Poème pour un coutelas

Je ne sais quel individu par un soir d’été

Trancha mes doigts légers et les croquis

Que je faisais de jeunes filles corsetées

Dans cet atelier qui sentait la chair aimée

Le rat musqué et l’indigence de la renommée

Comme fondent les poèmes sur le corps des femmes

Qui au fil des ans jamais ne voient renaître les enfances

Le dernier soupir ne s’offre qu’à l’absence

Heureux encore de ne point écouter les curés

Heureux aussi de n’avoir dans les oreilles que du cérumen

Pour ne plus entendre ce chant du monde mortifère

Que chantaient les peuples sans y croire,

Balayés par des religions illusoires mais rentables

Quelle élégance avaient mes doigts, mes mains,

L’étaient-ils simplement par la cohésion

L’esprit du corps et les gestes insensés de l’abandon ?

Tout perdre quand seul le néant est à gagner

Quel est ce fruit qui s’offre en récompense

Rares sont les hommes qui ne l’ont pas désiré

Mais ont passé leur vie à le revendiquer : la Poésie.

Cet unique combat qu’à présent, doigts coupés,

J’inscris dans ma vie d’homme.

21 06 2023

AK

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