Les jeux débutent à peine, mais depuis déjà plusieurs jours les médias sont montés au créneau et ressassent leur nationalisme franchouillard : combien de médailles remporteront NOS athlètes, chaude ambiance dans le repère FRANCAIS où se retrouvent le soir NOS athlètes, dans Londres, hors de l’enceinte du village olympique…Et de citer NOS Meilleurs Compétiteurs, avec reportages à l’appui. Bref, ce chauvinisme récurrent bassine.
Les JO, c’est avant tout une mixité d’athlètes venus de 204 pays pour concourir dans l’esprit de Pierre de Coubertin, certains d’entre eux issus d’états minuscules, en guerre, pauvres. C’est cette disparité et cette communion d’êtres humains qu’il serait bon de mettre en valeur, et non cette imbécile question : »combien de médailles aura la France ? »
« L’important dans ces Olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part »
C’est tiré par un tracteur que le sixième anneau symbolisant les continents participant aux Jeux est arrivé à Londres. Cet anneau a la particularité d’être entièrement recouvert d’une feuille de ciel qui en masque le vide, et que seuls les nuages traversent. C’est donc bien l’anneau du sixième continent, celui des morts vivants qui sont assiégés à Alep, en Syrie, à l’heure même où s’écrit ce petit billet. Que la fête commence, et…
God save the queen.
Trouvé aujourd’hui ce panneau indicateur au nom juste charmant et poétique dans un petit bled de Haute Garonne (nommé Clarac). Ca nous change des avenues De Gaulle, Thiers et de la Grande Armée. Un nom pareil ouvre l’imagination. Est-ce une maitresse de Pouchkine, une expression locale : avoir un bon coup de poutchette, ou le nom de la mairesse ou de la fille de la boulangère, est-ce l’appellation rustique de la poussette, ou le petit bécot échangé dans les foins en andains.
Poutchette, Poutchette, ce ne serait pas le surnom d’une copine à Chinette, plutôt ? Va falloir demander cela au curé,( quand il aura fini de moissonner et d’égrener le blé pour en faire des chapelets artisanaux), quand sonnera l’angélus et tinteront les billets amassés dans la brouette n°1929, modèle Crise Mondiale.
Voici une oeuvre originale et éphémère que ni les chèvres ni les vaches ne verront, car la vilaine boule de fil barbelé ici entortillée sera tendue quand elles viendront paître. Mais, aux dires de Chinette, l’ambiance aussi sera tendue, et le paysan risque fort de se faire encorner s’il ne prend garde, ce qui est un juste retour des choses, si l’on peut s’exprimer ainsi. Les bêtes à cornes ne vivent pas toutes en ville ni dans les méthodes d’analyse fonctionnelle
Qu’on se le dise !
J’ignore où s’en va Chinette, avec ses deux sacs à main, mais à la regarder ainsi traverser le Palais Royal d’un pas décidé, je subodore qu’elle file passer ses vacances en Grèce avec un beau colosse de Maroussi, ou quelques jours tranquilles à Clichy avec ce vieux pendard d’Henry Miller et sa copine Anaïs Nin, ou encore qu’elle a décidé de partir en vacances sans moi, comme c’est la règle entre nous : on partage tout, m’a-t-elle dit hier. Toi tu continues à travailler, et moi, pendant ce temps, je prends ta part de congés pour faire respirer un peu notre couple. C’est équitable, non ?
Oui, c’est équitable, lui ai-je répondu. T’aurais pas un bon bouquin à me passer, pour demain, au bureau ? la météo annonce une journée torride. Tiens, je vais relire Sexus, du vieux pendard, je dois l’avoir dans le placard des toilettes. A bientôt, Chinette, et n’oublie pas la carte postale !
//
Suite à divers entretiens radiophoniques entendus sur France inter et France Culture, entre autres, il me semble intéressant de mettre en avant ce photographe, et le reportage photo réalisé au Nigéria en 2009-2010.
Société civile des auteurs multimedia – 5 avenue Vélasquez 75008 Paris – Tel +33 1 56 69 58 58
Christian Lutz est né à Genève, Suisse, en 1973. Il étudie la photographie à l’Ecole supérieure des Arts et de l’Image « Le75 » à Bruxelles. Photographe depuis 1996, il s’est principalement intéressé à des sujets dans les Balkans, au Brésil, en Afrique de l’Ouest, aux Etats-Unis et en Suisse.
« Tropical Gift est une véritable intrusion dans le monde des affaires du pétrole et du gaz au Nigeria. Entre 2009 et 2010, Christian Lutz a exploré les coulisses du pouvoir, où se joue le théâtre des dominants et des dominés. Il a photographié la vie quotidienne des hommes d’affaires expatriés dans la capitale du pays (Abuja), leurs transactions avec les membres de la Nigerian National Petroleum Corporation, mais aussi la vie des populations locales du delta du Niger, où se trouve véritablement le pétrole. Des images déroutantes, entre clichés et dure réalité, où le photographe pose son regard sur l’un des épicentres de bon nombre de problématiques Nord-Sud. »
//
Pouvant accueillir 500 000 habitants, cette ville construite en trois ans par les chinois ( voir article), située à trente kilomètres de Luanda, capitale de l’Angola, est une ville fantôme. Sur les 2800 logements disponibles actuellement, seuls 220 ont été vendus. Le prix oscillant entre 120 000 et 200 000 dollars, quand le revenu moyen par habitant est d’environ 2 dollars/j, en dit long sur ce type de réalisation « à la chinoise ». Ceux-ci, en contrepartie, ne manqueront pas de se rembourser en exploitant les ressources naturelles du pays ( pétrole, minerais, etc) sans vergogne, s’incrustant un peu plus dans le continent africain trop longtemps délaissé par le monde occidental (qui n’y a bâti que des républiques bananières et installé des dictateurs). L ‘Angola est une ancienne colonie portugaise, devenue indépendante en 1975, mais qui connut durant 27 ans une guerre civile aux enjeux assez complexes.
De votre appartement situé au huitième étage de la section immeubles verts, peut-être verrez vous Luanda et son avenue du 4 février, dite Marginal, qui » symbolise le contraste en la beauté naturelle de la baie et les édifices modernes qui la bordent ». Pas d’inquiètude à avoir quant au risque de se sentir seul au balcon : ces appartements seront investis par des cohortes de sinologues d’ici peu, venant recoloniser le continent tout en apprenant la langue portugaise, afin de migrer ensuite en Amérique du sud bouter les brésiliens hors de l’hégémoniaque et céleste Carnaval de Rio.
//
Cet article du Monde pour ne pas bronzer idiot comme une foule de jeunes feignassons à papas, et en hommage à ceux qui ne verront peut-être la mer qu’arrivés à l’âge adulte.
Chinette : »- tu connaîtrais pas un menuisier, par hasard, j’ai besoin d’un meuble pour ranger tes pulls et mes balais. »
Chinou: »-des menuisiers, j’en connais au moins trois. Tu veux que je les appelle ? »
Chinette : »- ceux qui sont sur la photo ? »
Chinou : »-oui. »
Chinette : »- je veux un meuble, pas un cercueil, enfin, pas pour moi en tout cas ! »
Chinou : »-… »
Commentaires récents