les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
J’aimais parler aux nuages, aux cumulus épars
(pas aux chaudières du réchauffement climatique)
Ils changeaient de visage sous les parpaings du ciel
Et leurs avis différaient selon le sens du vent
Parfois je me taisais, les regardais passer, mus
Par le vol de myriades d’oiseaux qui les poussaient
Jusqu’aux frontières du désert, où ils fondaient en larmes
Sans que j’en sache rien. La voûte céleste était alors un monde
plus aride encore, pas un bourgeon de vapeur blanche
Ne naviguait, pas de stratonimbus, de cirrus en troupeaux,
Pas même les traits tirés par la houache des avions surchargés.
Toute trace avait disparu. Je dus alors, pour perdre mes rêveries
Plonger mes yeux dans les tiens : ils avaient la couleur séraphique
Du blanc de l’œil des vierges, et le bleuté magique des iris
Que les peintres à coups de pinceaux teignent d’étrange façon
Mais voyant le masque dérisoire de ton visage pâle j’ai préféré plonger
Dans la mer écumante, m’enfoncer sans ailes, tel Icare désespéré
D’avoir fui les nuages à l’ombre de sa vie, et les avions de ligne
Qui dessinaient dans le ciel leurs mailles polluantes, altocumulus
Et vapeurs d’eau disparues à jamais dans l’azur de l’ultime voyage.
24 12 2020
AK
Commentaires récents