Café noir et bonheur du jour

Café noir

Encore un jour étrange qui s’installe à la table de l’aube,

Ouvrir les yeux sur un café noir qui sent le jus de chaussettes,

Comme jadis dans la cour de promenade les allers et retours

Sous l’œil vigilant des gardiens, le crissement des pas, les murmures

Partagés, les inventions utopiques qui seules permettent l’évasion

De ce monde médiocre qu’il a vu naître et dont il s’est nourri,

Enfant gâté de l’après-guerre, voyageur louvoyant sous l’œil des aigles

Jamais esclave, toujours conquérant dans un monde qu’il pensait

Loin des précipices, nourri d’artifices, méconnaissant les bombes

Regardant bêtement le gros champignon qui donnerait à l’homme

Le confort énergétique, oubliant le noir charbon, reluquant l’atome

Sous l’œil vigilant des financiers du progrès, inventions atypiques

Pour un monde meilleur, parcourir la planète sans en comprendre

La médiocrité, le viol des foules et l’érection des cités de cendres,

Alors devant le café noir, nez plongé dans sa tasse, il le voit qui surnage :

Le cafard.

23 04 2020

AK

Bonheur du (lever du) jour

Elle se réveille chaque matin, chantonne un vieil air

Entendu à la radio la veille, s’assoit devant son bonheur du jour,

Se coiffe, se pommade et observe ses rides, les compte

Plus nombreuses qu’hier, les soumet à un massage juvénile

Met du rimmel sur ses cils, un peu de rouge sur ses lèvres,

Comme tous les jours elle part travailler en enfer

Rentre le soir exténuée et chantonne ce vieil air

Entendu à la radio la veille, elle embrasse son homme

Ses enfants et allume le poste duquel naît une nouvelle chanson

Qu’elle chantonnera demain matin, face au bonheur du jour,

Car elle n’a pas le choix, qu’elle doit avoir un moral d’enfer

Comme tous les jours, vu qu’elle travaille à Pandémimonium.

Elle l’ignore sans doute, ce n’est pas son métier, mais elle sait

Que les patients qui la regardent, sentent qu’ils vont partir,

Admirent ce visage si frais et si lucide, lui volent sa chanson

Que chaque soir elle renouvelle sur le poste radio, chez elle.

23 04 2020

AK

13 commentaires sur “Café noir et bonheur du jour

    • Pas mal, le Kafka(fard)! Mais tu sais, j’aime écrire, et ce n’est pas forcément auto-biographique. Je raconte des histoires de gens comme tout le monde (si j’excepte Donald T et quelques autres). Le second texte parle d’une femme qui travaille à l’hôpital et rentre chez elle le soir, la chanson du quotidien passe à la radio…Le bonheur du jour, pour rappel (on l’a un peu oublié) est un petit meuble, l’équivalent d’une coiffeuse. Bon, tu sais tout cela. Pour la coiffeuse, c’est Chinette qui s’en occupe, mais je ne voudrais pas être trop bien coiffé en cette période de confinement où paraît-il les hommes se laissent aller!

      J’aime

      • Ne t’inquiète pas, j’ai bien lu et compris ton second texte, quant au premier le contexte n’est pas gai-gai et j’ai constaté qu’en périodes pas gaie-gaie il est plus facile d’écrire des trucs pas gais-gais, même si on reste stoïque face à l’adversité. On écrit dans une certaine ambiance qui déteint sur celle de nos textes. Enfin ce que j’en dis !… @ demain !

        Aimé par 1 personne

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