Zaouch ! (l’oiseau)

J’ai acheté du pain que je n’ai pas mangé

Les canards du lac refusaient mon obole

J’étais pour eux un affameur, un servile hameçonneur,

Mais quand au bout de ma ligne dansait un poisson

Menu fretin composé de veyrons, de goujons,

Ils ouvraient leur bec et j’en capturais le plus gras,

Le plus vorace,le plus goinfre des canards

Pas de ces oiseaux enchaînés aux clapotis de l’actualité

Ni de ceux qui meurent sur la grève et y perdent l’envie de vivre

Dans le voyage de leurs missions: écrire librement (Zaouch*)

Y compris le dimanche, celui qui parfois retrousse ses manches.

Dans une vie ancienne j’ai pratiqué la pêche au lamparo

Lors d’un passage au Japon , où le cormoran

Est aussi triste que les mouettes bretonnes

Sont bavardes , et les goélands amers de ne plus sentir l’océan

Qui les raille et les font pleurer, alors que là-bas

Un petit collier autour du cou, ils pavoisent

Sur de petites goélettes , légers lampions allumés

Sur la mer calme. Au menu petits poissons,

Les gros reviennent au pêcheur, les pélicans râlent

De ne pas prendrer part au festin

Alors que ces canards idiots et snobs refusent mon pain

Il faut dire que le collier ceint un de leur pied palmé

Comme des bagnards obligés de nager dans les lacs de la justice.

Cependant, la pêche au lamparo existait aussi en Catalogne,

« Introduite sur nos côtes par les républicains espagnols, cette pêche de nuit du poisson bleu (sardines, anchois, maquereaux), était pratiquée chez nous dans les années 50. Son principe consistait à attirer les bancs de poissons de surface sous les faisceaux de lumière puissants de petites embarcations appelées lamparos. Une fois attiré et hypnotisé par cette lumière charmeuse, le banc de poisson était encerclé et capturé dans les filets du chalut accompagnant la barque. A cette époque, l’horizon nocturne scintillait de mille feux, telle une ville flottante. Depuis, ces lumières se sont malheureusement éteintes au bénéfice des nouvelles techniques de pêche moderne. »

Elle se pratique surtout quand les touristes embarquent à Barcelone pour se rendre à Ibiza, pleins feux sur tous les ponts, et que les poissons savent comment se suicider en les voyant approcher.

Finalement je relâche le canard glouton et finis mon sandwich sur le banc, face au lac. Des oiseaux téméraires viennent à mes pieds manger les miettes. Deux pigeons font partie des envahisseurs. Avec le crin de ma canne à pêche, je pourrais en escaner (étrangler) un, mon moulinet tourniquant comme un lasso de gardien de taureaux camarguais admirant . la beauté des chevaux blancs mieux peignés que les miens.

01 08 2023

AK* (Zaouch : oiseau)