Les mardis de la poésie : André Frédérique (1915-1957)

Encore un de mes petits chéris.

Extrait de wikipédia : (https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Fr%C3%A9d%C3%A9rique)

« 

L’œuvre d’André Frédérique se nourrit amplement de l’univers qu’il s’est inventé (un monde qu’il a baptisé la Cerce et qu’il définit comme « la province de l’esprit ») et des personnages qui le peuplent, qu’il crée et qu’il interprète pour le plus grand plaisir de son cercle d’amis. Au centre, le personnage de Lucien, son avatar haïssable et toujours aux prises avec ses parents et les situations les plus humiliantes : « masse amorphe, personnage inachevé […] flanqué d’une gravosse, maritorne moustachue, ubuesque femelle de cauchemar »13. Ce personnage récurrent, que Frédérique interprète, met en scène et dessine — parfois sous les traits d’autres avatars toujours dépréciatifs : la Fredasse, la Conasse, Clockonasse, Conassieux, Nassieux, la Souasse — est entouré d’une pléiade de figurants génériques (des « cerceux », des « cerceuses », des « dames »), ou plus typés (le professeur Tibergier, madame Tapautour, l’abbé Milou, l’abbé Poulaille, l’abbé Cadavagne, le Ringard), que Frédérique fait dialoguer, pontifier, improviser, en vers, en prose ou en contrepets.

Grand mystificateur, il est capable d’introduire la conférence la plus sérieuse en évoquant « les origines crapuleuses du chant grégorien » ou d’interviewer, devant un millier de personnes, un poireau sorti de sa poche à la dernière minute. Maître es canulars, c’est accompagné de Jean Carmet, son comparse préféré, qu’il écume les maisons closes, déguisé en évêque, pour y proposer des poudres et des onguents cieutiques14.

ÉPÎTRE AU LOGEUR APRES LES VACANCES

PAR ANDRÉ FRÉDÉRIQUE

Monsieur,

Je tiens à vous signaler que la maison hantée n’a pas fonctionné comme convenu.
Les cris de terreur ont été poussés bien au-delà de minuit et faiblement.
D’autre part, ni ma femme, ni moi, n’avons entendu les bruits de chaîne promis.
Quant au chien vert à sept queues annoncé, c’est un méchant roquet de sorcière à six pattes, à peau sulfureuse, mais sans reflets dans le couchant comme le
décrit votre programme.

J’ai été très surpris de ne trouver qu’un décapité parlant dans le lit de ma mère.
Nous avions payé, il me semble, pour elle comme pour nous. n’est pas juste que ce soit
Monsieur votre oncle, couchant dans l’aile gauche du château, qui bénéficie seul de la ronde des squelettes et des vautours sanglants.

Si sa présence doit nous léser d’une partie du spectacle, je suis prêt à reprendre sa chambre pour y loger ma mère.
Je garderai la petite chambre rouge et les fontaines de larmes pour mes deux petites-nièces.

Je vous fais remarquer en terminant que ce n’est pas nous qui avons fait fuir le couple enlacé dit des deux écorchés vivants.

Inutile de vous dire que les fantômes blancs à draperie, les esprits frappeurs et guivres ont fait correctement leur service.

Tâchez si faire se peut, comme le demande mon père, de nous faire avoir quelques scènes d’œil crevé, qui intéressent toujours.

Votre fidèle client,
M.
Poinsse.

L’Art de la fugue (CME, )

Jura Speleo

L’ENFANT BOUDEUR

PAR ANDRÉ FRÉDÉRIQUE

Veux-tu jouer à la pirouelle

à la redouble au rat musqué

veux-tu jouer à la sauguette

au goligode au ziponblé

veux-tu jouer au jeu de l’ange

à l’ceil-au-dos au mort parlant

veux-tu jouer à cache-mésange

à mouton-bêle à baille-au-vent

veux-tu jouer à croque-au-sel

au déserteur à la logorrhée

veux-tu jouer à l’espincelle

a tête d’or aux estropiés

veux-tu jouer au jeu de l’hombre

sur le mur blanc les mains croisées

veux-tu jouer à compter le nombre

des poissons-chats dans l’océan

veux-tu jouer à la marelle au cervelas

au pince-joue au drela

au caviar à poisse-Dudule

au mirliton dans la pendule

a la lutte jaune au ramagot

a
Pousser grand-mère dans les lavabos

a
Pince-mie et pince-moi en bateau

à la paix royale au souci de sincérité

à la chaude-meurotte au jeu des abbés

à déformer le nom des ministres du culte

au chapeau du jurisconsulte

veux-tu jouer â la bataille des tomates

au pasteur protestant à la loupe à
Tatate

à
Zaine
Phozieux au riz-pain-sel

au canard portugais à la înarche en dentelle

à la lanterne froide au pharmacien comique

au domino sur glace à la pouille au chien de pique

au hoquet chinois à l’over armstroke

au loup garou au loup couché au loup vendu

au vilbrequin à l’aromé au cadavre exquis

au prote

au touche-zizi à la veule au cornac

à la pinacothèque à la petite marchande de carions

au frotteur de parquets champion de bridge plafond

au troume au solitaire à conazor

à la soutane à la peau de cochon au dieu
Frouda

à la turidité au hussard de
Bretagne à un

jeu polonais trouvé par
Sienkiewicz

au pouce-cul au solfège aux deux sœurs de
Barbaud

à mirer les alouettes à la morve au farcin

au mariage blanc au mariage vert à la guimauve

au jeu des gâteaux à madame
Room

à l’officier prussien à l’eukonaze au bugle

à l’enfant naturel au knout au saladier


Non, j’aime mieux étudier.

Poèmes tirés du site : https://www.poemes.co/

5 commentaires sur “Les mardis de la poésie : André Frédérique (1915-1957)

    • J’aurais bien aimé l’avoir comme pote, avec Jean Carmet, Géo L’Hoir et tous ces pessimistes plein d’humour et de joyeuseté ! Mais bon, je me contente de rire (et chanter) avec Chinette et notre quatuor de minous…
      Bonne après-midi Maëstro !

      J’aime

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