Le dernier trajet

Le dernier trajet

Elle ne savait pas qu’en quittant ses bras j’emportais son parfum,

Que je laissais dans la morsure étroite de ses lèvres l’étrange poésie

La salive des mots, le suint des chaudières, l’ambition du néant,

L’abandon des saisons dans le bruit routinier des trains, des wagons

La fumée blonde des excès et des alcools maudits, silencieuses vigies

Je partais sans le lui dire ç’aurait été encore des larmes compliquées

Des moments inutiles et des mots sans paroles, des dents incapables

De mordre la poussière , quand j’eusse préféré que nous partageassions

Ce grand lit à ressorts, cette vie de rebonds sur le vieux matelas

Où elle regarderait mes sens tournebouler, s’éteindre mon ardeur,

Et douter encore de ma fidélité, me chevaucher dans la félicité

Mais le parfum volé à ses baisers dans l’haleine du vent voyageait

Et les compartiments ne comptaient que deux places, deux poumons

Asphyxiés des masques des tuyaux et l’air du temps qui roule, vite,

Ce temps pressait : regagner un peu d’irréalité, morsure des lèvres

Tièdes qui fondent sur la langue, abandon des saisons des branches

Des bronchioles vertes et blondes du figuier, du noyer, lit d’herbes

Que les rails jamais ne désenchantent, silencieuses vigies, noirs destins

Je partais sans le lui dire ç’aurait été encore des larmes compliquées

Son parfum s’enfuyait avec moi, ma crasse et ma sueur mourraient seules.

17 04 2020

AK

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