Les mardis de la poésie : Michel Leiris (1901-1990)

Poésie ?

par Michel Leiris

Cette chose sans nom

d’entre rire et sanglot

qui bouge en nous,

qu’il faut tirer de nous

et qui,

diamant de nos années

après le sommeil de bois mort,

constellera le blanc du papier.

Age des Cœurs

Le bel âge des vacances
L’âge des croisées ouvertes des pores illuminés par le bain
L’âge des cœurs sans lest autre que le sable mouillé à chaque battement de marée sculpté en château-fort

Le bel âge de sable

à chaque seconde illuminé par la marée

allégé par le bain

L’âge des cœurs ouverts

que ne grave ni ne mouille

l’eau-forte d’aucun remords

L’âge du sable répandu

à profusion

par les créneaux du château-fort

L’âge des cœurs

que la mer sculpte grain par grain.

Corruption

Les hommes

torturés dans leurs corps

et pourris jusque dans leurs mots

dont tant sont aujourd’hui déviés

de leur pôle naturel

Les choses

vidées de leur contenu

et devenues oripeaux

de la puante comédie

où le monde sue sang et eau

Le son singeant le pain

le bois changé en laine

la couleur rouge en vin

alors que le sang blêmit sur les murs des prisons

ou brunit en se mêlant à la boue

La terre prise pour tanière

la lumière obscurcie

la femme faite nuée de larmes

et l’homme mué en pierre

dont chaque jour comme chaque nuit accroissent le silence

Faudra-t-il

ô victimes

être à votre tour bourreaux

pour rendre à leur destin les essences?

Poèmes titrés du site : https://www.poemes.co/

Biographie : Michel Leiris est né le 20 avril 1901 au sein d’une famille bourgeoise cultivée habitant au 41, rue d’Auteuil dans le 16e arrondissement de Paris. Sa famille le pousse contre son gré à faire des études de chimie alors qu’il est attiré par l’art et l’écriture. Il fréquente les milieux artistiques après 1918, notamment les surréalistes jusqu’en 1929. Il se lie d’amitié avec Max JacobAndré MassonPicasso, etc. Son œuvre a marqué les recherches ethnographiques et ethnologiques.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Leiris

Un commentaire sur “Les mardis de la poésie : Michel Leiris (1901-1990)

  1. A la croisée du temps rongé

    et de l’espace mercenaire

    si je suis neige qui tombe

    braise qui s’éparpille

    mon grief sans visage

    ce n’est pas contre vous que je l’articulerai

    oh non

    Méduses (Michel Leiris)

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