Témoignages d’oiseaux

Témoignages d’oiseaux.

Jamais je n’étais allé aussi loin dans la puissance, la réjouissance, le principe immortel des êtres vivants. Et comme un glas sonne à mes oreilles, j’entends: n’attendez rien! construisez une vie, semez dans les cœurs, les vagins, les anus, les étendues et les jours qui se lancent, bâtissent sans questions inutiles l’avenir des nourritures essentielles, n’attendez rien des autres. Sachez vous démarquer, vous assombrir en paix. Si vous pensez avoir une âme, clouez-là dans un coin de pièce où se porte quotidiennement votre regard, si vous n’en n’avez pas, ouvrez vos fenêtres et regardez la rue.

Il faut à la fois écouter le chant et observer le vol. J’ai l’âge où les éléphants sommeillent dans leur cimetière, et les rêves de celui qui pourfend de son cimeterre l’estanciero. Je suis capable de tout tant je ne suis rien. La poussière des chemins me parle, le désir des femmes me poursuit, et mes repos se lovent dans les guets-apens. Frontières du non-dit, tout se franchit. L’aube comme la nuit sont les sauf-conduits des hommes aventureux. Le bonheur est ailleurs, dans un tailleur Chanel.

Si je me suis perdu dans tous ces pièges offerts, aujourd’hui comprends-tu j’aime la nudité de ce qui s’offre à moi, et le miroir n’est plus de ressemblance mais bien d’appartenance. Rien n’est de trop dans le reflet que ce qui est. Le drame, diras-tu, c’est que je ne m’y vois plus. La puissance, la réjouissance, le principe immortel des êtres vivants ne me reflètent plus. La transparence, je l’ai clouée dans un coin de cette pièce où mon regard éteint pose ses meurtrissures. Alhambra, mausolée, masques tutélaires, portraits, mansuétude.

Je suis la couleur qui gâche le tableau du peintre, la note inconvenante du maestro, la signature en croix d’un billet amoureux, je suis un autre qui ne reconnait que l’autre en lui-même, particule disparate d’un monde bouillonnant, microbe sans vergogne partageant la maladie planétaire, élément palpable d’un puzzle sensuel, entre homme et trajectoire. Il faut à la fois écouter le chant des oiseaux et observer le vol. Entre les deux, le bruit grave du vent que les plumes dérangent. Ce son de basse qui porte toute la majesté du mouvement.

Lotissement des piailleux dorment les mésanges. Un grand if, appartements protégés du grand soleil et des froidures hivernales. Standing. Pas HLM d’étourneaux ou bambouseraies de moineaux. La classe.

Si je me suis perdu dans tous ces pièges offerts, aujourd’hui comprends-tu j’aime la nudité de ce qui s’offre à moi; Je ramasse les plumes et cultive la fiente. Un très bon produit. Je voudrais parfois que la mort l’atteste, mais les avis divergent. Alors, tu comprendras, la vie vaut bien cette récolte de plumes. Je suis capable de tout tant je ne suis rien. Secouer un balai pour faire danser la poussière. Siffler dans une toile d’araignée pour voir trembloter la rosée. Attendre le lever du jour, et voir ce moment précis de bascule, comme à le toucher. Combien de millièmes de secondes, dans les yeux qui observent. J’ai vu le jour se lever, les oiseaux pépier, quelques minutes avant, l’eau roser les prés et de nouveau la quémande de nourriture universellement se répandre en cris en gosiers en appétits voraces. La vie.

Tu as entendu cette phrase stupide: les oiseaux sont le lien entre le ciel et la terre. Il n’en est rien. Les oiseaux ont volé les plumes des hommes pour les sauvegarder. Icare et Pygmalion brûlent à Lourdes. Le ciel n’appartient à personne. Il suffit d’une nuit étoilée pour s’en apercevoir. Mais qui peut encore regarder une nuit étoilée sans la vengeance de l’électricité? Tout est rien. n’attendez rien! construisez une vie, semez dans les cœurs, les vagins, les anus, les étendues et les jours qui se lancent, bâtissent sans questions inutiles l’avenir des nourritures essentielles. Faites briller les étoiles, vous éclairerez la lucidité. Mangez les herbes folles, astéroïdes dévoyantes.

Les oiseaux nous protègent du ciel.

AK Pô 

15 02 2011

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