Le parfum de l’attente dans le cou du destin

J’avais connu l’ennui à la terrasse d’un café

Quand Marjolaine m’avait dit ; dix huit heures

Précises, j’ai rendez-vous chez le dentiste

Cela nous laisse un peu de temps

Cela nous laisse un peu d’amour

A partager ensemble, mais sois à l’heure

Pas de problème, dans l’hôtel d’à-côté

On me connaît mais on paie cash

Alors à l’aune du couvre-feu ma robe

Descend presque seule, fermeture éclair,

Mes bas, je les garderai sur moi,

Tous les hommes comme toi aiment ça,

Et comme un con je me récitais cette chanson-là,

En attendant Marjolaine qui ne venait pas

Dehors la pluie s’est mise à tomber

Peu à peu les gens ont quitté le bastringue

Les employés ont soulevé les chaises

Puis répandu la sciure pour nettoyer le sol,

Les coups de balai dansaient sur l’indifférence

Et l’on finit par me chasser comme on pose un lapin

Dans un champ de carottes,

Dans un chant qui sent la Marjolaine,

L’ennui et la nuit impalpable

D’un corps empli d’attente charnelle,

Dix huit heures précises avait-elle dit

Mais son horloge s’arrêta net

Quand le tramway la renversa.

C’est au sortir du bistrot qui baissait son rideau

Que je l’ai aperçue, pâle et blanche dans la nuit

Ses dents immaculées semblaient me sourire

De ses lèvres un mince filet de sang

Me parler.

Ce n’est qu’un rendez-vous manqué

Tu en auras bien d’autres, plus ennuyeux

Que l’attente elle-même : savoure cet ennui

Avant qu’on ne te vole la patience et l’amour.

26 10 2020

AK

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