Jardin en friche.

Dans le jardin en friche une femme est en larmes,

Son mari est parti mourir d’amours sous les tropiques.

Les coquelicots ont envahi le champ de blé

Et la moisson emporte chez cette femme seule

Les inondations et les fleurs de la mousson,

Quand l’homme qu’elle aimait, entre le Gange

Et le vaste Brahmapoutre s’en est allé cueillir

La fleur fanée d’une esclave au sexe mal lavé.

Le fleuve était trop lourd et cet homme chétif

Que le vent secouait entre les reins perdus

D’une enfant avilie dont il faisait son fruit.

Dans le jardin en friche une femme enfin riche

Dépense désormais seule le blé de ses révoltes

Ses seins, ses aréoles sont des coquelicots,

L’auréole de l’homme flotte entre le Gange

Le Brahmapoutre et la poussière crasse :

Il faut bien achever le roman des amours

Quand l’écriture devient l’épilogue des mots

Et que les démons noient la pureté des gosses

Dans les eaux sales de la misère moribonde,

Quand débarquent en nombre les plaisirs exotiques

Où le sexe intime se lie a la rougeur des coquelicots.

Dans le jardin en friche que les ronces envahissent

Une femme laboure une bien triste terre

Le cercueil est revenu, porté par les fleuves

L’océan et les larmes pourtant taries de la veuve.

Un officier lui demande d’ouvrir la boîte mortuaire

Afin d’identifier le corps qui a pourri sa vie

Un aide le descelle, clou après clou, masqué,

Et l’ouvre. Alors apparaît un champ de coquelicots

Qui dans un courant d’air parfume l’univers

Du tombeau au Gange, et jusqu’au Brahmapoutre

Où des millions de rêves colorent les eaux sales.

21 09 2024

AK

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