les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
La Tzigane savait d’avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sortit l’Espérance
L’amour lourd comme un ours privé
Dansa debout quand nous voulûmes
Et l’oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Avé
On sait très bien que l’on se damne
Mais l’espoir d’aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
À ce qu’a prédit la tzigane
Guillaume Appolinaire
réf : https://www.eternels-eclairs.fr/biographie-guillaume-apollinaire.php
Plus un petit poème perso de Chinou :
L’enfant trottait joyeusement
Derrière lui son grand-père à petits pas
Ne cours pas si vite criait-il à l’enfant
Ou ta jeunesse s’en ira plus vite encore
Mais le gamin profitait de sa liberté
Pour écraser pâquerettes et chardons
Tant il aimait courir dans l’herbe sauvage
Et semer la vieillesse de son parent sénile.
Lorsque vînt la rivière le gosse s’arrêta.
Il lui fallait de l’aide, il était trop petit
Pour franchir ces eaux pour lui tumultueuses
Il attendit le vieux, grimpa sur ses épaules
Quand celui-ci arriva, légèrement fébrile.
Cette rivière, il l’avait traversée cent fois,
Portant sur son dos des sacs pleins d’espérances
Mais ce jour-là c’est le poids d’un enfant
Qu’il devait transporter dans la vaste rivière.
Arrimant le gamin sur ses larges épaules
Le vieux songea, comme pensent les hommes
Qu’un jour ou l’autre il faut bien que jeunesse
Passe et dans la rivière l’eau fraîche raviva
Les pieds de l’enfant qui se mit à battre l’eau
Comme on sépare le blé dans l’aire de battage
Le vieux glissa sur une pierre ronde enveloppée
De cette algue grise qui glisse sur le temps
Le souvenir des rivières limpides où nageaient
Les poissons et se baignaient d’autres enfants,
Eau fraîche des rivières, enfants insolents et poissons
La rive enfin fut atteinte et le gamin sauta, gai,
Se remit à courir et le grand-père, trempé,
Lui cria de nouveau: ne cours pas si vite
Ou ta jeunesse s’en ira plus vite encore !
26/07/2019
AK
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