les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Dans ce trou perdu où pour compter les moutons il faut être aussi nombreux qu’eux seul le lit des rivières se rie du temps qui passe. Il abreuve les bêtes et saoule les bergers quand vient le crépuscule. Chaque soir, dans la solide cabane en pierre du pays, une ou deux bergères disparaissent que l’on retrouve sous la lune, à danser et réciter les paroles de chansons d’ici. Ce n’est qu’au petit matin qu’elles les chantent, mi-vêtues dans le flux des cascades et le bêlement des brebis dont le lait, avant l’aube, a été tiré.
Dans ce trou perdu dans lequel vivent moins d’un millier de gens, face à l’océan battu par les vagues et l’isolement du monde, s’agglutinent d’innombrables moustiques que l’on appelle ici touristes. Ils viennent conquérir de nouveaux territoires où tout leur est permis. La liberté est aux truies ce que le laisser-aller est au porte-monnaie. Le respect, qui jadis glissait comme un pet sur une toile cirée est devenu menaces, tatouages, gros culs et armes blanches. La mer protège ses vagues mais la plage et les rues sont remplies de monstres débiles.
Faites monter les eaux, criait Noé dont le bateau était au radoub à Rochefort, il est temps de larguer les amarres, Vieux Pépère, et l’Autre roupillait, six jours sur sept, le septième il priait sa femme de ne pas l’exténuer en actes amoureux. Il était vieux. Sur l’or sablonneux des plages tous les pillards de temps s’ennuyaient ferme pour gagner une carte postale mobile de leurs vacances. Le vieux Pépère hésitait : je monte et je descends le rideau des marées, c’est parfait, mais quelques guerres ventileraient-elles quelque absence de vent demanda-t-il à sa Dive compagne.
Il suffit que tu pètes, répondit-elle. Mais avec circonspection. N’oublie pas que là-haut, dans les estives, les troupeaux paissent au-dessus des nuages et que nous en avons besoin pour survivre à leurs croyances. Et puis, ces bergères qui se lavent à l’eau froide au pied des cascades hein, vieux cochon qui ne peut dire ton nom chez les juifs et les musulmans, tu les reluques, comme les autres vieillards de ton acabit !
Tu sais, ma chérie, si je pouvais troquer ma pomme d’Adam contre une côtelette d’agneau je n’en serais pas là. Abraham non plus et Mohamed pas plus. Mais avec ces plus on fait des moins que rien. Qui pourrait dire pourquoi dans ce trou perdu où pour compter les moutons il faut être aussi nombreux qu’eux tant de serfs retournent vivre et nous bannissent ? Comment peuvent-ils vivre sans nous, qui leur promettons le Paradis dans l’eau de là, oups ! Dans l’au-delà ? La marée est montée et Noé s’est échoué dans les eaux noires d’un pétrolier percé.
C’est alors que les trois qui n’étaient qu’Un décidèrent que le prochain Dieu qui dominerait la Terre entière serait NOIR. Comme dans les troupeaux de moutons.Un mouton noir les protégera du diable. L’idée plut, mais ils se disputèrent quant à savoir qui appellerait Tafari Makonnen dit Haïlé Sélassié, qui roupillait dans la cathédrale de la Sainte Trinité, à Addis-Abeba. Du coup, rien ne bougea. Dommage !
les rastas le considèrent comme le « dirigeant légitime de la Terre » (Earth’s rightful ruler) et le Messie, en raison de son ascendance selon la tradition éthiopienne de la dynastie dite « salomonique », qui remonte aux rois Salomon et David par la reine de Saba.
02 08 2020
AK
Il n’y a pas de Z dans ZOCÉAN ZATLANTIQUE (ah si, tiens, il y en a deux. Ils n’étaient pas là la dernière fois que je suis passé). Ils sont au début des mots !

Comment tu sais, illustre Karouge, que j’ai tous les Philémon, et certains même dédicacés par Fred le moustachu.
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Il semblerait que nous ayons le même petit doigt !
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Dommage oui! Beau récit, le début n’annonce rien de la fin 🙂
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C’est toujours pareil ! On part de A et on ne sait jamais où se cache Z ! Entre temps, on navigue à vue, avec sans cesse une idée qui traverse l’esprit (humide) et mène son propre récit (parfois un récif, mais bon!). Voilà qui me rappelle la BD « Philémon » de Fred
» Philémon est une série de bande dessinée de Fred apparue dans Pilote en 1965. Son personnage éponyme se promène entre son village français et un monde fantastique où se trouvent notamment des îles formant les mots « OCEAN ATLANTIQUE » au milieu de l’océan de ce nom. » (Wiki)
(Voilà une réf qui devrait plaire à Maëstro!)
Le premier qui trouve Z a gagné (ma pleine estime).
Bonne journée in pace!🙂
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Beau texte.
Bonne journée, Karouge.
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Je ne suis pas l’auteur de ce texte: mon ordinateur m’a menacé de me programmer en tant qu’obsolescent délirant et de me mettre au rebut dans le placard à chaussures (pour l’odeur de naphtaline qui y stagne). Je vais essayer de m’enfuir en changeant de ton(gues).
Bonne journée à toi!
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