les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Vous ne savez pas combien je m’obéis durement
Entre moi et vous, il y a moi.
Vous ne vous en doutez toujours pas, mais je suis là.
Mon
Dieu, tenez-moi dans votre élévation.
Mettons
si vous voulez
un badigeon bleu pomme et des larmes de lait ou de miel
un smoking de chez le grand faiseur
un accent d’angora quelque chose d’antique
étincelles en moire le cuir anglais d’antan
un glabre majordome deux ou trois aunes du plus noble des shirting limited
C° and C°
Milan à l’Opéra la virtualité insigne d’un grimoire
une grappe de fruits le craquant d’un biscuit et même un peu d’orgeat
Mettons
si vous voulez
un cerveau d’astronome
Et ce sera la nuit
Vous êtes belle
belle
belle
Vous êtes belle comme un calorifère
Si je vous disais tout !
On ne vous pardonne pas de vous suffire à vous-même.
Indécise cité des femmes vos mains
beaux peignes effilés
vos mains de feuilles fortes ô mains fidèles et adroites nous vous fûmes confiés indociles à vous fuir mains d’ondées ô gracieuses à nos têtes
d’enfants exerçant leur science exorables légères
mains à bouquets mains à blessures mains salutaires à nos fronts Épouses des enfants
Si vous voulez le fond de ma pensée, préparez-vous à une chute vertigineuse.
Vous avez laissé faire un monde de corruption.
Vous avez laissé faire un monde de mensonge.
Vous avez laissé faire un monde de lâcheté.
Vous avez laissé faire un monde d’ignorance.
Vous avez laissé faire un monde de routine.
Vous avez laissé faire un monde de pauvreté.
Vous avez laissé faire un monde de souteneurs.
Vous avez laissé faire un monde d’équarrisseurs.
On arrête.
On emprisonne.
On torture.
On assassine.
Et maintenant – qu’est-ce que vous espérez ?
Non, je ne suis pas mort, mais que ça ne vous empêche pas de m’envoyer des fleurs.
RÉCOMPENSE
Si vous êtes raisonnables toute la semaine
Si vous faites bien vos devoirs
Si vous apprenez bien vos leçons
Si vous ne vous battez pas avec vos camarades
Si vous ne tirez pas la queue du chien
Si vous mangez bien votre soupe
Si vous ne faites pas crier votre grand-mère
Si vous vous lavez les mains avant de vous mettre à table
Si vous vous brossez bien les dents
Si vous allez vous coucher sans pleurer
Si vous faites votre prière tout seuls
Si vous êtes bien sages avec maman
Dimanche on ira voir papa à l’asile
Je vous laisse tomber.
Je ne marche pas dans vos conneries d’avenir idyllique.
Choses dites (CME, )
Wikipédia (extrait) : »
Louis Calaferte, fils d’un père immigré italien, maçon, et d’une mère stéphanoise, couturière à domicile, passe son enfance – à la fin de laquelle son père meurt de tuberculose – et son adolescence – correspondant aux années de guerre 1939-1945 – entre Lyon et la Haute-Loire.
Après l’obtention du certificat d’études, il travaille tour à tour comme garçon de courses, manutentionnaire dans une entreprise textile, manœuvre dans une usine de piles électriques, puis apprenti dessinateur dans un cabinet de dessins sur soierie. À cette époque, grâce à des retransmissions radiophoniques, il découvre le théâtre et s’essaie à l’écriture de nombreuses pièces1.
En , il quitte Lyon pour Paris, espérant devenir comédien. S’ensuivent quatre années de misère et de doute pendant lesquelles il continue néanmoins d’écrire. Des rencontres décisives ont lieu : en 1949, avec Guy Rapp, comédien et metteur en scène, qui lui apportera son amitié et l’encouragera à écrire ; en 1950, avec Guillemette, qui partagera sa vie ; avec Joseph Kessel, à qui il soumet, en 1951, le manuscrit de Requiem des innocents. Ce « père en littérature », lui prodiguant ses conseils, et après l’avoir fait retravailler, le présente à l’éditeur René Julliard. Le livre est aussitôt accepté, publié en 1952 et suivi, en 1953, de Partage des vivants, qui connaît un réel succès critique.
Pauvres NOUS !
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