les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
J’étais encore lycéen lorsque nous partîmes, aux vacances de février, avec un copain d’internat, à Paris, où un de mes frères habitait, censé suivre des cours aux Bozarts, mais il en esquivait la fréquentation avec gaieté et grande insouciance ; les parents payaient, et il devînt un temps, bien plus tard, dessinateur de BD.
Dans cette même année scolaire, les vacances de Pâques s’offrirent à un nouveau voyage, pouce levé mais de plus longue durée. Mon pote d’internat, Franck, et moi partîmes donc à l’aventure. Une première nuit à Toulouse, dans la salle d’attente de la gare Matabiau (à cette époque les gares étaient ouvertes toute la nuit), où un jeune gars avec lequel nous conversions fut arrêté pour une raison par nous ignorée. Puis ce fut Vintimille, même scénario, mais bancs plus inconfortables. Plus tard, la gare Santa Lucia de Venise, un éblouissement pour deux jeunes lycéens vagabonds : la beauté de la ville s’offrant à l’aube sentiment impérissable.
Bien entendu, entre temps nous pûmes profiter de haltes plus chaleureuses ou rudimentaires. A Innsbrück, il pleuvait. J’y suis passé trois fois depuis et…il pleuvait. Mais les belles bâtisses avec leur décorations qui ressemblent à des pâtisseries ne fondent pas, ce qui fait le charme de la ville. Puis nous nous retrouvâmes, je ne sais plus comment, à Munich (devinez où).
Mais auparavant, (celui qui cache la pudeur du temps qui passe), Franck et moi nous trouvâmes écroulés sur un banc public, au petit matin, ayant mal dormi, sur la rive du lac de Constance, en Suisse alémanique (Bodensee). Un brouillard épais recouvrait le lac, lorsque soudain nous entendîmes le sifflotement joyeux d’un pêcheur sur sa petite embarcation à voile et le regardâmes passer quelques minutes avant qu’à nouveau il disparaisse dans la brume. Un homme heureux. Il allait vers Saint Gall, où je me rendis quelques années plus tard, accompagné de mon frère. Ce moment reste gravé dans ma mémoire. Je me souviens qu’épuisé je m’étais allongé sur le banc, la tête posée sur les cuisses de Franck. J’aurais du l’épouser à cet instant, tant la quiétude, le silence et la tendresse que nous partagions alors était sublime. C’est ce que l’on appelle l’amitié (pas forcément virile).
Certains épisodes se sont évaporés de ma mémoire et sans doute une fois à Paris avons-nous pris un train nous ramenant au pensionnat. J’attends que le professeur Alzheimer titille ces vieux souvenirs. Mais finalement est-ce bien nécessaire ?
19 09 2022
AK
Les petits détails des souvenirs ne sont que de la fioriture, et souvent avec le temps ils sont déformés, c’est l’impression générale des souvenirs qui nous rendent heureux (ou pas). Là je te sens heureux de les écrire !
J’aimeAimé par 1 personne
J’en ai encore un dans la tête (concernant la Suisse). Intarissable !😊🙄
J’aimeAimé par 2 personnes
Alors à bientôt pour la suite des aventures de Karouge et Franck en Suisse.
Bonne soirée, illustre K.
J’aimeAimé par 2 personnes