les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Aujourd’hui j’ai envie de me pendre à la première branche venue.
Je mesure la longueur de ma corde de chanvre, scrute l’arbre
Qui me semble le plus approprié, tronc lisse, branches maîtresses,
Feuillage épanoui. Celui-ci me convient. J’envoie la corde.
Miséricorde ! Un chat est perché dessus et me regarde avec mépris.
Qui es-tu ? me demande-t-il, pour vouloir prendre ma place .
Je suis un souvenir d’enfant allant et venant sur une balançoire
Maintenant je suis l’hérésie de ma vieillesse, l’ombre du soir,
La dernière braise des crémaillères quand les feux s’éteignent
Et toi, animal des Enfers, qui depuis des siècles me surveille
Te moquant de savoir sur quel bout je m’assieds pour scier la branche.
Je ne me moque pas, seulement observe tes gestes incohérents
Pauvre homme qui apprit voici des siècles à marcher sur un fil
Puis construisit des ponts et enfin des fusées loin des canopées
Que pourrais-je te dire alors que ma présence seule devrait suffire ?
– »Sache alors, pauvre homme, que depuis ta naissance
La Mort te tient en laisse , que l’arbre ne se souviendra de toi
Comme n’étant qu’un fruit étrange sous son épais feuillage
Sur la branche duquel un chat noir, véritable témoin, décrira
Plus tard la danse des fantômes autour de croix en flammes. »
« -Le monde m’insupporte, le désespoir enroule ses nœuds
Comme des rivières confluent et s’associent de la source
A la mer, aux profondeurs marines des pêcheurs engloutis. »
« -Et toi tu voudrais que ton corps suspendu, arrogant et fier
Se balançât au vent sous l’air frais des potences, des vies
Dont jamais tu ne t’es rapprochées, élégance imbécile
Des vieillards inaptes à monter sur l’escabeau fatidique,
Tu me fais rire, pauvre homme ! Le suicide, le véritable,
C’est la peur de vivre de ceux qui en sont incapables,
C’est le bonheur fasciste de faire souffrir les illusions
D’embraser les crémaillères pour inaugurer un néant primitif. »
« – Je ne sais pas. J’étais un homme je suis devenu une corde
Nouée trois fois autour de ma ceinture. Mon pantalon tombait,
L’arbre ne nourrissait personne mais nous avions tous faim
Nous, les amis des bêtes, tels que toi le chat, nous les dévorâmes
Sans appétit, sans voracité, simplement par bêtise,
Mais tu connais l’histoire, et où se place l’Homme
Pour scier la branche. Comprends que je n’aie plus d’espoir
Et laisse-moi jeter vers le ciel cette corde encore souple,
Mais ne dis pas aux hommes la vérité, dis-leur en riant
Que j’ai tiré ta queue et me suis envolé dans l’air des temps heureux.
05 06 2021
AK
Magnifique Chacha noir avec. Un joli col en v.
Il me rappelle une petite que j’avais.
J’aimeJ’aime
Voui, le Strange Fruit de Billie Holliday est encore plus glaçant après avoir lu ton texte, illustre Karouge.
(P.S. : pour le petit chat, j’ai le même à la maison)
J’aimeAimé par 2 personnes
Il faudra dévoiler le nom du minou, pour faire plaisir à Sidonie ! (celui sur la photo, c’était Patachon, disparu adulte (3 ans) depuis pour des raisons très obscures, disons que des gens du coin n’aiment pas les chats…)
J’aimeAimé par 1 personne
C’EST POLLUX (A MOINS QUE CE NE SOIT CASTOR [J’AI TOUJOURS DU MAL À LES DISTINGUER])
J’aimeAimé par 1 personne
EXCELLENT !
J’aimeAimé par 2 personnes
Ecris ton commentaire en minuscules sinon je vais prendre la grosse tête !!!
J’aimeAimé par 1 personne