les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Pendant des décennies on défie l’âge qui descend
Les escaliers, les maladies et les concierges immobiles
Puis tombe le verdict : la vieillesse et les maladies
Qui en racontent plus que tout langage codé
La Mort s’installe au rez de chaussée
Et les envies de vivre disparaissent sans bruit
Dans le silence des souterrains. L’œil devient noir,
Le nègre renverse les colonies absurdement blanches
Et l’âme des prêcheurs se noie dans l’eau évangélique.
Il est temps de partir, cesser de se morfondre
Allonge-toi sur le jour qui se lève, tu en es la lumière
Mais aussi la misère qui parade quand les orages éclatent
L’aube blanche n’est qu’un trou, une semence féodale
Que la terre désormais refuse d’engendrer
La Mort s’installe au rez-de -chaussée
L’eau manque et tes pieds sales se lessivent de boue
Mais marcher reste un fruit que nul autre dévore
Car tu avances depuis des décennies, défiant l’âge
Qui grandit plus vite que cette ombre qui ourle
Chaque pas , raconte plus que tout langage codé
La vie qui t’appartient et jamais ne se refuse
Que tu sois nègre ou blanc, les pupilles sont noires
Quand l’avenir s’ouvre sur les routes insensées
Puis tombe le verdict : impossible de t’accompagner
Le jour se lève et ce matin j’en suis incapable,
Le monde des souterrains est venu en costume
Chanter des thrènes et les regrets que je n’ai pas
Cortège évangélique de pilleurs d’héritages
Dieu a tout pris il ne reste que mon vieux dentier
Mes fausses dents noires des colonies blanches
Mon rire est encore dans mes pets de saint Elme,
Le verdict est tombé : la vieillesse , puis mourir dans son lit.
La concierge immobile, sur le palier, balai en main,
Regarde passer les ambulanciers . Il y a du monde
Dans l’escalier, elle devra balayer les pétales, les bouquets
Qui en racontent plus que tout langage codé :
Il n’est rien arrivé. Ces vieux-là, c’est du passé.
18 04 2023
AK
bravo pour « L’aube blanche n’est qu’un trou, une semence féodale » et « Mais marcher reste un fruit que nul autre dévore »; nonobstant, comme dirait l’autre, mon petit k, même décati, vivre c’est plutôt sympa, j’en témoigne
J’aimeAimé par 1 personne
« quand le chat dort l’homme veille. Et réciproquement. (ce qui est plus courant). »
Parfois des pensées fulgurantes traversent ma vie et je ris de les saisir au vol ; je dois être un drôle d’oiseau, un merle, noir blanc ou gris, selon la couleur du temps. Par beau ciel je deviens oiseau bleu qui jadis courait dans la montagne. Et je vais faire la sieste sous le pommier en fleur : c’est plutôt sympa, j’en témoigne également.
J’aimeAimé par 1 personne