Josiane, quelle guerre est-elle perdue ?

Josiane était nue sous la couette du lit aucun corps étranger, ne pouvait pénétrer l’entresol qui régit habituellement l’usage du matelas et du cocon duveteux. C’était une règle que ni elle ni lui, Robin, ne pouvaient transgresser. Quand il est venu se coucher, la place était prise par un natif du village d’à-côté qui puait l’alcool et cet art de vivre qui rend les poètes accessibles aux populations qui ne lisent et ne chantent que les imprécations du curé le dimanche, avant midi, quand les burettes montent au ciel pour louer le Paradis des âmes perdues. Quelle était cette bête qui musardait dans le lit nuptial se demanda Robin. Sa journée avait été épuisante et il n’avait rapporté qu’un lièvre de sa chasse. Un lièvre qui souriait malgré les plombs qu’il avait reçus dans les dents (qui font la fortune des dentistes, tant elles repoussent maladroitement). C’était sans importance, on ne mange pas la tête des animaux et leurs pattes sont de parfaits grigris pour nous protéger des affres de la vie. L’entreprenant allongé dans le plumard s’appelait Poutiluche, (ce n’était qu’un pseudo), car il avait des poils à nettoyer une terrasse de mauvaises herbes gigantesques ou à remplir un seau de serpillières nucléaires avec ses moustaches pour se débarrasser des chats qui dormaient sur le canapé. Mais point de chats ce soir-là. Le misérable velu les avait fait fuir.

Robin se résolut à préférer la tendresse du canapé, comme dans le film autant en emporte l’occis sans dent. Et qui eut pu deviner que le poilu y avait installé, derrière le paravent, sa femme, avec son collier connecté qui ornait son cou épais, voire goitreux. Mais l’obscurité efface l’efficacité des lanternes quand l’homme se colle à la peau sauvageonne d’une bête amoureuse mal léchée et combien même dirait-t-on, ce proverbe présidentiel désormais sur toutes les lèvres : « ne m’en parlez-plus, léchez mes promesses et caressez mes fesses. De toute façon, vous l’avez dans le cul. »

Cela faisait bientôt un an et demi que le velu tentait de sauter chaque nuit Josiane dans le lit, avances qu’elle refusait sans cesse, lui disant : « sors d’ici c’est mon lit ! ». Robin, quant à lui, s’allongea sur le canapé, collant son corps contre celui de la poilue, sur le cou de laquelle était gravé à la faucille sur son collier : Babouchka. Dans ces campagnes reculées où sévissent parfois les pénuries alimentaires, la misère sociale et la vodka, (mais jamais le caviar), les nuits sont longues et, par effets collatéraux, les enfants y naissent nombreux. Quand la faim sévit, on envoie les plus âgés creuser les tranchées où l’on louera plus tard le souvenir patriotique, avec quelques formules fleuries, sonnantes et trébuchantes au profit paradisiaque des prêtres couronnés de tiares et d’or.

Cependant, Robin comprit qu’il ne fallait pas se débarrasser du velu avant de l’avoir tondu. Et c’était plus difficile à faire que de renouveler le principe d’Archimède dans un bain de sang ou de sanglots longs, avec ou sans Verlaine. La haine n’étant qu’un cache misère planqué dans un vaste palais regorgeant de mets subtils et de caviar d’extrême orient ( au-delà du fleuve Amour les îles Sakhalines), quand le train s’arrête au dernier fuseau horaire là bas, au fin fond du pays. Peu à peu les langues se délièrent, notamment celles de Robin et de Babouchka. On en vînt à évoquer, outre que la planète était plate (sauf les seins de B.) et que les égyptiens avaient l’électrifié les pyramides, contrairement aux mineurs charbonniers qui se contentaient de lampes à acétylène comme d’une auréole divine, unique étoile qui brillait sur leur tête ne scintillant pas comme celles des généraux qui les portaient aux épaulettes, on en vint à reconsidérer la connerie des uns pour falsifier le contenu des bocaux vides.

Il fallait un temps pour la guerre, songea Robin. Un autre pour satisfaire Babouchka, puis un autre encore pour que Josiane planque un explosif dans sa robe de chambre quand le velu viendrait s’allonger près d’elle ce soir encore. Ce qui n’empêcha pas Poutiluche de survivre à son propre désastre.

13 04 2023

AK

Barbichette, je te tiens !

Je me demande quels impacts du temps ont marbré de leurs meurtrissures ma jeunesse pour me rendre joyeux aujourd’hui devant un verre de vin vieux comme moi, et face à ces souvenirs fugaces qui me reviennent par vagues, qui l’égayent sans s’égailler, aussi rares et précieux soient-ils, je jette dans la marmite du temps passé les épluchures de mes frasques devenues braises incandescentes face à l’enfer qui attend le monde. Dans la cabane faite de bric et de broc je suis seul, pour quelques heures encore. La pluie rince la toiture perchée sur ma tête, mais ici, sous ma couette percée nul cloporte, le rêve et la réalité font l’amour entre le craquement du bois et les ossatures arthritiques de mes sens. Je suis le vieux poète sous sa mansarde peint par Carl Spitzweg, sauf que je ne suis pas poète et que mon parapluie est resté dans la voiture, qui subit les affres des intempéries et la décoloration des sécheresses endémiques. En fait en vieillissant je suis devenu con. C’est un long parcours, m’a concédé le curé en relevant sa soutane et ce depuis que les américains ont posé les pieds sur la Lune m’a-t-il dit. Avant, on disait de moi que j’étais con comme la Lune, et les gens reculaient en m’apercevant dans les rues. Ensuite on a dit que j’étais con comme un américain. À mes déguisements de cow-boy ont succédé ceux des Rambo des couvre-chefs de Dallas, des morpions (araignées , chauve-souris etc) de Marvell, des séries cultes pleines de blondasses qui frétillaient sur les plages (quand la couleur apparut sur l’écran de télé). C’est à cet âge-là que j’ai découvert la masturbation, sans revendiquer la solitude qui imprégnait mes doigts. Un apprentissage puéril qui ne me servit à rien plus tard, quand adolescent je compris que l’amour avait un goût de révolte et de jets de cocktails plus ou moins Molotov. Ne comprenant rien à la politique je courus m’étaler dans les festivals où l’amour et la paix transgressaient la guerre du Vietnam. J’avais encore en moi le syndrome amerlo-pacifiste. Tout en bas de l’Afrique, il y avait Mandela, du côté du Pacifique Allende, et le chat d’Iran qui filait sur un tapis volant, laissant un misérable trait blanc barbu dans le ciel qui depuis s’est terriblement voilé. Bien sûr j’ai eu des potes à cette époque, maintenant âgés, ils ressemblent à des légumes désormais. Nous avions tous un surnom, Tarin, Long Pif, Macron, Rouquin (c’était le mien, à cause de la picole, pas des éphélides qui tapissaient mon visage), Tête de Nœud, Clarinette ou Zimba pour les filles, bref on se marrait bien avant le passer le BAC, ce sable qui irait s’enliser dans les facs de Droit ou d’Histoire de l’Art, ou le monde du travail pour les recalés.

N’ayant pas franchi le diplôme le travail m’attendait à bras ouverts pour m’étrangler, corrompre le monde imaginaire que je pensais parfait,c’est-à-dire libre et égalitaire, la sentence sociale. Le travail est une maladie qui est contraire à la passion. Un être passionné ne compte pas ses heures, y trouve son bonheur. Un ouvrier y compte son labeur, mais souvent, tel le laboureur de La Fontaine, aucun de ses enfants ne fera fortune, dans le sens de ce bonheur qui ne s’enrichit que par le pognon qui s’ennuie à prospérer (IA)I que l’on exhibe. Regarder ses mains, compter ses cals et songer que tout est là, dur et compact, utile et sans profits sybarites. Regarder ses mains, toutes les lignes de vie y sont gravées. Je regarde les miennes. Elles sont blanches de paume, honnêtes, et de vieilles rides s’installent jour après jour dans leur dos. C’est la vie, le printemps renouvelé des éphélides. Le parchemin du vécu, l’ultime trace du présent qui concède le plaisir de se fourrer un doigt dans l’oreille, dans le nez, mais plus celui de l’œil (ne parlons pas de l’autre orifice, plus sournois), qui connaît le curriculum vitae par cœur.

Je suis joyeux aujourd’hui de m’être perdu dans la vie et peut-être aussi dans la marmite du passé et du vin doux, en fait je suis un vieux tableau de Spitzweg qui ne s’expose pas. Et entre Tarin, Long Pif, Macron, Rouquin, Tête de Nœud, Clarinette ou Zimba, qui sait lesquels d’entre nous entretiennent encore l’imaginaire et le parfum des cals qui dansent sur les claviers sans mémoire.

06 04 2023 AK

Martial Richoz, l’homme bus.

Martial Richoz est passionné par les trolleybus de sa ville de Lausanne, au point d’en fabriquer lui-même à partir de chariots qu’il bricole et peint à l’identique, et qu’il promène ensuite dans les rues. On le surnomme l’homme-bus.

Une émission de France Culture qui vaut le détour (un régal). À voir et écouter !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/un-trolley-nomme-desir-4534442

Bon anniversaire maman !

Le chat était perché sur le dossier du canapé et à quatorze heures il dormait à griffes rétractées. Ma mère, qui faisait sa sieste sur ce même canapé, ronflait comme une locomotive dort. C’était une belle après midi de la mi- mai, avec ses premiers parfums de paresse estivale. De plus, c’était un jeudi férié qui portait le prénom de ma mère : Ascension. Et pour fêter cela, j’entrai dans le séjour avec en mains un gâteau et criai à tue-tête (ma mère est âgée et sourde comme un pot de confiture bosniaque): « bonne fête maman ! »

La vieille fit un bond prodigieux, heurtant le plafond avec son front et sa chair molle, et retomba, raide morte. Arrêt cardiaque ou choc émotionnel intense, la police enquête. J’étais consterné, mais ne lâchais pas le gâteau. Avais-je raté le coche de la surprise agréable et ma mère pris la mouche pour un rien, un simple petit geste d’amour filial sans mal entendu (ou avait-elle toujours fait semblant d’être sourde) ? Le chat continuait à roupiller, il me sembla même entendre le vrombissement d’un ronron. Ou le claquement sournois des ressorts reprenant leur élasticité tubulaire initiale. Ou étais-je simplement sonné ? J’étais embarrassé, voilà tout. Entre un gâteau dans la main et un cadavre sur les bras, il est difficile de prendre une sage décision.

Devais-je appeler en urgence les pompes funèbres et ce faisant les inviter à partager le gâteau dès leur arrivée, appeler dans la foulée le curé pour qu’il apporte avec les derniers sacrements une bouteille de vin blanc doux, (mais le jour étant férié cela me coûterait certainement un bras), et de ce fait j’optai pour la deuxième solution : ne rien faire, sinon avaler le gâteau en silence et envoyer le chat balader afin qu’il n’y eût aucun témoin dans la pièce. En jouant les taiseux je pourrai continuer à vivre tranquillement ma vie de patachon. Ascension touche une petite pension et quelques allocations qui nous ont permis de vivre, mère et fils, jusqu’à ce jour. Des amis, des visites, il n’y en a plus depuis que ma mère est sourde et que les chats ont envahi la maison, ce qui est un gage de paix au foyer. J’approche de la soixantaine, et nous avons toujours vécu ainsi.

Mon père s’est suicidé suite à la chute en Bourse des actions d’ Eurotunnel, dont il avait acquis de nombreuses parts. Cet idiot ne les a jamais revendues et aujourd’hui, enfin elles remontent comme des fleurs de pissenlits. En cumulant pensions, retraite et intérêts des livrets A et Z, plus les actions, je peux survivre tranquillement, comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent, sans jamais travailler. J’enterrerai ma mère au fond du jardin, à côté de la tombe de Melchior, notre chien (sa photo trône sur la cheminée). Pourquoi prendre une concession dans un cimetière, quand on possède un jardin que l’on fréquente au quotidien ? Les caveaux de famille sont souvent d’une telle tristesse qu’ hormis à la Toussaint on ne les pratique pas.

Quand le facteur passera, à sa question : » je ne vois plus votre mère, depuis quelques temps » je répondrai : « oh, elle était vieille, je l’ai mise dans une maison de retraite, un EHPAD très bien, à Bordeaux », en ajoutant : « il n’y avait plus aucune place, localement, c’est bien triste, non ? » et je signerai les recommandés la concernant. La seule et importante difficulté est de savoir comment je vais pouvoir survivre décemment : faire la cuisine, la vaisselle, le repassage, nettoyer la maison…choses qu’elle faisait avec application jusqu’à ce jeudi. Mais j’ai trouvé la solution.

Je vais m’inscrire à un site de rencontres sur Internet : « célibataire, la soixantaine, cherche femme… »

-par AK Pô

080514

Canaillou

Comme mon Burger n’était plus chaud, vu que le livreur s’était ramassé sur le macadam j’ai mangé des frites faites maison dans ma vieille friteuse (avec du ketchup). Et puis j’ai ouvert une boîte de nourriture pour chats (marque Canaillou) et l’ai dévorée à la petite cuillère. Je me suis couché tôt ce soir-là, car je ne voulais pas être en retard à l’ouverture de huit heures de l’hypermarché. Des promos d’enfer seraient proposées aux premiers clients qui se présenteraient. Cette nuit-là, vers trois heures, j’ai ressenti des ballonnements dans le ventre. Puis ils sont lentement montés dans mes poumons. Je ne souffrais aucunement mais ce charivari dans mon corps devenait inquiétant. Jusqu’au moment où pensant éructer j’ai entendu un drôle de bruit ; j’ai alors compris que  j’avais un chat dans la gorge. Un putain de matou qui m’avait poursuivi depuis le fast food où j’avais passé ma commande avec mon Iphone. Tout d’abord, je me suis tu. J’ai réfléchi. Est-il possible que ce sale chat se soit planqué dans mon téléphone et ait suivi la trace de ma commande ? Puis l’idée me traversa qu’il était planqué dans la carte SIM, avec une application Tic Tac Toc qui enregistrait tout de ma vie privée et de mes fringales. Pour l’heure le matou se taisait, je sentais ses poils dans mon gosier qui frissonnaient contre mon larynx sans pousser la chansonnette. Un temps de répit. J’ai par expérience appris que les chats ne mangent pas de frites, sauf quand elles sont bien salées, mais adorent lécher le ketchup (comme les humains se précipitent faire un checkup quand ils se croient malades).

Vous me direz que c’est absurde, bien que ce soit la pure vérité : je me suis rendu dans la salle de bain afin de pratiquer mon diagnostic personnel qui vaut bien celui d’un Diafoirus : brossage de dents, rasage aléatoire (éviter la moustache pimpante), gargarisme sommaire, et par amusement (ou dépit vue ma tronche) devant le miroir embué, je me suis tiré la langue. Eh bien, je n’ai pas reconnu cet appendice. De fait, c’était la langue du chat, râpeuse, d’un rose pâle de socialiste (comme celle du temps où j’aimais bien Jack Lang, ce qui remonte à loin). Visiblement, le minou me narguait, ou se vengeait d’avoir pris sa nourriture. Je réfléchis rapidement, saisis mon sac à provisions et sautais dans le premier tramway qui se rendait en ligne directe à l’hypermarché. Je tenais ma revanche mais la partie n’était pas pour autant gagnée.

Je filais illico vers les rayons d’aliments pour animaux domestiques. Une profusion de produits s’étalait sur une quinzaine de mètres linéaires: à gauche les chiens, à droite les chats. Les cochons d’Inde, les lapins, les canaris et tout le toutime ne prenaient qu’une place marginale. Je sentis ma langue s’humidifier et ma gorge me chatouilla, balayée par le mouvement d’impatience du chat, qui ne voyait que par mes yeux tous ces mets ensachés sur le long rayonnage. Lui les sentait par son subtil odorat, moi subjugué par les couleurs chatoyantes des emballages. Les chats voient en noir et blanc, paraît-il, contrairement à nous qui nous éblouissons dans l’artifice des coloris et des prix promotionnels.

Plus ce remue-ménage balaie mon larynx et ma gorge, plus je le sens monter dans la cervelle de mon porte-monnaie ; une voix me susurre dans un ronron étrange « tu sais bien que je ne sais pas lire  alors que toi tu lis ce qu’il est écrit sur les étiquettes, même si ce n’est pas plus gros qu’une crotte de souriceau, alors, dis-moi tout ! ». Je tousse, crachote et éternue sur le premier paquet, du Nestlé (marque Purina-Friskies), puis continue la lecture sur d’autres étiquettes écrites en tout petit -les ingrédients et constituants analytiques- que privilégient les trois industriels qui régissent la nutrition animale en se partageant les croquettes dorées. Il y a tant de choix (bœuf, poulet, saumon, végétarien) pour les chatons, les chats constipés, les mémés, des friandises (pour les mêmes) que le matou finit par me dire : » merci, tu as été bien gentil, pour te remercier, dans une ultime éructation, je vais sortir. Mais ferme les yeux, et ce pour deux raisons : la première sera que mes poils sont encrassés et gluants, vue la vie que je menais dans ton appartement, la seconde, c’est que par la même occasion tes poumons de fumeur vont aller s’oxygéner à l’extérieur de ton corps rond comme un Burger.

Alors qu’une télé en continu vadrouillait dans l’hypermarché pour un reportage concernant l’augmentation des coûts dans l’alimentaire (16%), j’ai senti l’odeur d’un micro que personne ne me tendait. J’avais complètement oublié que j’avais donné ma langue au chat et que ce saligaud non seulement frottait ses hanches poilues contre la journaliste lorsqu’elle baissa son micro pour interviewer le chat. Ce salopard en profita pour raconter pis que pendre sur mon compte, qu’il se moquait bien de l’inflation vu que je lui volais sa gamelle, ne lui laissant que la salaison des frites et le ketchup à lécher.

Une heure plus tard, il passait à la télé. J’en eus les vibrisses toutes retournées , d’autant qu’avec le logiciel Chat GPT ce n’était pas le chat qui parlait, mais moi, avec ma tête de couillon aussi photogénique qu’un cancer du poumon sur un paquet de tabac à rouler.

31 03 2023

AK

Balade à Budapest en 2011 dans l’Orbanisation naissante (2010).

Des images de Pest, la ville basse.

https://www.lefigaro.fr/international/le-hongrois-viktor-orban-ne-veut-pas-lacher-moscou-20230202

Le premier ministre hongrois se montre convaincu que l’Ukraine ne peut pas résister à la Russie sur le long terme et reprendre ses territoires.

Envoyé spécial à Budapest

«Viktor orban est une tête de p…»«une ordure», la Hongrie un «paria historique». Borys Filatov, le maire de Dnipro, a piqué une grosse colère sur sa chaîne Telegram après que Viktor Orban a comparé l’Ukraine à un no man’s land comme l’Afghanistan, lors d’une rencontre à huis clos avec des journalistes. «Sortez des jupes de l’UE et de l’Otan et nous vous balaierons en trois jours», s’est encore emporté Filatov, tandis que le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur hongrois à Kiev.

Un an après l’invasion du 24 février, Viktor Orban continue de faire bande à part en Europe. Il se montre convaincu que l’Ukraine ne peut pas résister à la Russie sur le long terme et reprendre ses territoires. Il déplore que l’Occident se soit laissé entraîner dans la guerre «jusqu’au cou» et que l’on ne puisse plus exclure que l’Otan franchisse le Rubicon en envoyant des troupes pour contrer de futures offensives russes. «La Hongrie n’est en guerre avec personne…

Les mardis de la Poésie : John Lennon ( 1940-1980), (chanson Imagine : 1971)

Cet hymne pacifiste et utopique, invite l’auditeur à imaginer un monde sans frontières, sans pays, sans religions, sans raisons de tuer ou de mourir pour une cause, sans possessions, et au sein d’une grande fraternité humaine (source : wikipedia)

https://www.lacoccinelle.net/243444-john-lennon-imagine.html

Imagine
(Imagine)

Imagine there’s no heaven,
Imagine qu’il n’y a aucun paradis,
It’s easy if you try,
C’est facile si tu essaies,
No hell below us,
Aucun enfer en-dessous de nous,
Above us only sky,
Au dessus de nous, seulement le ciel,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Living for today…
Vivant dans le présent…

Imagine there’s no countries,
Imagine qu’il n’y ait pas de pays,
It isn’t hard to do,
Ce n’est pas dur à faire,
Nothing to kill or die for,
Rien à tuer ou pour lequel mourir,
No religion too,
Pas de religion non plus,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Living life in peace…
Vivant leur vie en paix…

You may say I’m a dreamer,
Tu peux dire que je suis un rêveur,
But I’m not the only one,
Mais je ne suis pas le seul,
I hope some day you’ll join us,
J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,
And the world will live as one.
Et que le monde vivra uni.

Imagine no possessions,
Imagine aucune possession,
I wonder if you can,
Je me demande si tu le peux,
No need for greed or hunger,
Aucun besoin d’avidité ou de faim,
A brotherhood of man,
Une fraternité humaine,
Imagine all the people,
Imagine tous les gens,
Sharing all the world…
Se partageant le monde…

You may say I’m a dreamer,
Tu peux dire que je suis un rêveur,
But I’m not the only one,
Mais je ne suis pas le seul,
I hope some day you’ll join us,
J’espère qu’un jour tu nous rejoindras,
And the world will live as one.
Et que le monde vivra uni.

Tout laisse à croire, hélas, que nous n’en prenons pas la direction, mais l’opposée : celle des guerres permanentes et meurtrières.

« La nuit d’avant, on avait vu le grand départ de tous les hommes. C’était une épaisse nuit d’août qui sentait le blé et la sueur de cheval. Les attelages étaient là dans la cour de la gare. Les gros traîneurs de charrues on les avait attachés dans les brancards des charrettes et ils retenaient à pleins reins des chargements de femmes et d’enfants.

Le train doucement s’en alla dans la nuit : il cracha de la braise dans les saules, il prit sa vitesse. Alors les chevaux se mirent à gémir tous ensemble. « 

« Le grand troupeau » de Jean Giono

« quatrième de couverture : un réquisitoire contre la guerre ».

À lire, c’est un terrible roman sur la guerre de 14. Donc des autres à venir.

Pour les vieux ploucs qui avaient 14 ans en 1969 ! (Et toc!)

Et même qu’ils ne parlaient même pas anglais 2e langue et qu’ils l’ont oublié depuis (sauf dans un énorme paquet d’expressions actuelles -la story, les fake news, le brainstorming, le green (bashing), à ne pas confondre avec les no great bassines des 2 Chèvres, etc).

Ainsi, je laisse Saint Google traduire les paroles de ce groupe qui résonne encore sans raison dans mon antique cerveau devenu lent. Mais c’est par pure méchanceté vis-à-vis de mon horloge personnelle.

SITE DE LA TRADUCTION : https://fr.muztext.com/lyrics/chicago-does-anybody-really-know-what-time-it-is-live (sans doute paroles à prendre au second degré)

Un homme est venu vers moi et m’a demandé
Quelle heure était-il sur ma montre ?
Ouais… et j’ai dit
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ?
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment?
(Il était temps) Si oui, je ne peux pas imaginer pourquoi
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour pleurer
Et je marchais dans la rue un jour
Une jolie dame m’a regardé
Et a dit que sa montre en diamant s’était arrêtée net
Et j’ai dit
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ?
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment?
(Il était temps) Si oui, je ne peux pas imaginer pourquoi
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour pleurer
Et je marchais dans la rue un jour
Être poussé et bousculé par des personnes
Essayer de battre l’horloge, oh, non
Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas-oh
Et j’ai dit… oui, j’ai dit
(Je ne sais pas) Est-ce que quelqu’un sait vraiment quelle heure il est ?
(Care) Est-ce que quelqu’un s’en soucie vraiment?
(Il était temps) Si c’est le cas, je ne peux pas imaginer pourquoi
(Oh non, non) Nous avons tous assez de temps pour mourir
Tout le monde travaille
(Je m’en fiche) Je m’en fiche
(Il était temps) Il était temps
(Oh non, non) Je m’en fiche

Les paroles originales sont sur le site ci-dessus mentionné.

La colombe de Picasso

Regarde, bel enfant, comme la branche d’olivier

Que le vent pousse sur la route s’éloigne

Dans le brouillard de l’aube, telle la colombe

Sur le dessin parfait de Picasso sur la vitre

En deux gestes la poésie, l’envol et la magie

Que ses doigts peignaient d’un pinceau franc .

Où est passée la paix, le sourire des enfants,

Le vent pousse sur la route son charroi de misère

Les hirondelles ne font plus le printemps

Elles circulent en motos et frappent les manifestants

De bois durs comme celui des oliviers sans cigales

Regarde, bel enfant, comme la liberté en plein midi

Remplit de tes larmes la poudre des grenades lancées

Par des gens à toi semblables mais d’un autre métier

Regarde cette ligne lointaine et si proche qu’est l’horizon,

Il n’y en a qu’une que franchissent parfois l’amour

La passion et les incertitudes des rêves, l’oubli aussi,

La route est un drôle de ruban infesté de turbans

L’arc en ciel en noir et blanc sur les photos de Picasso

Peignant d’un geste vif une colombe sur le carreau

Et toi, petit gars, dans quelle histoire magique

Ta route trace-t-elle ton chemin de vie, dans ce vide

Éloquent, tumultueux dans son silence d’avenir bienheureux

Je ne sais que te dire, bel enfant, sinon que l’olivier

Dans une terre lointaine a pris racine ; à son pied dort la colombe.

25 03 23

AK

Thomas, Thomasine

Le jour de son anniversaire, Thomas se regarda dans le miroir de la salle de bain. Il avait dix ans. Toutes les fioles, les onguents et la mousse à raser qui trônaient sur la tablette de verre lui firent verser d’abondantes larmes. Il se rendit compte qu’il était trop jeune pour galoper derrière les gazelles qu’étaient ses cousines, pourtant âgées d’à peine douze ans, mais qui avaient acquis la maturité de la jeunesse entre l’an dernier et le moment présent, avec leurs propres règles, purement féminines. Il s’observa de plus près dans le miroir dépoli aux angles ébréchés, et seul un fin duvet sur sa lèvre supérieure brilla nonchalamment, comme le ferait une pie sur la page blanche d’un écrivain raté. Tel un oisillon, ses ailes ne servaient encore à aucun envol ni aventure amoureuse. Pourtant il frétillait lors de cet anniversaire dont il était le héros, la famille réunie festoyait et il se pensait puérilement maître de cérémonie. Pauvre Thomas !

C’était le dernier né de cette famille nombreuse, celui dont le père avait fini par abandonner les colonies, faute de guerres perdues. De fait, il avait des frères et sœurs plus âgées que lui, certaines déjà adultes, d’autres encore adolescents, ce qui était le cas de ses frères. L’aîné travaillait comme apprenti dans un garage de banlieue et roulait dans des voitures véloces, rouges mais souvent en panne, qui mettaient son salaire sur la paille, l’autre avait des amis qui roulaient encore en mobylette, des Honda avec le moteur sur la roue arrière, et des filles entouraient ces beaux gosses que Thomas jalousait d’être des proies faciles pour ses frangins motorisés que l’odeur d’essence semblait pâmer, qui grimpaient sur la selle ou le siège en faux cuir du bolide obsolète. La panne n’étant qu’un prétexte pour l’invite amoureuse, car il connaissait les histoires chuchotées dans la chambre voisine où ses frères tenaient leurs conciliabules.

Thomas n’était aux yeux de ses frères qu’un morpion, ce qui était vrai, mais un morpion qui se voyait en face de la glace et se jura de damer le pion à sa fratrie dès qu’il aurait seize ans, ou l’âge de Rimbaud, (il ne savait pas exactement), et une à une les beautés avec lesquelles ses aînés avaient convolé, il prendrait leur place, tel un prince arabe dans le désert, dans une salle de bain aux jacuzzi bouillonnants, dans une vieille bagnole mise au rebut ou un palace exubérant,qu’importait : il se vengerait de n’avoir pas de moustache ni de barbe le jour de son anniversaire.

La vie est longue pour un enfant, et les épreuves nombreuses : la première était le catéchisme, dont le père ne voulait pas mettre le curé en défaut (son père se présentait aux élections communales), puis vint la communion solennelle, puis les boutons d’acné, puis les ivresses incontrôlées des fonds de bouteilles laissées au radoub des soirs d’anniversaires et d’élections, que son père perdit deux fois, jusqu’à annoncer, le gosier à sec, qu’il ne se représenterait plus ni ne ferait d’enfant à son épouse, qui venait d’avoir la ménopause, ce qu’il ignorait comme beaucoup d’hommes politiques ou pas.

Il existait, croyait-on, dans ce petit pays, une manière de faire pousser la moustache aux jeunes couillons. L’exemple venait surtout des grands-mères qui en arboraient de belles, brunes à souhait et fournies sur la lippe supérieure, de vraies maréchales d’Empire. Il fallait pour cela s’enduire entre le nazibus et la lèvre du dessus de fiente de pigeon. Mais les pigeons, que l’on nomme ici palombes, sont de grands voyageurs. Et comme les chasseurs les mitraillaient quand elles passaient, elles franchirent le pays en passant sur l’océan plutôt que dans les cols tendus de filets et de cartouchières.

Thomas engagea sa quête amoureuse avec ses trois poils de moustache qui se multiplièrent comme des petits pains et même au-delà de ses espérances. Il remercia même son père de ne pas s’être mis le curé en travers de sa communion à venir, tant il avait prié pour que poussent ses attributs masculins tous les soirs, quand sonnait l’Angélus .

Avoir dix ans ce jour-là, c’était franchir la moitié du Rubicon. Pompée l’attendait sur l’autre rive, celle des faits et des gestes. Il ne suffisait pas d’avoir envie, il lui faudrait la vie et le pouvoir d’accomplir ses désirs encore chimériques. Il s’y prépara de suite, prenant le bâton de khôl de sa mère, et à l’instar de Groucho Marx, s’en barbouilla la lèvre supérieure jusque sous le nez et les sourcils. Quand il revint dans le salon, un grand éclat de rire l’ ovationna. Thomas était taquin, déclara le père. Sa mère était furieuse, le ricil coûtait une fortune, et les fantasmes des adultes ne devaient en aucun cas être accessibles aux enfants.

Dix ans plus tard exactement Thomas enduisit ses lèvres d’un rouge fuchsia, ses cils de rimmel et ses joues de poudre de riz, assortiments qui le rendaient semblable à une geisha de l’Empire du Milieu. La ressemblance était confondante. Il venait de trouver du travail dans un petit cabaret où toutes les princesses qu’avaient auparavant fréquentés ses frères, y répandre leurs prétentions masculines s’effaçaient sous les lumières tamisées. Il avait enfin atteint la maturité de ses désirs enfantins. Dans la loge où il se maquillait il s’aperçut que les quatre angles du miroir étaient légèrement ébréchés. Il avait perdu sa jeunesse dans le miroir, mais le spectacle allait commencer et il oublia cette infime référence à son passé.

20 03 2023

AK

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