les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Merci à ce blog(en italien) qui m’a « redirigé » vers Ungaretti : https://viaungarettidue.wordpress.com/2022/04/01/conoscevo-aprile/
Poème tiré du site : http://www.barapoemes.net/archives/2017/05/13/35279130.html
Les fleuves
Je m’appuie à un arbre mutilé
Abandonné dans cette combe
Qui a la langueur
D’un cirque
Avant ou après le spectacle
Et je regarde
Le passage paisible
Des nuages sur la lune
Ce matin je me suis étendu
Dans l’urne de l’eau
Et comme une relique
J’ai reposé
L’Isonzo en coulant
Me polissait
Comme un de ses galets
J’ai ramassé
Mes os
Et m’en suis allé
Comme un acrobate
Sur l’eau
Je me suis accroupi
Près de mes habits
Sales de guerre
Et comme un bédouin
Je me suis prosterné pour recevoir
Le soleil
Voici l’Isonzo
Et mieux ici
Je me suis reconnu
Fibre docile
De l’univers
Mon supplice
C’est quand
Je ne me crois pas
En harmonie
Mais ces occultes
Mains
Qui me pétrissent
M’offrent
La rare
Félicité
J’ai repassé
Les époques
De ma vie
Voici
Mes fleuves
Celui-ci est le Serchio
C’est à lui qu’ont puisé
Deux mille années peut-être
De mon peuple campagnard
Et mon père et ma mère
Celui-ci c’est le Nil
Qui m’a vu
Naître et grandir
Et brûler d’ingénuité
Dans l’étendue de ses plaines
Celle-là est la Seine
Dans ses eaux troubles
S’est refait mon mélange
Et je me suis connu
Ceux-là sont mes fleuves
Comptés dans l’Isonzo
Et c’est là ma nostalgie
Qui dans chaque être
M’apparaît
A cette heure qu’il fait nuit
Que ma vie me paraît
Une corolle
De ténèbres
Cotici, 16 août 1916
Traduit de l’italien par Jean Lescure
In, Giuseppe Ungaretti : « Vie d’un homme : Poésie 1914-1970 »
Editions Gallimard (Poésie), 1981
Comme alouette ondoyante
Au vent gai sur les prés jeunes,
Viens, mes bras te savent légère.
Nous oublierons ici-bas
Et le mal et le ciel,
Mon sang trop rapide à la guerre,
Les pas d’ombres qui se souviennent
En des rougeurs d’aubes nouvelles.
Où la lumière n’émeut plus de feuilles,
Soucis et songes débardés sur d’autres rives,
Où le soir s’est posé,
Viens, je te porterai
Aux collines dorées.
L’heure stable, délivrés de l’âge,
Dans son halo perdu,
Sera notre lit.
© Giuseppe UNGARETTI
Extrait du recueil Sentiment du temps, traduit par Philippe Jaccottet
Poème tiré du site : http://www.poetika17.com/poemes
Biographie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Ungaretti
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