui se révèle d’une plus grande ampleur que prévue : las d’être pris pour des serpillières, les ratons-laveurs se révoltent, ainsi que l’on peut le vérifier dans ce lien (mais pensez à enlever vos lacets de chaussures avant de l’ouvrir) :

http://www.sudouest.fr/2018/04/06/de-mysterieux-ratons-laveurs-zombies-effraient-les-habitants-de-l-ohio-4350189-4776.php

Historiquement, pour l’avoir vérifié, je savais que les écureuils d’Hyde Park, à Londres, n’hésitaient pas à assaillir les pantalons des habitants, surtout ceux des hommes, et l’on a cru, à l’époque, que la pénurie de noisettes les faisait agir ainsi. Mais les ratons-laveurs ? Jacques Prévert en a parlé, dans le bordel ambiant, certes, mais cela, à l’époque, n’ajoutait qu’à un monde une forme de salubrité foutraque et pourtant porteuse de tous les espoirs d’après-guerre.

Il ne semble pas, pour ceux qui osent ouvrir le lien ci-dessus mentionné et tendu au bout d’une baguette, qu’il en soit de même de nos jours. Pour tout dire, les animaux en ont marre ! marre de nos conneries, de nos massacres, de notre manque de naturalité, etc. L’ homme (le pygmée urbain) lutte contre la pollution, la déforestation, l’anéantissement de ce qui lui permet de survivre, alors que les ratons-laveurs n’ont plus d’autres choix que les supermarchés pour acheter les produits nécessaires et toxiques aux grands nettoyages, qu’ils feront payer aux humains par des caresses pleines de produits encore plus mortels (la Confiance et la Séduction du Prix Bas).

L’Homme est au rail ce que la grève est au nez : l’appendice nasal d’un manque (aspiration et circulation cérébrale térébrante)  Les suricates l’ont bien compris, dans les déserts où peu s’offre à leur survie, les ratons-laveurs en ont marre de tous ces produits toxiques pour blanchir les draps de nuits blanches humainement orgiaques (avec un verre de lait à dix heures dans les blanchisseries pour désintoxiquer les ouvriers, c’est vrai, jadis à Paris, je l’ai vécu-).  Alors, se demande l’Homme bien installé dans son fauteuil? A qui la faute?

Oh!, c’est certainement au paillasson, chéri, celui que tu as écrasé en rentrant et ne pourra plus essuyer tes pieds. Un hérisson dormait dessus.

AK Pô

08 04 2018

Ptcq

Photo d’illustration : jeunes liègeoises (source Chinette)

 

Image : « A Nonna, la mère de Chinette, décédée vendredi dernier,  à Liège, quartier ancestral dit de l’ONU, et à ses enfants »

Salut, grand Jacques !

hommage à Jacques Higelin, décédé ce jour à 77 ans (limite d’âge pour nous, auditeurs, qui devront faire tintin désormais)

 

Un petit coup de pinceau printanier : Van Dongen

Notre lointaine province (celle de Chinette et Chinou) n’offre que très rarement de vraies expos, avec de grands artistes. Pour se consoler, de temps à autre, on ouvre un catalogue oublié dans les rayonnages. Les livres d’Art, si précieux, sont souvent relégués dans des étagères où ne furètent ni gamins ni chats, et que l’on finit par oublier, préférant reprendre un roman ou un livre plus léger (en poids et non en sujet traité).  Il y avait longtemps que je voulais partager  quelques images d’un peintre que j’ai beaucoup apprécié au Musée d’Art Moderne parisien, en 2011. Toutes les images présentées ici sont issues du catalogue de l’expo (scannées).

Quand on vit à 800 kilomètres de Paris il faut bien trouver son plaisir quelque part.

Concernant Van Dongen, artiste hollandais (1877 Delfshaven, faubourg de Rotterdam-1968, Monaco), le plus simple est de reprendre un extrait du texte de présentation qu’en fît Bertrand Delanoë, alors maire de Paris :

« …Kees Van Dongen est d’abord influencé par le milieu artistique du théâtre, du spectacle populaire du cirque et par la fête parisienne dont Toulouse-Lautrec est le plus représentatif, ainsi que par l’avant-gardisme de son voisin et ami Picasso. Puis, figure de l’avant-garde dans laquelle il occupe une place originale, il devien un Fauve « mondain » teinté d’anarchisme. Le passage par le fauvisme contribuera au développement de son art.

De tous les sujets, ce sont les femmes qui dominent son œuvre, des « lutteuses » de Tabarin aux dames du monde fardées et aux starlettes à l’ingénuité impudique. Son art du portrait, dont la forme garde les stigmates d’une modernité audacieuse, provocante et impertinente, en fait un brillant peintre mondain, en vogue dans ce Paris des années folles. C’est une part de l’esprit de Paris qui s’exprime ici.

Bertrand Delanoé »

L’homme, l’arbre et l’étrange bête (qu’on appelait le Bonheur)

Il voulait rire de tout mais ne se moquer de personne

Et quand ils l’ont pendu seul l’arbre a cédé une branche

Qui est tombée sur le magistrat, le militaire et le prêcheur

Assemblés au pied de ce vieil arbre qui apportait l’ombre

A tout le village, les fruits et les fêtes de toutes les fins de guerres

La branche a pris son temps sous le poids de l’homme

analysant les faits qui lui étaient reprochés . Le peuple était muet,

les femmes sanglotaient de cette même sève de l’arbre qui peu à peu cédait

au jugement des notables et ce fut un grand rire qui délivra

cet homme suspendu, qui n’était que poète, un charlatan de l’âme,

et l’on parla de lui comme il se dit de la pluie et du beau temps

qu’il faut vivre ainsi, une corde tendue sur l’horizon des larmes

il faut rire de tout mais ne se moquer de personne

car le temps emporte tout ce que les arbres mémorisent

et ainsi l’on pendit tous les notables de la ville, plus tard,

à l’arbre majestueux qui ne cèda jamais la vérité des faits

aux branches à chaque printemps renouvelées, qui poussaient

d’une année l’autre, ne racontant par leurs silences que les bras morts

D’où coulaient jadis la sève festive et ruisselante des amours

sur toutes les places du petit pays où il régnait, riant de tout

sans se moquer de personne ; mais il n’y avait plus d’hommes

à abriter à l’ombre de son feuillage. Tous pendaient, maigres, nus, infects.

01 04 18

AK Pô

Ptcq

https://www.youtube.com/watch?v=bBPmJp20g4Y

Réflexion nocturne

Comment le Doute vient-il à l’Homme ?

Un exemple qui fait preuve, et ne date que de quelques heures (un scoop internautique).

Comme il n’y avait que des conneries à la télé, j’ai pensé : je vais faire de l’humour, pour me distraire, et donner à penser aux extra-lucides égotistes (notamment ceux qui hantent les forums déserts dès l’aube, commentent eux-mêmes leurs propres articles en se pavanant sur l’avenue des Newsletters, écrivent avec leurs ciseaux et décapitent les contradicteurs, ces lurons joyeux de la liberté d’expression).

Sur la table, hélas, il n’y a que mes couverts, une assiette et un camembert. Décision rapide : je vais mettre ce camembert en boîte. (à Paname, ils nomment ça l’humour rustique aux saveurs du terroir, quand nous, êtres déprimés de vivre en petite province, nommons cela par son fait : patrimoine à pâte molle et croûte fleurie des  campagnes, malgré la fuite des camemberts à l’Etranger sous couvert de taxations abusives, mais c’est une autre fabulette.

Bref, j’attire mon calendos avec une tranche de pain (beurrée comme un normand de Vimoutiers), il arrive, je le sens, le respire, le piège est parfait. Soudain, lucide du danger qu’il court, (et que sans doute il fait courir à toute une société d’hommes, de femmes, d’enfants, de couvées et de veaux mal allaités), le camembert doute. Instant terrible, tant pour lui que pour l’homme qui prophétise la découpe d’une belle tranche de rire, couteau en main, riant en sourdine de sa cruauté cannibale.

A mon tour, je doute : si je retourne au menu à la carte, est-il possible d’avoir, à la place du camembert, une île flottante, le compte-rendu d’un débriefing d’intellos russophiles, un verre de Schlichte, une limace à croquer, une plume de pivert pour orner mon Stetson ?

Le camembert me regarde. Il a l’oeil d’un prophète qui ne ferait jamais la fête, un peu comme moi, ce soir, face à lui. Non que sa présence me soit désagréable, non.

Mais qu’est-ce qu’il pue !

AK Pô

(écrit en janvier 2013)

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photo : ma copine, entre Aubisque et col du Soulor

Scoop : le satellite chinois Tiangong-1 (天工) est tombé tout près de mon jardin!

Les gentils lecteurs de ce site me connaissent et de ce fait savent que je passe mon temps à leur raconter des bobards. Ce matin, et dieu sait que l’on en a parlé dans les Médias, un satellite chinois qui menaçait de s’écraser sur la Terre, sans que l’on connaisse l’endroit où il impacterait le sol, ou l’océan, ou quelque belle maman comme disait mon père quand il était lui-même pièce rapportée d’une famille tsariste qui ne supportait pas ce roturier menchevik, époux d’une noble jeune femme issue de la grande famille locale ( de la dynastie des grands bourgeois d’AltPy, une descendance mirlitonne qui entretînt plus tard les guérillas poujadistes), ce satellite est tombé : là.

Bref, ce matin, dans le champ (de maïs) de deux hectares qui entoure mon jardin, une fumée étrange s’élevait du sol. J’ai appelé les chats de la maison et nous nous sommes rendus ensemble, à la queue leu leu, sur les lieux : un trou de cinquante centimètres de profondeur sur deux mètres de diamètre nous offrit alors un spectacle peu commun : nous avions face à nous (bien qu’étant penchés) la boîte noire du fameux satellite (un logo Republic of China ornait la boîte). Le reste de la machine s’était certainement disloqué dans l’espace, ou avait fondu dans la grande poubelle sidérale, qui doit être bien supérieure en volume et énergie (E=MC²) en comparaison des quelques continents de déchets plastiques qui dérivent et asphyxient les océans, les poissons et les ichtyophages qui les dévorent.

Nous étions tous au courant de l’affaire qui, présentement, s’offrait à nos yeux. Quand je dis « tous », je parle de Chinette, de moi, et des chats qui roupillaient sur les chaises et sur le vaisselier, alors que la radio ne cessait de lancer des appels à une vigilance extrême, enjoignant les humains à se coiffer de tout ce qui pourrait les sauvegarder d’un choc dû à la gravitation cosmique : une casserole, un entonnoir, une cocotte minute -même papillon-, voire un chapeau chinois ou un égouttoir à nouilles. Ce que chaque habitant de nos contrées possède en propre et transmet de génération en génération à ses enfants.

Les chats commencèrent à tourner autour du petit cratère, intrigués. Les oiseaux, perchés dans différents bosquets, se taisaient. C’est aujourd’hui dimanche de Pâques et ils s’espantent, hallucinés par la vision d’œufs de contrebande jonchant tous les jardinets des environs, dont ils ne sont pas les géniteurs ancestraux, ne touchent par celà aucune royaltie. Silence. Silence qui, sous la fine oreille des minous, et de la mienne, permit de déceler un bruit assez bizarre, issu de la boîte : un genre d’engueulade, mais dans un langage vernaculaire qui nous (les chats, les oiseaux et moi) était incompréhensible, bien que maintenant fort audible. Deux êtres venus de l’espace s’enguirlandaient. L’un répétait sans cesse King Jon Un, et l’autre Xi Li Ping. Grisette (la minette) traduisit en miaulant : « un dit je suis ton pote, l’autre dit tu as intérêt de l’être, Minus »

Nous sommes de bonne compagnie et n’aimons pas nous mêler des affaires des autres, surtout de celles des extra-terrestres. Qu’ils fassent le ménage entre eux. Mais soudain, dans le ciel, une escadrille estampillée US Air Force vînt pilonner le champ pour détruire la boîte noire et les deux abrutis enfermés dedans. Cela ne dura que quelques minutes, mais le champ fut miné d’assez de trous pour y planter un vaste verger, (à défaut d’en faire un terrain de golf ou d’assassiner un nègre en lui tirant dans le dos). Chinette était encore sur le perron, alors que la tempête s’achevait. J’étais planqué sous la table de la salle à manger quand elle m’interpella :

– »Chinou, maintenant que les trous sont faits, il est temps que tu plantes les arbres. Il nous faut avoir une bonne récolte de fruits l’an prochain ! »

Je crus lire dans le regard des chats comme des yeux bridés qui se moquaient de moi, mais avec une certaine abnégation je pris mes outils et retournai au champ. Le ciel s’était éclairci, le vent était tombé, la température avait remonté quelques degrés sur l’échelle de Celsius. La boîte noire était encore là, avec ses deux zigotos. Alors, je me suis bien calé dans le trou, et j’ai écouté la musique de leurs mots que je ne comprenais pas, mais qui était comme un chant d’oiseau perdu au milieu des œufs de Pâques.

AK Pô

31 03 2018

Ptcq

Tout sur Tiangong-1

…ou presque !

Comment pourrait-on ne pas se sentir libre face à ce paysage ?

photos prises sur une ligne de crête où Chinette et Chinou s’espantent et s’éblouïssent de lumières, de nuages diaphanes, de montagnes aux neiges virginales, aux piémonts encore déplumés, Comment ne pourrait-on se sentir autrement que libres, gais, vivants, devant un tel spectacle ? C’est la question du jour!

Mais comme on dit, le bonheur se partage :

(cliquer sur l’image pour une vue complète)

 

Un bout de Pau quand il fait beau : le quartier du Château

Petite virée dans le quartier « historique » de Pau (le château d’Henri IV), par grand beau temps, ce midi. De belles (?) images non retouchées!

Bonne balade !