C’est pas compliqué (qu’il disait) mais…

Ce n’est pas compliqué : il faut juste que traîne la rumeur du silence. Alors se mettent à chuinter les mots, se propagent les idées et les envies de corsages remplis de seins et de parfums à peine musqués de sueur féminine. Puis l’écriture chemine vers le cœur et les premières lignes sentent les corps, le sang divin, comme s’élèvent les chœurs païens dans la braguette des insurgés. La liberté offre son sein au peuple et le peuple, c’est l’oiseau qui trouve enfin son nid dans l’entremichon céleste : la poésie.

Alors, en viking andalou, tes doigts tremblent. Joueras-tu de la hache ou de la guitare, quelles seront tes rimes arrimées, arythmiques, tes mimiques et tes songes loin de ces nuits d’été ? Quelles fées enchanteresses croiseras-tu dans les flots de tes cris écumants ? La bave de ces mots sur tes joues rosies de givre, Colombine, ou homme qui rit à la plaie hugolienne, quel avenir pour quelques maux et quels silences pour la trêve, juste avant la déflagration de nos expirations carbonées. Qui sait ce qui attend la phrase essentielle, l’ultime écrit, quand juste devant lui surgit : le point final.

C’est alors que le poète rit. Ce n’est pas compliqué : il faut juste que traîne la rumeur du silence. Alors se mettent les fées aux entrechats, aux sauts de puces, fées qui vous prennent la main, vous, homme décompté de l’Humanité, vous invitent à danser, vous inclinent à bercer vingt six lettres d’un alphabet dans des milliers de lits épistolaires, vous qui n’êtes qu’émois dans le sortilège du moi, dans les saisons obscures et lumineuses qui conduisent au tombeau des charrettes de manuscrits idiots, papiers noircis et ancres accrochées sur les récifs immobiles que charrient chaque jour les marées de critiques, et tu ris de te savoir perdu dans ce monde enfin tien, parce que simplement ce n’est pas compliqué : il faut juste que traîne la rumeur du plaisir. Ce parfum à peine musqué de sueur féminine. Ta plume, en viking andalou, tu la sortiras de nouveau de ton cul, et ton anus en encrier servile et odorant sur les cordes sensibles d’un amant andalou dans la nuit des îles Féroë, qu’enchanteront le silence, les idées et les envies de corsages bourdonnant de seins, empliront les corsaires de corps à l’abordage, avant la déflagration des canons qui n’ont qu’une ambition : nous faire taire et sombrer dans la solitude des tours d’ivoire, des paradis perdus depuis toujours.

12 01 2021

AK

3 commentaires sur “C’est pas compliqué (qu’il disait) mais…

  1. Très beau, et quel souffle! Je me demande (et pourtant je préfère la prose, mais pour une fois…) si ce texte ne gagnerait pas encore plus en force si tu le mettais sous forme de poème…

    Aimé par 1 personne

    • entre un poème viking et un poème andalou mon cœur vacille ! Difficile de revenir en arrière sans m’arracher le dernier poil de ma paume de main, mais tu as sans doute raison. La prochaine fois donc ! Bonne soirée à toi!

      Aimé par 2 personnes

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