Quelques litres d’indécence

Il faut parfois cesser de rouler sur les autoroutes de l’indécence. Plusieurs points me sont permis (et s’il n’en reste aucun, je serai celui-là dit le proverbe du chauffard). Tout d’abord, attardons-nous sur la publicité des bagnoles qui règnent manifestement sur les pages de publicité que les spectateurs des chaînes télévisées regardent, pour certains en continu. C’est admirable de duperie sociale : qui a les moyens de se payer tout véhicule que diffusent ces annonceurs ? C’est le « Soleil vert » du consommateur, classe moyenne, pas classe A, bien entendu. L’achat est déjà impossible, mais l’entretien, l’installation d’une prise de recharge électrique, surtout quand on vit en immeuble, bref on est content de voir une star ouvrir sa double portière de Fiat 600 à son chien, de connaître le silence après avoir fui une meute d’enfants hurlants, de s’installer dans le cocon d’un véhicule familial dont il faudra bien sortir en lâchant les gosses devant l’école. Nous sommes nourris de « primes » qui sont aussi illusoires que la nécessité de changer de mode de vie quand on n’en a pas les moyens. Sans parler des camelots politiques qui vendent leurs programmes à l’encan et certainement devront ajourner ensuite la représentation. Mieux vaudrait un bon match de catch qui amuserait le peuple (bon, M’Bappé est hors concours car il l’a devancé involontairement). De toute façon, seuls les gagnants du loto se paieront une voiture, tant mieux pour eux.

Bon, par ailleurs, les pubs pour les déplacements locaux (dans les villes surtout) incitent les gens à la marche à pied et au vélo. Bonne formule, mais dans le cadre urbain, se munir d’un vélo électrique à 2000 € n’est pas à la portée de tout le monde, surtout quand on habite en banlieue, par exemple. À la campagne, où les vieux sont plus nombreux, se munir de tels engins devient un risque important : perte d’équilibre, sens interdits pris à l’envers, AVC chronique et rubrique des seniors écrasés dans les journaux locaux, liste non exhaustive s’il en est. Quant aux fauteuils roulants, les trottoirs sont devenus une cause de mortalité plus importante que dans les EHPAD, à l’image des trolleys du début du XXe siècle (Gaudi, Satie…). Sans parler des chiens errants qui attaquent les mollets ronds et fermes des cyclistes, ou les moyeux moins flexibles des vieillards en balade. Un carnage.

L’indécence touche également le monde télévisuel, mais ce sera pour un autre article. La raison est simple : la sieste est le meilleur moyen d’oublier le chaos extérieur, du moins durant la demi-heure où l’on ferme les yeux.

20 06 2024

AK

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