Comme mon Burger n’était plus chaud, vu que le livreur s’était ramassé sur le macadam j’ai mangé des frites faites maison dans ma vieille friteuse (avec du ketchup). Et puis j’ai ouvert une boîte de nourriture pour chats (marque Canaillou) et l’ai dévorée à la petite cuillère. Je me suis couché tôt ce soir-là, car je ne voulais pas être en retard à l’ouverture de huit heures de l’hypermarché. Des promos d’enfer seraient proposées aux premiers clients qui se présenteraient. Cette nuit-là, vers trois heures, j’ai ressenti des ballonnements dans le ventre. Puis ils sont lentement montés dans mes poumons. Je ne souffrais aucunement mais ce charivari dans mon corps devenait inquiétant. Jusqu’au moment où pensant éructer j’ai entendu un drôle de bruit ; j’ai alors compris que j’avais un chat dans la gorge. Un putain de matou qui m’avait poursuivi depuis le fast food où j’avais passé ma commande avec mon Iphone. Tout d’abord, je me suis tu. J’ai réfléchi. Est-il possible que ce sale chat se soit planqué dans mon téléphone et ait suivi la trace de ma commande ? Puis l’idée me traversa qu’il était planqué dans la carte SIM, avec une application Tic Tac Toc qui enregistrait tout de ma vie privée et de mes fringales. Pour l’heure le matou se taisait, je sentais ses poils dans mon gosier qui frissonnaient contre mon larynx sans pousser la chansonnette. Un temps de répit. J’ai par expérience appris que les chats ne mangent pas de frites, sauf quand elles sont bien salées, mais adorent lécher le ketchup (comme les humains se précipitent faire un checkup quand ils se croient malades).
Vous me direz que c’est absurde, bien que ce soit la pure vérité : je me suis rendu dans la salle de bain afin de pratiquer mon diagnostic personnel qui vaut bien celui d’un Diafoirus : brossage de dents, rasage aléatoire (éviter la moustache pimpante), gargarisme sommaire, et par amusement (ou dépit vue ma tronche) devant le miroir embué, je me suis tiré la langue. Eh bien, je n’ai pas reconnu cet appendice. De fait, c’était la langue du chat, râpeuse, d’un rose pâle de socialiste (comme celle du temps où j’aimais bien Jack Lang, ce qui remonte à loin). Visiblement, le minou me narguait, ou se vengeait d’avoir pris sa nourriture. Je réfléchis rapidement, saisis mon sac à provisions et sautais dans le premier tramway qui se rendait en ligne directe à l’hypermarché. Je tenais ma revanche mais la partie n’était pas pour autant gagnée.
Je filais illico vers les rayons d’aliments pour animaux domestiques. Une profusion de produits s’étalait sur une quinzaine de mètres linéaires: à gauche les chiens, à droite les chats. Les cochons d’Inde, les lapins, les canaris et tout le toutime ne prenaient qu’une place marginale. Je sentis ma langue s’humidifier et ma gorge me chatouilla, balayée par le mouvement d’impatience du chat, qui ne voyait que par mes yeux tous ces mets ensachés sur le long rayonnage. Lui les sentait par son subtil odorat, moi subjugué par les couleurs chatoyantes des emballages. Les chats voient en noir et blanc, paraît-il, contrairement à nous qui nous éblouissons dans l’artifice des coloris et des prix promotionnels.
Plus ce remue-ménage balaie mon larynx et ma gorge, plus je le sens monter dans la cervelle de mon porte-monnaie ; une voix me susurre dans un ronron étrange « tu sais bien que je ne sais pas lire alors que toi tu lis ce qu’il est écrit sur les étiquettes, même si ce n’est pas plus gros qu’une crotte de souriceau, alors, dis-moi tout ! ». Je tousse, crachote et éternue sur le premier paquet, du Nestlé (marque Purina-Friskies), puis continue la lecture sur d’autres étiquettes écrites en tout petit -les ingrédients et constituants analytiques- que privilégient les trois industriels qui régissent la nutrition animale en se partageant les croquettes dorées. Il y a tant de choix (bœuf, poulet, saumon, végétarien) pour les chatons, les chats constipés, les mémés, des friandises (pour les mêmes) que le matou finit par me dire : » merci, tu as été bien gentil, pour te remercier, dans une ultime éructation, je vais sortir. Mais ferme les yeux, et ce pour deux raisons : la première sera que mes poils sont encrassés et gluants, vue la vie que je menais dans ton appartement, la seconde, c’est que par la même occasion tes poumons de fumeur vont aller s’oxygéner à l’extérieur de ton corps rond comme un Burger.
Alors qu’une télé en continu vadrouillait dans l’hypermarché pour un reportage concernant l’augmentation des coûts dans l’alimentaire (16%), j’ai senti l’odeur d’un micro que personne ne me tendait. J’avais complètement oublié que j’avais donné ma langue au chat et que ce saligaud non seulement frottait ses hanches poilues contre la journaliste lorsqu’elle baissa son micro pour interviewer le chat. Ce salopard en profita pour raconter pis que pendre sur mon compte, qu’il se moquait bien de l’inflation vu que je lui volais sa gamelle, ne lui laissant que la salaison des frites et le ketchup à lécher.
Une heure plus tard, il passait à la télé. J’en eus les vibrisses toutes retournées , d’autant qu’avec le logiciel Chat GPT ce n’était pas le chat qui parlait, mais moi, avec ma tête de couillon aussi photogénique qu’un cancer du poumon sur un paquet de tabac à rouler.
31 03 2023
AK
Des images de Pest, la ville basse.
https://www.lefigaro.fr/international/le-hongrois-viktor-orban-ne-veut-pas-lacher-moscou-20230202
Le premier ministre hongrois se montre convaincu que l’Ukraine ne peut pas résister à la Russie sur le long terme et reprendre ses territoires.
Envoyé spécial à Budapest
«Viktor orban est une tête de p…», «une ordure», la Hongrie un «paria historique». Borys Filatov, le maire de Dnipro, a piqué une grosse colère sur sa chaîne Telegram après que Viktor Orban a comparé l’Ukraine à un no man’s land comme l’Afghanistan, lors d’une rencontre à huis clos avec des journalistes. «Sortez des jupes de l’UE et de l’Otan et nous vous balaierons en trois jours», s’est encore emporté Filatov, tandis que le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur hongrois à Kiev.
Un an après l’invasion du 24 février, Viktor Orban continue de faire bande à part en Europe. Il se montre convaincu que l’Ukraine ne peut pas résister à la Russie sur le long terme et reprendre ses territoires. Il déplore que l’Occident se soit laissé entraîner dans la guerre «jusqu’au cou» et que l’on ne puisse plus exclure que l’Otan franchisse le Rubicon en envoyant des troupes pour contrer de futures offensives russes. «La Hongrie n’est en guerre avec personne…
Cet hymne pacifiste et utopique, invite l’auditeur à imaginer un monde sans frontières, sans pays, sans religions, sans raisons de tuer ou de mourir pour une cause, sans possessions, et au sein d’une grande fraternité humaine (source : wikipedia)
https://www.lacoccinelle.net/243444-john-lennon-imagine.html
Imagine
(Imagine)
Imagine there’s no heaven,
Imagine qu’il n’y a aucun paradis,
It’s easy if you try,
C’est facile si tu essaies,
No hell below us,
Aucun enfer en-dessous de nous,
Above us only sky,
Au dessus de nous, seulement le ciel,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Living for today…
Vivant dans le présent…
Imagine there’s no countries,
Imagine qu’il n’y ait pas de pays,
It isn’t hard to do,
Ce n’est pas dur à faire,
Nothing to kill or die for,
Rien à tuer ou pour lequel mourir,
No religion too,
Pas de religion non plus,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Living life in peace…
Vivant leur vie en paix…
You may say I’m a dreamer,
Tu peux dire que je suis un rêveur,
But I’m not the only one,
Mais je ne suis pas le seul,
I hope some day you’ll join us,
J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,
And the world will live as one.
Et que le monde vivra uni.
Imagine no possessions,
Imagine aucune possession,
I wonder if you can,
Je me demande si tu le peux,
No need for greed or hunger,
Aucun besoin d’avidité ou de faim,
A brotherhood of man,
Une fraternité humaine,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Sharing all the world…
Se partageant le monde…
You may say I’m a dreamer,
Tu peux dire que je suis un rêveur,
But I’m not the only one,
Mais je ne suis pas le seul,
I hope some day you’ll join us,
J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,
And the world will live as one.
Et que le monde vivra uni.
Tout laisse à croire, hélas, que nous n’en prenons pas la direction, mais l’opposée : celle des guerres permanentes et meurtrières.
« La nuit d’avant, on avait vu le grand départ de tous les hommes. C’était une épaisse nuit d’août qui sentait le blé et la sueur de cheval. Les attelages étaient là dans la cour de la gare. Les gros traîneurs de charrues on les avait attachés dans les brancards des charrettes et ils retenaient à pleins reins des chargements de femmes et d’enfants.
Le train doucement s’en alla dans la nuit : il cracha de la braise dans les saules, il prit sa vitesse. Alors les chevaux se mirent à gémir tous ensemble. «
« Le grand troupeau » de Jean Giono
« quatrième de couverture : un réquisitoire contre la guerre ».
À lire, c’est un terrible roman sur la guerre de 14. Donc des autres à venir.
Et même qu’ils ne parlaient même pas anglais 2e langue et qu’ils l’ont oublié depuis (sauf dans un énorme paquet d’expressions actuelles -la story, les fake news, le brainstorming, le green (bashing), à ne pas confondre avec les no great bassines des 2 Chèvres, etc).
Ainsi, je laisse Saint Google traduire les paroles de ce groupe qui résonne encore sans raison dans mon antique cerveau devenu lent. Mais c’est par pure méchanceté vis-à-vis de mon horloge personnelle.
SITE DE LA TRADUCTION : https://fr.muztext.com/lyrics/chicago-does-anybody-really-know-what-time-it-is-live (sans doute paroles à prendre au second degré)
Un homme est venu vers moi et m’a demandé |
Quelle heure était-il sur ma montre ? |
Ouais… et j’ai dit |
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ? |
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment? |
(Il était temps) Si oui, je ne peux pas imaginer pourquoi |
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour pleurer |
Et je marchais dans la rue un jour |
Une jolie dame m’a regardé |
Et a dit que sa montre en diamant s’était arrêtée net |
Et j’ai dit |
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ? |
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment? |
(Il était temps) Si oui, je ne peux pas imaginer pourquoi |
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour pleurer |
Et je marchais dans la rue un jour |
Être poussé et bousculé par des personnes |
Essayer de battre l’horloge, oh, non |
Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas-oh |
Et j’ai dit… oui, j’ai dit |
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ? |
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment? |
(Il était temps) Si c’est le cas, je ne peux pas imaginer pourquoi |
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour mourir |
Tout le monde travaille |
(Je m’en fiche) Je m’en fiche |
(Il était temps) Il était temps |
(Oh non, non) Je m’en fiche |
Les paroles originales sont sur le site ci-dessus mentionné.
Regarde, bel enfant, comme la branche d’olivier
Que le vent pousse sur la route s’éloigne
Dans le brouillard de l’aube, telle la colombe
Sur le dessin parfait de Picasso sur la vitre
En deux gestes la poésie, l’envol et la magie
Que ses doigts peignaient d’un pinceau franc .
Où est passée la paix, le sourire des enfants,
Le vent pousse sur la route son charroi de misère
Les hirondelles ne font plus le printemps
Elles circulent en motos et frappent les manifestants
De bois durs comme celui des oliviers sans cigales
Regarde, bel enfant, comme la liberté en plein midi
Remplit de tes larmes la poudre des grenades lancées
Par des gens à toi semblables mais d’un autre métier
Regarde cette ligne lointaine et si proche qu’est l’horizon,
Il n’y en a qu’une que franchissent parfois l’amour
La passion et les incertitudes des rêves, l’oubli aussi,
La route est un drôle de ruban infesté de turbans
L’arc en ciel en noir et blanc sur les photos de Picasso
Peignant d’un geste vif une colombe sur le carreau
Et toi, petit gars, dans quelle histoire magique
Ta route trace-t-elle ton chemin de vie, dans ce vide
Éloquent, tumultueux dans son silence d’avenir bienheureux
Je ne sais que te dire, bel enfant, sinon que l’olivier
Dans une terre lointaine a pris racine ; à son pied dort la colombe.
25 03 23
AK
Le jour de son anniversaire, Thomas se regarda dans le miroir de la salle de bain. Il avait dix ans. Toutes les fioles, les onguents et la mousse à raser qui trônaient sur la tablette de verre lui firent verser d’abondantes larmes. Il se rendit compte qu’il était trop jeune pour galoper derrière les gazelles qu’étaient ses cousines, pourtant âgées d’à peine douze ans, mais qui avaient acquis la maturité de la jeunesse entre l’an dernier et le moment présent, avec leurs propres règles, purement féminines. Il s’observa de plus près dans le miroir dépoli aux angles ébréchés, et seul un fin duvet sur sa lèvre supérieure brilla nonchalamment, comme le ferait une pie sur la page blanche d’un écrivain raté. Tel un oisillon, ses ailes ne servaient encore à aucun envol ni aventure amoureuse. Pourtant il frétillait lors de cet anniversaire dont il était le héros, la famille réunie festoyait et il se pensait puérilement maître de cérémonie. Pauvre Thomas !
C’était le dernier né de cette famille nombreuse, celui dont le père avait fini par abandonner les colonies, faute de guerres perdues. De fait, il avait des frères et sœurs plus âgées que lui, certaines déjà adultes, d’autres encore adolescents, ce qui était le cas de ses frères. L’aîné travaillait comme apprenti dans un garage de banlieue et roulait dans des voitures véloces, rouges mais souvent en panne, qui mettaient son salaire sur la paille, l’autre avait des amis qui roulaient encore en mobylette, des Honda avec le moteur sur la roue arrière, et des filles entouraient ces beaux gosses que Thomas jalousait d’être des proies faciles pour ses frangins motorisés que l’odeur d’essence semblait pâmer, qui grimpaient sur la selle ou le siège en faux cuir du bolide obsolète. La panne n’étant qu’un prétexte pour l’invite amoureuse, car il connaissait les histoires chuchotées dans la chambre voisine où ses frères tenaient leurs conciliabules.
Thomas n’était aux yeux de ses frères qu’un morpion, ce qui était vrai, mais un morpion qui se voyait en face de la glace et se jura de damer le pion à sa fratrie dès qu’il aurait seize ans, ou l’âge de Rimbaud, (il ne savait pas exactement), et une à une les beautés avec lesquelles ses aînés avaient convolé, il prendrait leur place, tel un prince arabe dans le désert, dans une salle de bain aux jacuzzi bouillonnants, dans une vieille bagnole mise au rebut ou un palace exubérant,qu’importait : il se vengerait de n’avoir pas de moustache ni de barbe le jour de son anniversaire.
La vie est longue pour un enfant, et les épreuves nombreuses : la première était le catéchisme, dont le père ne voulait pas mettre le curé en défaut (son père se présentait aux élections communales), puis vint la communion solennelle, puis les boutons d’acné, puis les ivresses incontrôlées des fonds de bouteilles laissées au radoub des soirs d’anniversaires et d’élections, que son père perdit deux fois, jusqu’à annoncer, le gosier à sec, qu’il ne se représenterait plus ni ne ferait d’enfant à son épouse, qui venait d’avoir la ménopause, ce qu’il ignorait comme beaucoup d’hommes politiques ou pas.
Il existait, croyait-on, dans ce petit pays, une manière de faire pousser la moustache aux jeunes couillons. L’exemple venait surtout des grands-mères qui en arboraient de belles, brunes à souhait et fournies sur la lippe supérieure, de vraies maréchales d’Empire. Il fallait pour cela s’enduire entre le nazibus et la lèvre du dessus de fiente de pigeon. Mais les pigeons, que l’on nomme ici palombes, sont de grands voyageurs. Et comme les chasseurs les mitraillaient quand elles passaient, elles franchirent le pays en passant sur l’océan plutôt que dans les cols tendus de filets et de cartouchières.
Thomas engagea sa quête amoureuse avec ses trois poils de moustache qui se multiplièrent comme des petits pains et même au-delà de ses espérances. Il remercia même son père de ne pas s’être mis le curé en travers de sa communion à venir, tant il avait prié pour que poussent ses attributs masculins tous les soirs, quand sonnait l’Angélus .
Avoir dix ans ce jour-là, c’était franchir la moitié du Rubicon. Pompée l’attendait sur l’autre rive, celle des faits et des gestes. Il ne suffisait pas d’avoir envie, il lui faudrait la vie et le pouvoir d’accomplir ses désirs encore chimériques. Il s’y prépara de suite, prenant le bâton de khôl de sa mère, et à l’instar de Groucho Marx, s’en barbouilla la lèvre supérieure jusque sous le nez et les sourcils. Quand il revint dans le salon, un grand éclat de rire l’ ovationna. Thomas était taquin, déclara le père. Sa mère était furieuse, le ricil coûtait une fortune, et les fantasmes des adultes ne devaient en aucun cas être accessibles aux enfants.
Dix ans plus tard exactement Thomas enduisit ses lèvres d’un rouge fuchsia, ses cils de rimmel et ses joues de poudre de riz, assortiments qui le rendaient semblable à une geisha de l’Empire du Milieu. La ressemblance était confondante. Il venait de trouver du travail dans un petit cabaret où toutes les princesses qu’avaient auparavant fréquentés ses frères, y répandre leurs prétentions masculines s’effaçaient sous les lumières tamisées. Il avait enfin atteint la maturité de ses désirs enfantins. Dans la loge où il se maquillait il s’aperçut que les quatre angles du miroir étaient légèrement ébréchés. Il avait perdu sa jeunesse dans le miroir, mais le spectacle allait commencer et il oublia cette infime référence à son passé.
20 03 2023
AK
Deux frères de 26 et 27 ans, comparaissaient devant le tribunal correctionnel pour des violences au cours d’un concours de pétanque.
Infos : « la Dépêche »
Le chat dormait sur la table de jardin sur laquelle je devais étendre la nappe. En ce presque printemps, il faisait beau. Il est bien connu que les chats ne respectent aucune des règles de l’art de vivre que pratiquent les humains. Raison pour laquelle je l’ai saisi par l’encolure et l’ai bazardé au-dessus de la haie, chez le voisin qui, comme nous, soufflait sur les braises de son barbecue. Le chat atterrit sur la pelouse que tondait son épouse. Elle eut un haut le cœur en voyant le minou étendu dans le gazon. Elle s’approcha, « pauvre minou ! » dit-elle. Puis elle redémarra l’engin qui coupe l’herbe comme la barbe des ours, vu que son mari la surveillait comme des merguez sur un brasero syndical.
Dans la résidence voisine, un immeuble de deux étages, avait été aménagé un boulodrome sommaire, où chaque après-midi après la sieste venaient chômeurs et retraités, une dizaine par beau temps, rapprocher le cochonnet de leurs boules, pour des parties sans enjeu, car leur petit club était essentiellement composé d’amateurs . Sauf bien sûr quand la gente féminine venait participer aux parties, dont certaines avaient, il faut l’avouer, des rondeurs que jalousaient les veufs et les célibataires. Ce que dans le journal on nommait la France Profonde, mais dont tout le monde ici se fichait.
Jusqu’à ce jour où deux frères vinrent jouer sur ce boulodrome auquel aucun bastaing n’arrêtait les boules, les pointes comme les tirs, les carreaux essentiels. Le chat les regardait de loin et le cochonnet en certaines occasions, se déguisait en ballon ovale. Ces deux cons (mais ce ne sont pas les seuls, car la pétanque induit pas mal de choses depuis qu’elle est considérée comme sport olympique, bien que rien ne soit sûr ! https://www.ouest-france.fr/sport/petanque/) février 2023
Puis arriva la condamnation à 400 ans de prison. Bon, que peut-on dire de cette nouvelle stupidité ? Que peut-on dire de cet état du Wyoming qui interdit la pilule abortive ? Rien, silence ! KKK.
Bon, c’est dimanche. Dieu se repose et c’est encore moi qui suis de service (jusqu’à Pâques, après on verra !)
18 03 2023
AK
J’ai attendu quelques décennies avant de comprendre que la naissance en ce monde entrait en même temps que la corruption de la mort. Tous les cliquetis terrestres n’étaient que des signes incertains et logiques de ce qu’était la vie. Je n’ai plus la force de m’abandonner et l’inattendu est semblable à des bretelles suspendues en deçà du néant. Je vais sauter dans le vide, ouvrir mon parachute, et revivre. Je vais retrouver mes rires d’enfant, mes amours de jeunesse, mes vagabondages. Tout sera suspendu à l’altitude à laquelle on me larguera. L’homme approche, sous un uniforme qui sent la naphtaline. Il vérifie notre identité, les ordonnances des médecins, notre physique (nous marchons quelques pas dans la cour attenante à la piste). Puis il crie : go !
Les hélices du Transall C167 font un bruit infernal, les vaches en contrebas dansent, affolées par leur tonitruance. Il fait beau. Et tous mes compagnons savent que c’est juste un exercice , un saut loin de la guerre, la vraie. Un genre de dictée pour apprendre le métier. La terre est en bas, et dans l’espace bruyant de la carlingue, je songe à mes souvenirs d’enfance dans les Pyrénées. À ce sentier caillouteux qui menait au pic du Midi de Bigorre. Une heure de marche et cette angoisse qui m’envahissait de chuter sur tous ces pics pointus de la montagne, chaîne majestueuse qui se dévoilait au fur et à mesure de l’ascension. Mon père marchait devant, à grands pas de militaire en permission, loin du djebel et de l’Indochine pour quelques jours encore, et ma mère me tenait par le bras : vertige enfantin. Pourtant, étrangement, dans ce sentier inondé de cailloux secs et durs, un bruit d’eau ruisselait sous nos pas. Le silence coulait, un silence coulait si pur que l’on entendait pleurer les cailloux quand nous marchions dessus. C’était sans doute là que dans ma puérilité j’ai décidé d’être poète. Sur la plate-forme ancienne mais rénovée qui formait le terme de l’excursion, l’observatoire offrait des vues gigantesques sur les étoiles et les centaines de pics aux noms étranges, sur des horizons lointains et extraterritoriaux. Mais je tenais sans cesse la main de ma mère, sait-on jamais où l’imagination mène à ses propres vertiges.
Mes amours de jeunesse ont de leur côté piétiné bien des plate-bandes. Les beaux gosses du lycée attiraient les jolies princesses dont je convoitais l’amour, amour auquel je ne comprenais rien. Plus grands, plus matures, plus intelligents ou charismatiques, peu importait leur statut, je coursais les filles pour exister en tant que garçon venu de la campagne, fébrile autant que félibre. Et certaines s’offrirent à l’abandon, ainsi se présenta l’instant sacrificiel tant attendu. Dans cette carlingue où douze d’entre nous sauteront pour la première fois, je compte mes ruptures et ces amours dont je sens que chacune a depuis trouvé celui qui convenait, la vie est un loto qui se perd en promesses, mais il faut jouer, paraît-il, pour aimer. Et parfois, s’élancer dans le ciel. Pour ne jamais atterrir.
15 03 2023
AK
Article paru dans La Dépêche du jour :
Une Américaine a retrouvé le cadavre de son mari dans une armoire, en allant chercher ses décorations de Noël. Ce dernier avait disparu depuis près de huit mois.
Jennifer Maedge, une habitante de l’Illinois, aux Etats-Unis, a retrouvé le corps de son mari dans une armoire, près de huit mois après sa disparition, rapporte le New York Post.
Son époux, Richard Maedge, avait disparu le 27 avril dernier. Elle avait immédiatement prévenu la police, mais les recherches n’avaient rien donné.
Le 11 décembre, alors que l’Américaine récupérait des décorations de Noël, elle a été choquée de découvrir le corps de son mari dans le placard où elles étaient entreposées. « J’avais décidé de mettre le sapin de Noël, et je cherchais un sac de décorations. C’est là que j’ai découvert son corps », a-t-elle raconté.
Depuis des mois, Jennifer et ses voisins signalaient une odeur nauséabonde provenant de la maison, mais pensaient qu’il s’agissait d’eaux usées. Le corps de Richard s’était décomposé au point de se momifier.
Selon les résultats de l’autopsie, l’homme s’est suicidé. La famille du défunt affirme que l’enquête de la police a été bâclée.
Bon, tant qu’on y est, encore un truc idiot :
Non au baiser en toc
Dans « Libération« .
Juan avait mis du temps à vieillir et pourtant chaque nuit, quand ses paupières se fermaient, il revoyait cette femme qui était entrée dans le café Buenaventura, bondé d’hommes venus d’un peu partout, des environs comme des provinces reculées voire de pays lointains, buvant, se racontant des histoires de fesses dans le brouillard des cigarettes et le brouhaha des conversations. Juan avait dix ans, c’était le fils unique du maire, ce qui lui donnait le privilège de se rendre dans tous les endroits que son père fréquentait, tant administrativement que dans la vie privée.
Quand la femme sauta sur l’une des tables avec l’aisance d’une diablesse, renversant les verres à demi pleins, quand elle se mit à danser, frappant ses talons ferrés sur le bois en chêne que tant de coudes avaient usé, virevoltante, sa robe rouge aux mille plis ventilant l’espace épais, et le claquement de ces coquilles que l’on dit castagnettes laissèrent pantois tous les clients. Sans doute une andalouse, songèrent les buveurs venus des pays lointains, pays que seule la frontière de la montagne à vrai dire les avait vus franchir. Juan écarquillait ses jeunes yeux, émerveillé. Dans son esprit, elle était l’Andalouse, pas besoin de la nommer autrement, elle s’était incrustée dans son esprit et sa rétine sous cette appellation.
Deux hommes en particulier la regardaient danser. Ils étaient sobres et se connaissaient de longue date. L’un venait des Pyrénées et se nommait Aneto. Mais on l’appelait Laneto, car il avait les oreilles décollées. L’autre venait du sud de l’Espagne, de la sierra Nevada, et se nommait Mulhacén. C’était un grand gaillard à la peau sombre et aux yeux noirs. Leurs regards s’entrecroisaient comme le fer d’une épée qui chercherait en duel le défi amoureux dans l’œil de son rival. Attablés à distance l’un en face de l’autre, ils contemplaient en se surveillant la danse de l’Andalouse, quand entra un étranger portant dans son étui une guitare sèche qu’il posa sur le comptoir et l’ouvrit. Ce fut un moment curieux, étrange et magnifique que les yeux de Juan n’oublieraient jamais. Deux hommes assis dans l’ombre, tout au fond du bistrot, à leur tour ouvrirent l’étui de leur instrument, et qu’en sortirent-ils ? Une guitare. L’un de ces deux individus se nommait Higelino. On le connaissait dans le petit pays pour avoir déclaré que sa guitare était peut-être un fusil. Mais on le croyait fou et il n’avait, à ce jour, occis personne. Mais qu’importait pour Juan ces étuis qui s’ouvraient, tant il était fasciné par les talons qui claquaient sur la table de bois au rythme des castagnettes.
Lorsque la table se renversa, sur le carrelage où le bistrotier commençait à répandre la sciure, l’Andalouse à nouveau se remit à danser. Trois guitares l’accompagnèrent de concert. L’Aneto fut pris de vertige et Mulhacén était près de la syncope. On alla chercher leurs femmes respectives, qui dormaient à l’étage, avant de reprendre leur travail d’entraîneuses dans la salle enfumée et alcoolisée. Et à la grande surprise des hommes présents, elles se mirent à claquer des mains et à psalmodier, accompagnant la danse et la magie que l’Andalouse sans fatigue ni dédain faisait vivre, les pieds sur le carreau où la sciure à son tour tourbillonnait. On ne saurait dire ce qu’un enfant de dix ans peut conserver de ce moment, sinon la vie qui, quand les paupières se ferment, laissent vagabonder les chemins de l’existence.
09 03 2023
AK
Il sera narré plus tard les (mauvaises) raisons de la rivalité qui opposait L’Aneto et le Mulhacén, une affaire vieille de 75² siècles…
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