Pour qui vos tétons ? Déréliction des urnes…

Ce soir, John est resté seul dans la cuisinette. Voici une heure, un tigre de 5 mm a piqué un de ses doigts de la main droite dans le jardin. On ne voit que peu la boursouflure sur son majeur, car il l’a saisie en pleine transfusion avec sa langue de caméléon. Jenah, (en fait Ginette), sa compagne, est allée au bal avec une copine pour fêter les dix ans d’une radio locale. Il s’en voudrait qu’elle ramenât à la maison une maladie après avoir dansé aux sons des rythmes tropicaux, terribles porteurs de fièvres musicales. Son imagination, pour l’instant, semble intacte. Aucun syndrome incapacitant ne se vérifie, d’autant que demain il devra aller voter. Il craint pourtant que son majeur ne grossisse et dans quel orifice alors pourra-il enfourner son petit bulletin doux comme une poire à lavement. Qui en sera le meilleur récipiendaire ? Les tigres de papier nichent dans les urnes, mais quid des tigres du Bengale qui allument des feux dans les banlieues ? John se pose la question ; il sait perdre son temps dans les espaces abandonnés et les squares de métropole où jamais il ne saura résoudre la quadrature du cercle, car quand il va s ‘asseoir sur un banc, il est ivre-mort. Comme ce satané moustique qui, quand il l’a dégommé, a remis le goût du sang -le sien- dans sa bouche.

L’air est encore tiède dans la pièce, et la fraîcheur règne dans le jardin. Son doigt enfle. Est-ce le début d’une fièvre délirante ? Des mouches s’agglutinent sur l’écran de son ordinateur aussi moche que lui, question batteries. Pendant que Jenah électrise les hommes qui dansent avec elle, et dont le majeur est ailleurs que dans la main que les danseurs lui tendent. On ne peut pas faire confiance aux femmes quand elles dansent. Les magazines féminins en remplissent leurs pages de popotins dont les hommes raffolent. Demain, voire de la main gauche, il lui faudra aller à la mairie, voter comme d’habitude pour un candidat qui ne passera pas cette intention dévote du suffrage universel. Mais bon, quel plaisir que de se caler les fesses à vingt heures devant la télé et d’écouter tous les blablas des uns et des autres, qui ignorent tous que ce soir, vers 17 heures, un moustique tigre a piqué le bulletin de vote de John, celui sur lequel, proprement, il avait inscrit son nom.

11 06 2022

AK

PS : ce texte ne vaut même pas d’être rémunéré en roupies de sansonnet, ni en monnaie de (vieux) singe.

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :