Je n’attendais de moi qu’une main féminine
Pourtant ce sont deux poings qui s’ouvrent
Il faut des souvenirs pour ouvrir sa chemise
Des chemins de vie pour se vêtir de nus
Des sentiers d’inouï où les traces de nuit
M’ont apprises à rêver qu’enfin le paradis
N’avait de sens comme autant de maudits
Taisaient leurs cœurs dans l’enfer des ventres
Le silence s’est endormi l’argent des paroles
Traîne à grands bruits ses casseroles
La nuit s’endort dans des rêves imparfaits
Quand règne aux palais les dentiers corrompus.
______________________________________________
Tu me diras je t’aime comme un romain ses ruines
Et ton amant rira, comme l’enfant qu’il est
Devant ce qu’il croyait et qui voit ce qui est
Il fera beau à Rome, ce qui est coutumier,
Le fascisme enverra son peuple aux cimetières
A la messe on dira des versets pour les morts,
Dehors on masquera les récits de l’Histoire,
Chacun surveillera le mot de trop de l’autre,
Toutes les stratégies changeront pour, à nouveau,
Vaincre l’ignominie.

Je croyais, bien à tort, être un enfant des ruts,
Livré aux bons vouloirs d’immeubles érectiles
Engendré par le foisonnement de cuisses commerciales,
Un enfant qui en valait un autre, réduction comprise,
Un ange dont les bras tendent le bleu des cartes
Sans pour autant voler d’un coup d’aile le fonds de caisse
Un misérable en fait qui serait né entre l’oubli et le besoin
Un de ces êtres qui ont troué leurs poches
A trop y laisser s’y réchauffer leurs mains
Et en toute saison, caresser la paresse
Quand elle se pare de magnifiques fesses,
Aussi souvent que dans le piaulement des bébés
On comprend mieux la différence,
Enfants des ruts, enfants des rues,
La vie s’incline et se morfond, un seul morpion :
L’indifférence.
27 10 2018
AK
Interview d’un écrivain (aujourd’hui Wilfrid Guinguelone) :
-ça fait longtemps que vous écrivez ?
-depuis ma plus tendre enfance.
-c’est-à-dire ?
-dès mon premier biberon.
-étonnant !
-certes, mais très vite, car mes parents semblaient rétifs à mes écrits, ou du moins ne savaient pas tout à fait les décrypter, je n’ai conservé que les virgules. J’en ai encore quelques réminiscences, bien que cela soit très ancien.
-qu’est-il advenu par la suite ?
-eh bien, adolescent, quelques jeunes filles ont changé ma vision de la littérature. J’ai pratiqué les ombres blanches, ce qui fut enrichissant pour mon style d’écriture, dont mon œuvre actuelle en porte encore la trace. Sinon, je ne serais pas là pour en discuter avec vous.
-effectivement, et je vous en remercie.
-c’est moi.
27 10 2018
AK
J’ouvrais toujours des portes qui me claquaient au nez
A coups de poings j’ai gagné ma place sur les quais.
Tu ne sais pas ce que c’est de marcher
Quand démarrent les trains et fument les bateaux ;
Tu ne sens que le parfum des femmes et la sueur des hommes,
Tu reconnais les pauvres, l’artifice des riches
Mais moi j’ouvrais toujours des portes insensées
Aux enfants aux vieillards aux veuves , à coups de poing fermés,
Je m ‘en souviens encore, quand mes yeux balayaient
L’aveuglement des foules, l’horizon des vitesses,
L’étranglement sordide d’un pêne dans la serrure
Dont j’avais en main la clef mais ne s’ouvrait jamais,
C’est en tendant ma main que s’est la porte ouverte,
Sans rien demander, le train a démarré, le bateau
Quitté le quai, m’emmenant dans ses vagues insensées
Dans le parfum des femmes et la sueur des hommes.
27 10 2018 AK


L’ homme a besoin de rêver et quand il se sent seul il pousse une porte qui lui offre un autre monde. Il l’ouvre au hasard, sans chercher à savoir que d’autres portes se présentent à son choix, tant il est pressé par ses propres désirs de naître à tous les possibles qu’offre la société dont il a tété le lait depuis sa prime enfance, sein maternel, jouets de Noël, caprices supermarché-viatiques, puis égotisme adolescent, dérapages festifs, et plus tard ennui de la vie conjugale et son train-train, du travail obligatoire et son train-train stressant, bref, l’homme a besoin de rêver. De prendre un train qui l’amène seul au bout de son Passé pour se noyer enfin en se jetant d’un quai, un quai maritime où l’eau clapote, en fumant une cigarette sous les mâts des luminaires, dans cette ambiance trouble où s’exhale la fumée parfumée d’une femme noire aux tresses blondes, prostituée par malchance et une dèche longue comme une vie de malheurs familiaux, de fantômes machistes et de solitude. Car elle aussi est seule, comme le type assis sur la bitte d’amarrage, qui l’entend claquer ses talons mais ne la regarde pas, car il sait qu’ils ne partageront aucun rêve ensemble, juste une petite mort dans un hôtel de passe.
En fait, ils ne ressemblent à rien. Les luminaires du haut de leurs mâts les éclairent de dos et seules leurs ombres illuminent leur passage en ce lieu dérisoire et immensément peuplé d’illusions perdues. Qu’importe leur nom, prénom et date de naissance, le quai ne les embarquera pas pour un voyage vers l’horizon meilleur, car lui aussi courbe le dos quand on le regarde. Les mouettes, les goélands et les sternes dorment encore, les pêcheurs sont en mer.
(https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/serie-la-meteo-marine-les-pepites-de-nos-60-ans).
Soudain l’homme découvre son rêve : plonger et nager avec les sirènes. L’eau calme , frémissante, reflète des poussières d’étoiles et des arc-en ciel, entre les bouteilles en plastique en maraude sur l’onde et les couleurs du gas-oil qui frétillent (comme à Rio), que servent les lumières froides des mâts des docks.
La prostituée fait les cent pas et claque ses talons dans une drôle de danse opiniâtre : elle entend les clameurs du bastringue où les ouvriers fêtent un départ à la retraite de l’un d’entre eux. Elle sait que le cadeau qui sera offert par les potes, c’est elle, une pâtisserie partagée par d’autres, qui bandent encore , iront embrasser ses lèvres botoxées qui ressemblent maintenant à une vulve placardée sur son visage. Encore dix minutes avant d’y aller. Gagner un peu de pognon pour partir à Rio, son carnaval, sous les lampions de la misère ensoleillée, miroitante comme cette eau noire et glauque qui clapote en sourdine contre ce quai.
L’homme se lève alors et plonge rejoindre les sirènes dont il rêve depuis trois ans. Elle regarde la bitte. L’homme a laissé son portable et ses papiers. Elle s’en saisit : sa carte d’identité indique son nom, prénom et date de naissance, nationalité : ukrainienne. À la lecture du document elle comprend de suite la différence qui existait chez cet homme entre ce simple nom commun : sirène ; entre son rêve de remplacer celle de la guerre par un havre de paix solidaire et non plus solitaire. Le portable a pris l’eau, sans doute par les larmes versées de cet inconnu. Elle le balance dans l’eau noire du quai, se met à rire étrangement, à parler à voix haute, couvrant le vacarme des ouvriers qui lui ouvrent à cet instant la porte du bastringue. Elle leur gueule : « vous n’entendez pas les sirènes ? Elles sont noires comme moi je suis nigériane, et les putes, c’est vous ! »
Alors, à son tour, elle ouvre une porte au hasard, sans chercher à savoir que d’autres portes se présentent à son choix, mais elle a besoin de rêver dans sa profonde solitude, sans visa ni carte d’identité. Comme l’homme qu’elle a vu, assis sur une bitte, comme ses talons qui claquent sur le quai désert.
11 02 2024
AK

Il doit sans doute rester sur cette planète des pays dont on ignore le nom, des pays minuscules que borde encore la mer. On y trouve des pêcheurs qui ne naviguent plus car ils ont vieilli et leur peau ressemble à des filets troués de rides que les poissons s’amusent à moquer. Alors ces hommes, sans amertume aucune, regardent les vagues, les comptent. La septième est toujours plus haute que les six précédentes, et parfois annonciatrice de dégâts côtiers, selon l’endroit où elle sévit. Juan est de ces pécheurs qui contemplent le mouvement des marées, et il connaît l’affront que les hommes ont porté à la nature marine. Dans ces baies reculées seule la brise gorgée d’iode et parfois le sable dansant nourrissent les oyats et les filins d’acier des bateaux à voile qui claquent leur impatience au vent, réveillant les mâts sans cocagne, dans le port minuscule protégé des tempêtes. Cette musique est la seule richesse de ces gens arrimés à leurs bouts de quais. Ici, tout est déjà parti : le poisson, la population, les charpentiers navals, les jolies femmes, les bals et les chansons. Ne restent encore que de vieilles matrones, des femmes célibataires aux enfants dépenaillés et des vieillards mutiques.
Juan regarde l’horizon. De la vieille église montent des oraisons funèbres, vaines prières pour les défunts que la mer a engloutis dans leurs barques fragiles. Il regarde, il compte combien de septièmes vagues un jour l’enseveliront d’écume blanche. Mais il finit par ne plus les compter, il s’endort ; la mer est moutonneuse, les vagues en troupeau s’agitent vers le phare qui déjà tremble sous l’écume. Comme les autres, il attend le bateau qui viendra le cueillir à la marée montante et l’emportera loin de ses souvenirs. Il a connu tous les capitaines qui se sont amarrés à sa longue vie, il connaît les récifs qui bordent la baie, les chenaux à emprunter pour quitter le port ou y entrer.
Juan regarde la mer et le soleil encore ce soir se couchera avant lui. Il sourit. Les goélands les sternes et les mouettes rient de le voir ainsi, affalé sur une bitte rouillée devenue comme lui inutile. La marée avec le soir chassera ces moqueurs que tant d’années il a nourris. C’est l’heure pour lui de baisser ses paupières, de clore ses yeux bleus, de laisser sa barbe plonger dans les eaux du trépas. Il écoute le bruit calme des vagues qui viennent s’étendre sur les galets de la plage, celle ou jadis ne venaient jamais les touristes.
Encore deux… encore une…et puis… Adieu !
25 07 2022
AK
Ce matin là, j’étais triste et errais sur les quais. Dans un magasin d’animaux j’ai surpris ce chiot qui grattait la vitre. Un corniaud comme moi. Je suis rentré, ai acheté ce bâtard qui était un pur produit de sa race, comme moi. La laisse et le collier étaient offerts. J’ai longé les quais avec le chiot apeuré qui n’a pas traîné à pisser un peu partout et c’est alors que j’ai vu ce vieux, affalé par terre (il n’y avait pas de bancs sur les quais, ça attire les clochards), qui pleurait. J ‘avais bêtement baptisé le chiot Gogoaway, un nom qui m’avait traversé la tête, sans doute insufflé par le vendeur de la boutique que j’avais payé en liquide et par quelque rythme musical entendu tel que walking the dog, . Le fait est que le chiot est allé flairer le vieux, comme on tourne autour d’un pot de fleurs pour découvrir quelle plante pousse dedans. Dans un premier temps, le chien sembla dire au vieux c’est mon lampadaire, casse-toi. Mais non. Puis je me demandais devant l’indulgence canine si l’homme à terre sentait la cocaïne. Mais comme Gogoaway n’aboyait pas, ni ne pissait, j’ai secoué le vieux. Il avait cet œil bleu de marin que la vie par ses tempêtes relègue en ville. Perdre les horizons de la mer c’est perdre la vision d’un monde chancelant à jamais . Le chien sauta sur son corps et le balaya de léchouilles, le visage fut sa première conquête car l’homme avait du mal à se réveiller.
Comme un prénom passe-partout, il me dit qu’il s’appelait Albert. Était-ce vrai ? J’avais eu un chat qui s’appelait ainsi, un miscio (un matou), un poilu hors norme qui avait balayé les toitures les gouttières et les minettes, trois générations d’ « Albert ». Mais l’homme en question était aussi âgé que mon vieux chat disparu. Il venait de perdre sa femme. Peut-être que dans le monde du vivant c’est sa femme qui l’avait perdu. Existe-il des frontières, des murs, entre ici et au-delà ? Juste des idées, dont certaines enflamment les ignorances. Jamais les profits.
J’ai proposé à Albert de lui laisser mon chiot, le collier et la laisse. Il a attendu un moment avant de me répondre. Un moment long comme une mise à jour sur un ordinateur portable. Long comme un parapluie percé quand il faut aller chercher le pain et les croissants dans la bourgade, et puis il s’est redressé, bon sang, il était grand comme un touareg sur son chameau. Il m’a regardé et a souri.
« Tu trouves un chien dans une boutique, et tu veux me l’offrir ! (là, il éclate de rire, puis reprend son souffle). Tu veux me faire plaisir, et en cela je te remercie. Mais en vérité, le chien, c’est toi, qui ne sais rien de ma vieillesse, ni de ses amours ni de sa solitude,en fait c’est toi qui flaire le monde environnant, tes envies de pisser, ces signes, ces territoires où rien ne s’inscrit qu’un autre à son tour flairera, sur lequel à son tour il pissera. La laisse et le collier, le chiot qui gratte la vitre, et toi, vieil endormi au pied d’on ne sait quel lampadaire, sur les quais, un jour dans les rayonnages d’un bouquiniste, un explorateur muni de gants pour rosiers, te cueillera…peut-être.
16 10 2020
AK
Comme tous les hommes de ma génération et sans doute les futures j’ai pris la route de la vie et y ai trouvé les mille vies qu’elle contenait. Pas de boussole, pas de parcours , de GPS et de résultats probants ni de récompense à l’arrivée. D’ailleurs, aucune médaille ne m’a été remise, notamment celle du Parfait Ennui, que l’on distribue dans les salons de l’existence laborieuse. Mais il faut l’avouer, l’unique chose que j’aie perdue, c’est le temps qu’il me faut vivre en sinistre compagnie de la vieillesse des autres, moi qui suis encore dans les fleurs du large, mais non dans les vagues largesses de mon porte-monnaie. Exemples de débours : la naissance d’un nouveau-né (pour sa Sophie-girafe), ou le mariage de ma fille aînée (pour sa jarretière constellée de faux diamants), ou l’anniversaire de tante Adèle (morte en cuisinant les fourmis dans la poêle), ou la saint Valentine (repeinte de maquillages toxiques à petits prix), qui ne correspondent en rien à mon propre vécu, depuis qu’au volant de mon bolide (une Aston Martin achetée à un dénommé Ernest S.) j’ai fait le vide dans ma tête. Bref, je suis égoïste, seule ma vie compte et tant que je dompte cette drôlesse, je peux dormir avec Morphée autant qu’avec la Vénus de Milo. Mes bras sont cassés et parfois tombent mais mes caresses restent pleines de douceurs encore. L’enfance naïve des lectures de contes s’est assujettie aux comptes et aux factures de l’adulte ; pourtant la route agençait lignes droites et carrefours, géométries de PPCM et PGCD (salut Euclide!). Rouler sa bosse, faire le plein et quand la réalité perdait ses illusoires, marcher à pied, face à l’avenir qui pointait à l’horizon. Pas de désillusion, juste avancer sous les premiers nuages, loin des mirages, les yeux rougis de sable parfois, les langues de bois qui déclaraient que la médaille du Parfait Ennui était pour ceux qui la méritaient pour leur travail de miséreux sans diplômes, de cette vie charbonnière qu’ils n’avaient jamais envisagée hors de leurs mines pathétiques. Oui. Au volant de mon bolide j’étais plus rapide que la petite mort qu’insuffle la vitesse mais je tenais cet imbécile volant qui allait droit dans le néant. Les chevaux-vapeur ne reviendraient qu’après la mort des mules endimanchées tirant le corbillard. Comme tous les hommes de ma génération, ni fleurs ni couronnes, juste un pétard fatidique qui m’emporte dans sa fumée jubilatoire : cendre carnavalesque et poudre (de rires). Je léguerai aux enfants du monde mon porte-monnaie vidé de tout espoir pour eux de vivre heureux, comme la tante Adèle et la Vénus de Milo, l’une au musée l’autre au fourneau. Perte de temps : ô tempora, ô mores!
09 02 2023
AK
« « O tempora, o mores » est un incipit et une locution latine pouvant être traduite par « Quelle époque ! Quelles mœurs ! » ou bien par « Ô temps, ô mœurs ». Elle figure dans plusieurs œuvres de Cicéron.
Son emploi traduit l’indignation — parfois ironique — de celui qui l’utilise, vis-à-vis des mœurs de son époque. »
Aujourd’hui, je rigole : les agriculteurs veulent affamer Paris.
Libération : « Dans un tweet correctif, mis en ligne en début d’après-midi, François Camé relève toutefois que «le Benoît Durand qui veut affamer Paris est bien actionnaire majoritaire de la SCEA de Flonville à Fontaine-la-Guyon», ce qui était déjà expliqué dans sa publication initiale, mais en second lieu. Le journaliste de persister dans son appréciation, et conclure ironiquement : «Un pauvre paysan : 400 000€ de capital.»
Certes, il existe de grandes voire énormes différences entre les pays d’Oïl et les pays d’Oc, tant au niveau de l’élevage que des domaines agricoles. Mais de là à affamer les parisiens, attention les petits gars des communes rurales ! Il ne faudrait pas oublier que durant la Commune de 1871 le peuple a mangé des rats (et d’autres animaux dits domestiques comme eux).
Avec leur prolifération intra-muros dont la Presse se goberge depuis des mois avant les Jeux Olympiques, une réserve nutritionnelle est d’ores et déjà mise en place dans la capitale. (Certains avancent des chiffres sur le nombre de rats dans les villes, allant d’un à deux rats par habitant, voire plus, ce qui aboutirait à estimer leur population entre 3 et 6 millions à Paris.).
Nous entrons donc dans une fable de La Fontaine : les rats des villes contre les rats des champs (qui veulent envahir ceux de l’Élysée peut-être). Plus de justice et fin des normes, mais tous les remembrements opérés dans les années 80 ont été radicaux pour la destruction des haies, pour faciliter l’accès et le développement des parcelles agricoles « réunies » entre paysans afin de rendre la production encore plus intensive par des échanges de terrains (dont certains ont été les Gros-jean comme devant). Maintenant, les paysans bataillent pour refaire des haies, utiles pour contrer le vent, créer de la bio-diversité (quel terme idiot pour les oiseaux, les insectes et ceux et celles qui ont une envie pressante de pisser derrière un buisson de pyracanthas), faire l’amour dans l’herbe tendre au pied d’un hêtre pendant que son époux passe son temps au téléphone à répondre aux demandes de subventions et à la résolution de paperasses administratives incohérentes.
Il faut dire que les CUMA et les GIEC se sont développés en leur temps sous l’instar du Crédit Agricole, qui reste propriétaire du matériel très lourd utilisé tant que la dette n’est pas remboursée (pour un seul propriétaire désirant l’acheter en propre (Le prix de vente d’un tracteur agricole de 350ch à 400ch varie entre 180 000 à 220 000 euros HT. Le prix de vente d’un tracteur agricole de 450ch à 500ch varie entre 240 000 à 300 000 euros HT. Le prix de vente d’un tracteur agricole de 550ch à 600ch varie entre 310 000 à 350 000 euros HT. )
Bon, tout cet article provient de souvenirs personnels quand, gamin, les familles venaient ramasser les épis de maïs que la moissonneuse batteuse n’avait pas récupérée (ce n’est plus le cas aujourd’hui). Pour preuve les palombes ne font plus halte ici. Elles ont déserté le paysage campagnard du petit monde local, et les rats de Paris n’ont pas encore migré dans ce coin perdu.
https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a-ne-pas-manquer/nous-paysans-26157
30 01 2024
AK
Tu regardes devant toi à l’heure où l’horizon s’écroule
La rivière qui file encore entre deux maigres eaux
Et le temps qui charrie ses ondes nauséabondes
Tu regardes devant toi mais les murs jadis construits
S’écroulent d’eux-mêmes, eux qui se pensaient immeubles.
Et le temps incrédule charrie ses guerres meurtrières ;
Derrière les persiennes, il masque ses pierres tombales.
Par la fenêtre se mêle à l’horizon détruit le sang et la misère,
Les miracles économiques et l’algorithme des défaites charnelles,
Seules les ruines sourient que nourrit le chiffre des morts
Pour des raisons obscures d’humanité devenue folle
De profiter encore et toujours de l’incrédulité des idiots patentés.
Tu regardes devant toi cet épais brouillard de poussière
Et de sang , les promesses offertes aux sacrifiés béats
Mais pourtant rien n’émerge, pas le moindre silence audible
La rivière est devenue un ru, mais la rue deviendra un cri
En larmes que les belles paroles n’étancheront pas,
Une oasis d’espoir dans ce désert constant de conflits absurdes
Alors tu auras déjà fermé les yeux, pauvre petit dieu
Mais ne crains rien, personne ne te glorifiera !
26 01 2024
AK
Un week-end frenchie dans les Angliscismes
N’exagérons rien, nous les bouseux vivant loin de la capitale, des médias, radios télévisions magazines livrés avec le journal local dans les contrées les plus reculées du pays, mais avouons que parfois ça fait chauffer nos oreilles que ce langage de plus en plus répandu instille jusqu’à Molière(s), commune paisible du Périgord.
Ainsi, il faut ne pas confondre bouse et buzz, éviter de spolier une histoire comme on spoile une story, de même qu’un joueur appuie sur le poussoir au lieu d’un gameur qui écrase le buzzer le premier (first fucker) , et qui, tout content (Ô happiness) lance une punchline au public en hurlant je suis un winner, pas un loser comme les autres concurrents sur ce dance floor offert en prime time devant vos yeux éberlués. Vous pouvez toujours zapper, pour mieux scroller l’émission qui vous plaît. Éventuellement lire un best-seller qui vous coachera vers un autre space, open ou pas dans votre canapé.
Si vous n’avez pas le moral, que vous êtes borderline, on vous trouvera un coach (« cocher », au pas de la Case en Andorre), canne anglaise customisée fournie pour vous booster avant un casting pour C8.
Pas de panique ! Les rues des îles anglo-normandes portent (souvenir perso) des noms français, et nombre villes du « Nouveau Continent » d’autres qui fleurent bon la France bouseuse d’antan (Lourdes, Bayonne, Nice, Marseille(s), Abbeville, Bethune, Orléans, Versailles, Paris…).
Cette novlangue (Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité) tarit peu à peu mes sources cognitives, comme les acronymes qui jouent aux devinettes sur nos rapports de compréhension sociale, mais que reste-il au final, sinon d’oublier les mots qui nous ont construits et les symboles simples qui nous désunissent par le vide et l’exclusion.
21 01 2024
AK
Le chewing gum, le Coca cola et les bas nylon ont débarqué pour libérer la France et l’Europe de la dictature nazie, en compagnie de dizaines de milliers de combattants venus du nouveau monde pour sortir de ce bourbier infect des fumeurs moyenâgeux qui ne connaissaient que les Gitanes, les Gauloises et le papier Maïs (sans y ajouter le tabac à priser des grands-parents, qui éternuaient dans les assiettes à soupe en faisant chabrot).
Ma mère avait 17 ans en 1944, donc en comptant sur mes doigts, en 2024, elle en a…faites le calcul. Il ne me fut pas facile de l’extirper du canapé, sans éteindre la télé pour ne pas troubler son sommeil. Depuis 30 ans qu’elle y séjournait, et malgré les nettoyages hebdomadaires de l’aide ménagère une empreinte prégnante de parfums surannés résistait au temps.
Je parvins péniblement à la soulever et lui tendis sa canne anglaise (l’autre s’était brisée sur sa tirelire car le petit cochon était en platine). Elle zigzagua un moment dans le couloir, s’accrocha au porte-manteau « perroquet » dans le vestibule, fit une pause devant la porte d’entrée et déclara à voix basse mais audible : « mon dieu, quel monde m’attend dehors ? »
Je m’approchais en silence et l’entourais tendrement de mes bras, lui glissant à l’oreille : « ne t’en fais pas, maman, c’est le même monde que celui que tu regardes depuis trente ans à la télé : des jeux idiots, des émissions stupides, des films cent fois rediffusés, des documentaires débiles, des débats bla-bla-blas, tu n’as rien à craindre je te rassure, tout ce qui t’a transformée en zombie décervelée est resté intact, et le fait que tu aies perdu la mémoire n’est pas de ton fait, il faut que tu le saches avant de franchir la porte, sur le perron tu retrouveras tes souvenirs de jeunesse, ils t’attendent dehors et sont impatients de te retrouver jeune, vaillante, gracile, mâchant du chewing gum et buvant du Coca cola, tes jambes de gazelle arborant ses bas nylon finement couturés, le rire des soldats ayant usé l’écume de l’océan, aux dents plus blanches que des plumes d’oie, tu m’entends maman, ce n’est plus l’heure du journal télévisé, ça n’existe plus, c’est pour ça que tu dois mettre le nez dehors. »
Elle resta silencieuse (hormis quelques flatulences). Toujours face à la porte, sans se tourner vers moi, elle eut cette réflexion qui me stupéfia, vu son âge :
« Mais alors, mon fils, qu’est devenue ma vie si je ne peux qu’en retrouver des traces dans le Passé ? Crois-tu donc que mes trente années de canapé ne m’ont pas instruites sur l’avenir que te réserve ta propre vie ? Je suis vieille mais pas encore sénile. Je sais très bien que ce qui m’attend dehors ne sentira plus les Gitanes, les Gauloises et le pain perdu. Mais tu as beau être un bon fils, ce que tu me dis est mensonger. Ton avenir est aussi derrière toi. »
Elle tira de sa robe, dont la canne anglaise servait de treuil (si l’on peut dire) une poche intime que même l’aide ménagère n’avait jamais vue ou palpée, une cache secrète d’où elle extirpa un morceau racorni de…chewing gum. En riant avec son dentier défait, elle déclara : « le Coca cola, je l’ai bu, c’était une vraie pisse de chat sucrée. »
Elle ouvrit alors seule la porte d’entrée et sortit sur le perron. Il y avait trois marches, elle rata la première et glissa comme un bas nylon sur les jambes d’une jeunette de 17 ans en 1944.
C’est ainsi que je devins héritier.
Bien des années plus tard un couple de jeunes mariés loua la maison, mais me demanda de dégager le canapé et le poste de télé qu’ils trouvaient obsolètes, et ne répondaient pas à leur attente de progrès imminent : l’ouverture d’un monde idéalisé sur leurs tablettes connectées, mais en laissant surtout la porte d’entrée fermée à double tour, avec le porte manteau « perroquet » qu’ils trouvaient « vintage » encore utile pour les alerter, si jamais l’alerte serait donnée d’un tsunami ou d’une révolution mondiale.
19 01 2024
AK
(ceci est une fiction)
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