les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Notre magazine télé vient de passer la clôture du jardin, aidé par un coup de vent violent d’une Major hollywoodi-bollorienne. En ce même temps un enfant sur la plage d’Ostende vient de se faire emporter par le ballon de baudruche qu’il tenait en main. On cherche le ballon pour retrouver l’enfant. Des témoins ont déclaré qu’en fait un tel gamin, soi- disant un petit goinfre mangeur de boulets liégeois, de frites cuites deux fois, de lacments et de sirop de Liège n’aurait jamais pu s’envoler dans le ciel flamand. Il devrait donc s’agir d’un autre enfant, genre flamand à fesses roses.
On ne sait rien. On ne sait rien de ce mouchoir brodé qu’un jour j’ai trouvé sur la plage de La Panne, un petit truc blanc à demi ensablé qui dépassait et semblait me crier au secours, s’il vous plaît, mes larmes et mon amour sont dans ce coton et ses jours de dentelles.Prenez-le avec vous, qu’importe la suite, avant que ne l’emporte le vent du Nord et la brise marine.
Quelle histoire peut-on écrire avec un mouchoir ?
Par exemple celle de ce marin tombé du bateau arrimé au port, à Anvers, alors qu’il éternuait bruyamment pour la huitième (prononcer hou-itième) fois. Il sortit le mouchoir de sa vareuse, mais celui-ci fut emporté par un grain de folie subit. Certes il était enrhumé, mais surtout complètement saoul d’avoir abusé de rhum. Le morceau de tissu s’envola jusqu’à la plage, où il raconta à qui voulait l’entendre qu’il vaut mieux boire des canons de Jupiler, qui font au bout du compte le même effet foudroyant que les éclairs de Jupiter.
Tout comme l’histoire de ce mouchoir qui faisait les poches de celui qui par mégarde l’avait enfourné dans son pantalon. Malgré son air timide, ce tissu pâle et fragile en fait était un sacré gredin. Ce tire-jus en effet était un mouchard travaillant pour la police des plages, celle qui contrôle la vitesse des chars à voile et la conformité des cerfs-volants, dressant des procès verbaux envoyés au bureau de l’UE à Bruxelles (autant dire dans les choux si le contrevenant avait payé l’amende sur place). On le retrouva un matin, entre deux châteaux de sable décrépits, percé de petits jours périphériques à l’aspect misérable.
Je ne parlerai pas ici de cette mouche noire que ma maîtresse avait peinte sur sa joue gauche et que je tentai de dissoudre en rapprochant mes lèvres aux siennes, tenant dans ma main cette soierie de bagatelle ramassée sur la plage de La Panne, d’autant qu’un peu plus tard j’en découvris une autre, tatouée sur son sein droit.
Quant à l’enfant qui s’était envolé avec son ballon de baudruche, je l’ai vu passer dans mon petit pays ; il riait. Mais il avait sacrément maigri, sans lacments. Les vallons d’ici aiment bien les wallons de là-bas. En automne des chasseurs tirent sur les palombes et les ballons rouges pour que les enfants perdus redescendent indemnes sur terre. Et ça, Bolloré s’en fout.
06 08 2022
AK
Que c’est bien raconté, tout ça !
Bonne soirée, illustre Karouge.
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Merci Maëstro!
J’ai, je crois, encore le mouchoir. C’est une vieille histoire. Le reste est un conte (ou un racontar, au choix !).
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mais on peut aussi trouver ça dans un mouchoir :
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Excellente trouvaille ! 🐰🐰🐰
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