les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
J’ai du perdre quelque part mon sens de la vie, le pourquoi et le comment y parvenir ou le retrouver. Le monde que j’habitais jadis est mon aquarium, l’intelligence est artificielle depuis l’invasion des algorithmes dans la géopolitique de la vie quotidienne. Rien ne persiste, tout s’efface. Hier soir encore, quand j’ai regardé ma femme, je l’ai prise pour une représentation holographique, comme en laissent certains hommes politiques. D’ailleurs, avec ma femme ,on ne se parle plus, on « télépathise ». Nos conversations silencieuses ne sont troublées que par le four qui bippe, la machine à laver qui bippe, le lave vaisselle qui bippe, ou les chats qui miaulent ; le mieux, c’est de n’avoir pas de chat chez soi, leur ronronnement crée des interférences dans la conversation télépathique. Ce fait a été prouvé par des études de l’université de Pétaouchnock, dont j’ai obtenu le diplôme par internet en tant que professeur honoraire voici quelques jours, et j’en profite pour vous dire que je viens d’éditer mon livre, « La Télépathie, les lendemains de la Télévision », aux éditions Didonc.
Je relate, dans mon livre, comment je me suis entretenu avec ma mère, décédée depuis plusieurs années, en m’asseyant simplement sur sa tombe. Cela se situe dans un cadre intime que je ne puis aborder ici. Par contre, le cimetière avait bien des faits, des anecdotes et des crimes de sang qui intéresseront mes (?) lecteurs plus tard (ma mère était très bavarde), et notamment ce fait divers qui alimenta les journaux durant la pénurie de papier toilette et d’huile de coude qui connut un pic avec celle de la moutarde dans les rayons solaires des supermarchés.
Il s’agissait d’un certain Julius, né en 2001 à Pontoise. Un type comme les autres, mais comme il était comme les autres personne ne se douta qu’il était en fait un robot.Ni asiatique ni noir, ni arabe, ni blanc, un bonhomme qui fait son marché dès que les camions de Rungis parcourent la France entière et que les commerçants se mettent à chanter les louanges des produits qu’ils vendent. Julius aimait rôder d’un étal à l’autre, écoutant les paroles prononcées à hauts cris qui semblaient dans ses oreilles devenir un opéra aux instruments rudimentaires : les hachoirs des bouchers, les tranchoirs des poissonniers, le couteau musical des maraîchères, et ce chœur chaleureux des clients dans les allées , tout cela investissait son cerveau artificiel, et quand il retrouvait sa compagne robote, du nom androïdique de Louise, sans user un seul mot, qui puisse être mal interprété par les câbles e.sociaux. Il rapportait les courses et les ragots du marché, dont ensuite tous deux se délectaient devant leur ordinateur connecté au Cosmos
Entre eux, pas besoin de parler. Louise lui servait un verre de vin blanc et prenait pour sa part un café noir des monts de la Lune (Éthiopie) bien qu’il fût midi, et mettait un CD de Natalie Cole. Julius la connectait ensuite sur une autre planète dotée de sept ciels et malheureusement les chats aux abords de leur logis se mettaient à interférer en miaulant comme des diables quand on tire leur queue fourchue. L’histoire de ce couple tranquille fut révélée dans la gazette locale dans la chronique des faits divers interstellaires. Le drame se déroula un soir de panne générale d’électricité alors qu’ensemble ils traversaient la rue pour se réalimenter sur une borne fonctionnant au Carbone 14. Un camion fou, arrivant de Rungis, en retard (5 secondes sur le GPS) pour livrer sa marchandise les percuta. On découvrit alors que leur carapace était bourrée de minerais issus de terres rares (les monts de la Lune) et l’on douta longtemps de l’origine de ces deux ruisselets qui coulaient de leurs entrailles cybernétiques, l’un noir comme du café, l’autre blanc comme un château Yquem.
Depuis, avec mon épouse, nous buvons nos paroles sans mot dire, ni maudire les algorithmes qui galopent dans le salon en faisant bip bip. À noter que nos chats sont dressés naturellement, sans OGM ni croquettes Nestlé (Purina et autres), et se nourrissent de ces bruits intempestifs. D’autant que nous n’avons plus d’électricité car incapables de payer la facture géopolitique de notre vie quotidienne.
29 12 2022
AK
Et les chats, savais-tu qu’ils viennent de la planète Asparagus Gigantis pour nous observer, et qu’ils transmettent toutes les données qu’ils peuvent capter sur les humains pour préparer l’invasion de la Terre ? 🐱
Bonne soirée, illustre Karouge.
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ça me rappelle Franck Margerin dans, je crois, Tranches de Brie;
bonjour à ton épouse et à ta maman
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Merci. Je leur envoie ton bonjour dès que je me reconnecte !🚀
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