les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Ce que je comprends du monde qui m’entoure
Ce sont ces bâtons de dynamite dont on orne les ceintures
De chaque individu qui descend l’escalier social
Marche après marche, loi après loi, urne avant bière.
Mourir n’est plus un jeu d’enfants, c’est la jeunesse du chômage
Je ne comprends plus que la vie que j’ai vécue mes enfants
En oublieront l’existence, ils me prendront pour un fantôme
Un locataire infesté de terremoti sociaux, un idiot
Qui a construit la vie en l’encerclant de chaînes et d’abrutis
Ce que je comprends du monde qui m’entoure
Ce sont ces cordes qui ne nous relient plus mais nous attachent
Des bâtons de dynamite autour du cou et de nos tailles
Comme des mannequins anorexiques les promesses d’un repas
Partagé par tous et partout étendus, loi après loi,
L’espoir de gosses qui dans leurs jeux d’enfants criaient pan, t’es mort !
Et nous voici nous tous qui sur le plancher des vaches
Subissons les garnisons de tueurs richissimes, bêtes de sommes
Récoltées sur la misère qui nourrissent un si petit nombre d’élus
Tristes mendiants voici ce que nous sommes devenus, êtres pendus
Au fil qui sépare la carotte du bâton, animaux serviles abattus
Dans le sang transparent de la misère, flaque invisible qui se répand
Le long des rues des campagnes dans le cri des corbeaux des hommes
Qui oublient qu’un autre monde existe mais il faut le bâtir
Alors pour le construire on vend des armes aux dictateurs
Et l’on donne des pioches et des pelles aux esclaves, un peu de pain
De l’eau et des coups de gourdin. Use ta vie à n’en jamais profiter
Mange la pitance que l’on ne te permet pas de produire, la chèvre
Et le bétail qui étaient ton art de vivre, tire un trait sur cela, œuvre
Pour le devenir de l’inhumanité, et tais-toi, la Terre a besoin de souffrance
Pour que ceux du dessus dansent et respirent loin des poubelles
L’espoir de gosses qui dans leurs jeux d’enfants criaient pan, t’es mort !
Ce que je comprends du monde qui m’entoure
C’est ce regard des espérances, le deuil de nous-mêmes
Qui n’osons rien par peur de tout retrouver un peu plus tard
Réduit en cendres par de nouveaux conflits. Ne rien faire,
Juste fleurir les tombes à la Toussaint dans les cimetières,
Avec nos chrysanthèmes et nos ceintures de dynamite.
AK
01 11 2019
PS : je suis parti pour écrire (spontanément) ce texte de ma colère quant à la réforme du chômage, dont il s’avère que ce sont majoritairement les plus « précaires » qui vont en subir les effets, et dans une très moindre mesure, les cadres (plus d’offres d’emplois sur le marché). Tant les jeunes diplômés ou pas, les intérimaires etc, qui ont du mal à survivre (surtout si la famille ne peut les aider). Quant aux démissionnaires censés créer leur propre entreprise pour être indemnisés, vu le parcours du combattant qui leur est proposé (commission pour valider leur projet etc). Le seul but, à mon humble avis, est de faire apparaître dans les colonnes des journaux une baisse substantielle du chômage ; travailler c’est bien, mais trouver du travail pérenne (au-delà de six mois) est une autre histoire. Je suis moi-même sorti du monde du travail depuis quelques petites années, et ce texte ne constitue qu’un aspect de mon pessimisme joyeux, car :
Ce que je comprends du monde qui m’entoure
Ce sont ces bâtons de dynamite dont on orne les ceintures
De chaque individu qui descend l’escalier social
Marche après marche, loi après loi, urne avant bière.
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