les mardis de la poésie : Yachar Kémal (1923-2015)

 » «Je suis un trouillard et je déteste les héros, mais comme beaucoup d’hommes je ne peux m’empêcher de courir au-devant de ma peur»

Je n’ai pas trouvé de poème concernant ce magnifique écrivain, et m’en tiens à cet article de Libération :

(extrait de l’article)

« Malgré les ans et son œil aveugle, Yachar Kemal a presque jusqu’au bout continué d’écrire au crayon sur des grandes feuilles blanches ce qui devait être son autobiographie. Mort à 92 ans, ce descendant d’antiques seigneurs kurdes, de fameux bandits et de poètes errants voulait témoigner d’une longue vie de combats et d’engagements. «Je suis un trouillard et je déteste les héros, mais comme beaucoup d’hommes je ne peux m’empêcher de courir au-devant de ma peur», aimait à rappeler le grand écrivain turc. Longtemps le seul connu à l’étranger, ce romancier prolifique était traduit dans de nombreuses langues dont le chinois et le macédonien. Il fut pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel dont le premier lauréat turc fut Orhan Pamuk en 2006, auteur de talent dont les œuvres n’ont ni la puissance, ni la résonance de celles de son devancier.

Ses écrits et son militantisme politique contre l’injustice et la brutalité du pouvoir, notamment contre la minorité kurde, ont valu à Yasar Kemal plus d’une vingtaine de procès et un séjour en prison. C’est d’ailleurs devant un tribunal que, d’ailleurs, eut lieu la première lecture publique de la première de ses nouvelles, Bebek (le nouveau-né). «Le juge lisait très bien et me confia après l’audience qu’il avait beaucoup aimé l’histoire», raconte avec un sourire Yasar Kemal, arrêté pour la première fois à 17 ans, parce que suspect de sympathies communistes. «Tous nos poèmes, toutes nos épopées et nos chansons témoignent d’une oppression séculaire», assurait l’écrivain, qui, a toujours clamé son amour de la liberté et de la mosaïque des cultures et des peuples du plateau anatolien. » (…/…)

L’article complet  ici : Libération

A tous ceux et celles et qui aiment l’aventure, les sagas magnifiques, je ne peux que leur conseiller la lecture de « la saga de Memèd le Mince« , parmi d’autres ouvrages tout aussi poético-politiques.C’est une littérature qui vous trotte dans la tête jusqu’à la fin des (de vos) jours.

En bonus, un poème de Yusuf Kagan Atalay à retrouver dans le blog : https://haberkaydadeger.com/2020/02/21/uyku-olumdur-bize/

Le sommeil est mort

Tout le monde dans un sommeil profond

Peut-être dans l’endroit le plus doux d’un rêve

Les nuits blanches nous tombent dessus.

 

Nous sommes de ceux qui ne savent pas dormir.

Pourtant, nous n’avons pas oublié de mettre du sel sur notre blessure.

« Nous avons agi sur la douleur. »

 

Est-ce comme une pierre qui tombe sur nous?

Est-ce un désir de sommeil et de paix?

Notre idée est froide au soleil.

 

Nous avons confirmé le sommeil dans le monde.

Le cœur a ouvert son secret et nous avons crié, dormeurs toujours têtus,

« La mort nous manque. »

 

Que les dormeurs se réveillent,

On attend avec espoir en chantant les plus belles chansons

Parfois, nous nous rebellons, nous disons: « Ce rêve est un cauchemar derrière vous. »

 

Ceux qui dorment ne peuvent pas entendre la peur,

C’est une peur que les cœurs ne puissent pas se tenir dans les corps.

Nous sommes ceux qui entendent.

 

Même si nous vieillissons, ceux qui le voient le savent, nos yeux sont brillants.

Même si nous sommes fatigués d’attendre

Nous sommes toujours vivants.

 

Parce que notre sommeil ne durera pas un instant, nous le savons.

La berceuse qui nous amènera à l’AMOUR n’est pas encore dite,

Nous nous attendons à nous réveiller au-delà.

 

Yusuf Kagan Atalay

6 commentaires sur “les mardis de la poésie : Yachar Kémal (1923-2015)

  1. J’avais oublié ton mardi de la poésie !
    Je vais me renseigner sur la lecture de « Memèd le mince »…
    Merci pour cette découverte.
    Et à propos du Bosphore, j’avais lu un très beau livre de Yasmine Ghata : « La nuit des calligraphes »…

    Aimé par 1 personne

    • ce sont de gros pavés (Memèd), mais d’autres livres sont moins épais et tout aussi plaisants (et la mer se retirera -de mémoire-, etc). Je ne connais pas Yasmine Ghata, je chercherai après les saints de glace, quand je mettrai le nez dehors (il fait moche en ce moment). Un autre bouquin, de Nedim Gursel : un long été à Istanbul. Et puis Orhan Pamuk aussi. Bref, plein de bouquins spécial bonnes têtes de turcs (mais pas celle d’Erdogan!)

      J’aime

  2. Dingo de ( belle et bonne) poésie, j’ai adoré cet article et le poème de Yusuf Kagan Atalay. Un tout grand MERCI pour la découverte. J’en redemande.
    🙏
    Belle journée, à bientôt. Au plaisir de lecture.

    Aimé par 1 personne

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