les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
La nuit tombait du cinquième étage avec balcon
Un ange tenta de la retenir mais ses ailes
Étaient encore dans l’oreiller où il les avait
Planquées avec son flingue et son étoile
De Chérubin , balles de sable qu’il répandait
Dans l’obscurité pour endormir les enfants
Avant de grimper au septième ciel
Dézinguer les étoiles, astéroïdes fallacieuses.
Sur la montée céleste il croisa deux demi-lunes gibbeuses
Suspendues à un gibet, qui dansaient sous le vent
Sur une vieille chanson de Villon ; les fesses étaient rondes
Et quelques farfadets attendaient que le chanvre
Dans la pourriture du temps craque et que la chair
Jeune et encore festive ne rejoignit le sol
L’ange comprit de suite qu’il lui fallait intervenir
S’il voulait convoiter l’au-dessus du cinquième étage
Et comme il n’avait plus d’ailes, juste un flingue
Descendu par miracle par un de ces dieux vengeurs
Dans sa main, plus audacieux que ces Maîtres des cieux
Il trancha d’une balle le filin et vit tomber , gibbeuses,
Une paire de fesses qui s’écrasa à terre, seule
Dans la nuit tombée du cinquième étage avec balcon.
Un nuage de poussières et de cendres gravit les escaliers
Tous les étages de l’immeuble en furent envahis
La nuit était tombée et son étoile de Chérubin
Ayant percé la nudité de son oreiller, se répandait
Partout, comme duvet de plumes et marchands de neige
Balles de sable pour endormir les enfants, balles
Pour tuer le temps qui passe par hasard dans la rue
L’ange ne savait plus où aller, lunes gibbeuses
Perdues dans le cosmos, poussières et cendres
Qui dansaient sous le vent, gibets au temps suspendus
Des hommes qui jugent la nuit coupable d’exister,
L’ange sut ce matin-là que même aux oiseaux
Des balcons on avait coupé les ailes.
27 10 2021
AK
Photo illustration : le génie de La Bastille AK Pô
Une poésie bien balancée !
Bonne journée, illustre Karouge.
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