les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
En fait, tout le monde s’en fout. C’est, dans le jargon des géographes, le point culminant de l’Abandon (plus haut que La Rinconada du Pérou). Une fois au sommet, la meilleure solution est de sauter dans le vide. Le dernier exploit de la vieillesse. Le sens inouï de la liberté quand on est vieux. Ce qui est amusant ce sont ceux qui ont le vertige, ou simplement peur de sauter. Alors toute la famille pousse dans son dos, casse ses cannes, chante des mélodies, des thrènes à faire pousser les ailes des angelots entre une ou deux partitions entre la clef de fa et celle de sol. Mais en fait tout le monde s’en fout. La mort est un fruit dont on a perdu le goût après qu’on ait croqué la chair et le jus de la vie .
Si tu me l’avais dit plus tôt, disait Adam à Eve, le serpent nous l’aurions capturé et ensuite cuisiné. Pygmalion était-il né, ma chère , pour allumer le brasero? Car comme je te le répète nous n’avons plus d’électricité et manger un serpent cru c’est comme avaler une couleuvre, me faire opérer de l’appendicite, ou purger un ver solitaire de mes entrailles. Bon, pour le ver solitaire, je te dirai qu’il est assez solidaire : l’un ou son cousin prospecte tes tuyaux et un autre encore ton cerveau. Mais tout le monde s’en fout, c’est normal. Comme un ronfleur ignore si les mouches migrent comme les passereaux, ce qui entraîne la persistance des araignées à plafonner sur le Moyen Orient.
De toute manière, tout le monde s’en fout, et moi le premier, que la mort rendra invisible. La peine et la terreur appartiennent aux survivants. Gamin l’herbe humide de l’aube lavait mes pieds nus. Des herbes qui sentaient la menthe sauvage, le parfum du jardin. On évitait les rosiers et les haies piquantes des pyracanthas, car nous connaissions les dangers de nos pas dans les travées, les ronces les rosiers, la belle-mère qui disait « ne marchez pas sur le gazon, ne marchez pas dans les plate-bandes ». Mais tout le monde s’en fout. Il n’y a plus de jardin, les maisons sont tombées dans les plate-bandes et les vieux n’ont dans le regard que le feu de Pygmalion et les larmes d’Orphée.
Le jour ne se lève pas. Les dictateurs s’en foutent. Le maître des Horloges est trop vieux, il laisse filer le temps à sa guise. Il faudra un peu de lumière pour ravir la part d’ombre qui investit nos regards nyctalopes désormais myopes. Ce qui est trop près peu à peu s’éloignera, chacun a signé une feuille de route automnale. De toute manière, tout le monde s’en fout, partout il y a la guerre. C’est, dans le jargon des géographes, le point culminant de l’Abandon (plus haut que La Rinconada du Pérou). Gastibelza l’homme à la carabine, le chantait aussi :
Quelqu’un de vous a-t-il connu Sabine
Ma señora
Sa mère était la vieille maugrabine
D’Antequera
Qui chaque nuit criait dans la tour Magne
Comme un hibou
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou .
Quoi qu’il en soit, le vent nous portera.
27 10 2023
AK
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Si je prends les deux, j’ai droit à une réduction (de peine)?
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à peine !
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Bon, alors je file passer 40 jours dans le désert !
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bon dieu fais pas ça !
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