les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Je suis nue dans le lit, bordée de nuit
De jours dans les draps brodés d’entours
Par d’aimables dentellières, ma mère
Sa mère ou une cousine germaine
Réfugiée ici, au fond du Finistère,
Mon amant est parti ce matin faire la guerre,
Comme jadis les hommes aux colonies
Et à présent c’est celui que j’aime
Qui traîne son fusil dans la boue,
Sous les étoiles il tue à son tour
L’inconnu qui lui ressemble
Et comme il faut survivre quand l’horizon rougeoie
Il viole une femme, achève un ennemi,
Dans cette boucherie qui ne le fait pas jouir
Les fantômes ont raison de n’ être plus vivants
Ils arpentent en tout temps l’ennui des hommes
Qu’on enterrera dans de grands draps blancs
Oubliant les blessures, les larmes et le sang
Sous l’étincelle des médailles de l’héroïsme
Ils brilleront par leur absence
Comme moi, ce soir, qui suis nue dans mon lit,
Seule mais encore remplie de cet espoir
Qu’un homme qui lui ressemble
Vienne me voir pour me parler de lui.
25 02 2022
AK
( A Zelensky)
Commentaires récents