les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Ce soir je rallume la lumière de la cuisinette. Il pleut. C’est marrant, la pluie, quand tu l’emmènes en vacances, contrairement aux chats et chiens que tu largues sur une aire d’autoroute, elle revient avec toi, à l’abri d’un parapluie aux baleines tordues par le vent belge de tes vacances. Le temps est frais, Micromégas absent. Les nuages sont devenus des navires pour les chats comme le sont les tapis volants pour les rêves d’enfant, ou le lit de Little Nemo dans le New York Time. Bon, je reconnais que quand il reste 500 bornes à parcourir pour rejoindre son foyer abandonner sa compagne sur une aire d’autoroute (avec son toutou Kanybal), dont le sac à main est resté dans la voiture, c’est un vrai déchirement moral. Que feriez-vous un samedi classé rouge par Bison Fûté ? Rouler dans les bandes d’arrêt d’urgence, doubler par la droite les pépères de gauche, écouter le chant lancinant d’un essuie-glace qui couine sous l’averse, vous faire griller par un radar, payer une destination qui est gratuite en Belgique, ou carrément rentrer chez vous, puis enfin rallumer la lumière de la cuisinette, allumer une cigarette, et soudain vous apercevoir que durant cinq cents kilomètres vous n’avez pas ouvert la bouche, raison pour laquelle vous avez oublié votre choupette favorite dans les toilettes autoroutières, et que Kanybal a eu beau aboyer vous n’entendiez rien dans ce brouhaha de gosses braillards, de moteurs, de musiques à la con sur 107,7, de klaxons ?
Bon, la route a été longue. Heureusement il n’y a pas eu de coupure d’électricité pendant notre absence. Le réfrigérateur contient de quoi se sustenter à l’arrache, avec une bouteille de vin blanc pour fêter le retour à la maison. Bien frais. J’ouvre la porte du haut (pas celle du congélateur, en bas) et Louise en surgit. En fait, elle est à moitié congelée, mais mieux vaut parler de cryogénisation à bas coût, car elle respire encore et me saute au cou : « mon chéri, mon amour, enfin te voilà ! »
Je sors la bouteille de vin blanc (dont je constate qu’elle a été entamée).
« Mais d’où sors-tu, ma chérie ? »
« René m’a trouvée sur l’aire d’autoroute et comme il roule en Audi mate et qu’il passe ses vacances dans le coin, il a juste fait un petit crochet pour me raccompagner. Bon, j’ai payé le trajet en lui faisant une petite fantaisie, tu connais René ».
« Et Kanybal ? »
« Avec son GPS il devrait arriver d’ici quinze jours. »
J’ai pris Louise dans mes bras, ai éteint la lumière de la cuisinette, puis nous avons fait l’amour dans le noir. Ou à peu près, tant les nuages étaient épais, ici, dans la cuisinette, et surtout dehors. Mais pas de nouvelle de Micromégas.
13 07 2021
AK
Excellent, illustre Karouge !
Alors, c’était bien Liège (avant les inondations…)
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Aller sous la flotte (1200 km), temps moche sur place, visites aux mamies de Chinette, au cimetière (c’est normal) sur la tombe de ses parents, retrouvaille avec ses quatre copines de primaire au resto (merci Facebook), et moi à faire le chauffeur…Puis retour plus tôt que prévu (visiblement son fils de cinquante ans et sa compagne avaient peur de choper le virus (pas vaccinés, contrairement à nous deux, et forte impression de les déranger) Retour samedi, journée classée rouge après une halte agréable à Dijon ! 700 bornes mais beau temps… Alors la Belgique, tu vois !😈🤯
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Nous vivons des temps zétranges…
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j’espère surtout que les tiennes étaient meilleures, à moins que tu aies voyagé avec ton chœur pour des représentations exceptionnelles ! 😉
Question subsidiaire (mais tu connais déjà la réponse) : connais-tu cet opéra tiré d’un livret de Beaumarché : Tarare.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarare_(op%C3%A9ra)
(ne me demande pas où je l’ai découvert, j’ai honte!)
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Beau texte mais c’est vrai, Micromégas a disparu? 😦
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Pas vu depuis notre retour samedi soir…Mais nous gardons espoir de le voir revenir. 😿
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