L’enfilade (mais pas le cul sur la commode)

A l’angle de ce meuble qui se nomme enfilade

J’ai trouvé un billet écrit de ta main d’homme

Telle que tu l’utilisais quand le silence entre nous

Charriait reproches et engueulades, un billet

Un rectangle de papier blanc où tu avais inscrit

L’amour perdu aux ombres de la mort l’ancre

Séditieuse des regrets éternels pour le dernier défunt

Mais que ces mots obscènes étaient pleins de tendresse

Tu les avais chaussés de ton imaginaire

Tu les avais chassés de nos vies sur les nerfs

A l’angle de ce meuble pas plus haut qu’un balcon

Long comme un jour sans pain ni marrons ni poings

Tu écrivis des mots de ta main froide lacée

De ces chaînes que traînent les condamnés

Et tu étais heureux de te plaindre et râler

En vérité tu étais l’époux parfait dont rêvent

Les mégères, ces femmes qui ont encore

Les pieds sur terre quand le lit les bascule

Qui portent dans leurs reins la raideur de l’hiver

Comme les fleurs de givre s’évadent des frimas

A l’angle de ce meuble où tu me pris un soir

Mes narines humèrent la douceur de la terre

Et du dernier tiroir, étant encore en vie,

Je sortis une pelle à gâteau et te tranchais le crâne.

Quelques instants plus tard tu perdis la tête

Rédigeant ce billet à l’encre rouge insécable

Où je pus enfin lire que tu m’avais aimée.

13 03 2020

AK

2 commentaires sur “L’enfilade (mais pas le cul sur la commode)

Laisser un commentaire