les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Le soir, un Samedi
Putin, quel Samedi, je viens de rentrer et je me dis qu’il faut que j’immortalise le bordel. Seigneur, par où commencer, reprends les trucs par chronologie mon Poussin, ça va t’aider à te rappeler et surtout, à faire la part des choses. Nous v’la donc, vers 16h, en train de grailler le cabri, enfin pas nous, moi d’abord, ma Jass m’a préparé une assiette, après que j’ai bouffé son sang, avec du pain, façon pâté boudin j’sais pas, je l’ai graillé dans tous les cas, écolo dans l’âme, pas envie de gâcher. Donc je bouffe le sang du poto que j’ai regardé droit dans les yeux, lui rappelant que certes, l’humain se sent supérieur, mais qu’il peut faire preuve de mercy lui aussi. Le temps avance et j’commence à comprendre que c’est pas aujourd’hui que j’vais faire ma synthèse de rapport, non non, aujourd’hui c’est picole et cabri, programme alléchant s’il en est. Entre temps, petit coup de tél avec ma nana, je m’en lasserai pas de voir sa tronche ça non, et qu’elle débite, elle s’arrête pas, ptin je pourrais l’écouter toute la journée celle là, je finis par me demander si on est vraiment séparés tellement qu’on se parle depuis que je me suis barré d’la macronie. J’enchaîne, pas le temps de se poser ce genre de question et avant son bigot, je me disais que j’allais ramener un coca à la populasse. Tu parles, que je sors, que c’est déjà au rhum mon pote. Ok bon pour le coca je repasserai, vous voulez un truc les potes ? Sont passés de 3 à 6 et je sens que la journée ça va être crescendo. Non, ok je me tire, je me le prends mon coca, perso le wum pur ça m’attaque, ok il est 14h mais je veux m’en faire un peu aussi, donc coca oblige, je me mélange l’histoire et que ça part. Je finis planté sur une chaise à m’imprégner de leurs histoires, que je me concentre, pas de téléphone sur moi, rien qui me bousille l’attention, j’écoute, j’écoute et j’écoute encore, c’est comme ça que je l’apprendrais le créole. Que ça me traite d’égal à égal mais que ça sent bat les couilles de ma tronche, c’est parfait, j’me dis que je pourrais presque faire un pti docu façon strip tease, où le caméraman se fait oublier. Les heures passent, entre temps on est allés se boire une dizaine de coco, décrochées, coupées et bouffées avec l’aide d’un mec bien balaize, la seule chose qu’il a pas faite c’est le dernier participe passé. On revient, pi la Jass me fait mon assiette, je finis par le déguster l’ami cabri, que c’est bon, je suis le seul à becter, un peu gêné mais c’est Chriss qui m’a dit que c’était prêt, donc j’ai suivi le sourire de Jass jusqu’à la cuisine et j’suis ressorti avec mon assiette devant mes 9 soifards, ouais, le nombre a encore augmenté. Qu’ils ont du rhum que j’me dis. Bref, les heures défilent, je suis planté là et j’sais pas pourquoi mais j’ai la sensation que la soirée ça va être quelque chose. Qu’on boit en continu, chaque fois que la teille de rhum se finit, un mec prend des initiatives et va pour nous fournir un peu plus d’essence. Perso je tourne à la bière, je peux plus, trop fort le rhum pur. Aux alentours de 18h, v’la que l’assemblée est passée à 12 et que ça commence à s’énerver, qu’ils veulent le bouffer leur cabri eux aussi, donc le Chriss qui tape aller retour sur aller retour je ne sais où, finit par ramener une casserole digne de ce nom et que ça le sert dans des gobelets plastiques. Je vous ai dit, ici le plastique, c’est la vie. On boit le jus, on ronge les os et on l’apprécie ce bonhomme, merci pour le sacrifice, tu m’encombres les chicos mais mon pote, t’es un vrai, t’as le même goût que dans mes souvenirs, ma ptite madeleine de Proust. Ca valait le coup de s’faire dépuceler. Finalement le temps avance, l’alcoolémie avec et que vers 19h ça se décide de bouger à la « plage », qu’on me demande, que je suis chaud, rien d’autre à foutre l’ami. Ca part, trois 4×4 en route, un qui tombe en panne après 25 mètres, qu’on le pousse, j’suis épuisé, mon pti pote va falloir y aller mollo sur les Comme il faut, je les sens dans mes poumons là, ça pique. Bref, le trajet se passe, une trentaine de minutes, qu’on passe partout, que ça secoue, BOOM, ma tête finit contre la vitre, je vise à gauche, personne n’a capté, ouf, je check le truc, pas de bosse juste un petit sentiment de honte indicible, ok on enchaîne. On finit dans un décor paradisiaque, 5 étoiles au bas mot, petite plage, sable fin, eau 27 degrés, décor de film de cul mec. Je commence à prendre mes aises, j’me paye une binch, ça doit être la 7ème depuis le début d’la journée, mais je suis pas vraiment bourré, plutôt euphorique le pti blan, et que ça enchaîne, je finis par me balader dans le village, accompagné de mes gardes du corps, on arrive devant une estrade. Ha putin je reconnais un mec qu’était chez le Chriss, il s’égosille devant une assemblée convaincue à sa cause, ça fout l’ambiance, ça me propose de monter, non non merci mec, ici les gars que j’croise je les prends pas de haut, je reste avec le tiers état, merci mais non merci. Ca me bouscule un peu, c’est rempli de gamins et de jeunes, ça danse et ça discutaille d’un peu tout entre chaque inquisition au DJ : met le son, arrête le son, met le son, arrête le son. C’est magique, en tout cas je réalise que tout le monde s’en carre que j’sois là, on me fixe même pas, je commence à prendre la confiance. Je file en douce sans mes gros bras et je me balade, je finis par m’arrêter au milieu d’une route, une femme me prend par le bras gentiment. Elle me met sur le côté, je comprends pas trop et là je vois quoi mon pote, que j’étais au beau milieu d’un rituel vaudou. Merde, je lève la main en guise d’excuse et que je commence à profiter du show. Une femme très bien apprêtée qui s’égosille, elle a l’air de filer des ordres à un mec plus musclé qu’Hercule, qu’il a un énorme fouet le type, à chaque incantation, bim énorme coup de fouet à côté d’un feu. Le feu qui tape des rebonds à chaque coup, merde c’est quoi ce délire, en y regardant de plus près, j’grille qu’un mec balance un peu d’alcool à chaque fois que le fouet résonne. Bien vu l’artiste. Bref ça dure une dizaine de minutes, je suis subjugué par la scène, pas beaucoup de moyens mais l’air en devient mystique, je fixe le feu et j’finis dans une sorte de méditation moi aussi. Contagieux le vaudou. La soirée continue, je fais mes petits achats, je me balade tel le maire du village, déconne, t’es pas prêt. On va pour se tirer vers 22h30, 23h, une des nanas en a ras le cul et veut rentrer au bercail, elle a l’air de peser puisque les bad boyz filent droit et acceptent. Entre temps, le gars aperçu sur la scène vient me prendre la main, comme habité par des intentions funestes. Moi je suis en manque d’affection donc je lui prends sa main et que je te la serre comme il se doit, premier contact physique en deux semaines l’ami, il me conduit droit vers la scène, putin je le sens venir gros comme une maison son truc. Il va me demander un service lui. Et ouais mon pote, je finis devant la scène, que je veux pas monter je lui dis, qu’importe il me file le micro après m’avoir introduit. Seigneur, le DJ se prend un dernier ordre : coupe le son !! Ok le silence, je comprends qu’ils attendent que je l’ouvre. Et là mon pote, merci la binch, que je te déballe toute ma science créole, avec accent et compagnie devant une centaine de gus. Presque que je veux plus le lâcher ce micro, et que je te l’agite la foule en débitant mes conneries, ça régale. Bref, le bénévolat c’est plus de mon âge donc je finis par lui rendre et à repartir comme je suis venu, main dans la main avec l’ancien. Quelle journée, quelle soirée, j’ai bouffé un cabri après l’avoir regardé passer l’arme à gauche droit dans les yeux, découvert une plage que je pensais pas que ça existait ces trucs, assisté à un rituel vaudou, couler 8 bières et 3 cocos, je me suis fait introniser et que je rentre me doucher pépère vers 23h30. Je suis vidé moi mais ma tête est pleine, je reçois plus que je donne ici, haa… Ayiti cheri mwen comme ils disent.
18/07/2021 – 00h20
©Poussin Laventure
AK
28 07 2021
J’espère que nous aurons de temps à autre des nouvelles, illustre Karouge.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah ah ! faut laisser un peu temps passer !
J’aimeJ’aime