Abandon et retrouvaille

J’abandonne . J’abandonne mes mots

Sur la survie des chants et des batailles

Je taille ma sale gueule sur la vieillesse

Qui me mine et vos rires aimables, je les fuis

Je suis parti dans un jeu de poker, ai perdu

Je ne laisserai aucune trace, nulle empreinte,

Le Paradis je vous en laisse ma maigre part

Mais n’engage personne à y participer

Je ne vaux plus rien du vaurien que j’étais

Rire de soi est parfois difficile, les paupières

Ne marquent de rimmel que les faux cils aveugles

J’abandonne mes yeux dans la caverne des puits

Celle où les pleurs tarissent les nappes phréatiques

J’épluche ma sale gueule comme l’économe une patate

Je suis allé plus loin et en suis revenu, couvert de sable

Oubliant que tout se réduirait en poussières, en grammes,

MAIS

Je suis nu sous la lumière

D’une femme

Qui sourit

Et me grise

Je suis nu sous la fenêtre

De l’âme

Qui me fusille

Et me poudre

Je suis né sous le feu

De la marmite

Qui grésille

Et me brûle

Je suis venu sous la pluie

Des baisers fous

Qui l’enveloppent

Et me confondent

Je suis Vénus sous la lumière

Du peintre excessif

Qui me révèle

Et m’éternise.

Quand une femme belle, une étrangère aux hanches souples,

Demande à un homme, nu sous la lumière,

« souris-moi ! »

Méfie-toi.

Ne sois jamais celui qui cède,

Mais songe, à peine au fond de toi

Que souris grise fait ton repas

Et blanche, expérience de laboratoire .

02 09 1986

AK

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