les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Je ne sais pas qui au final tirera la queue du chat. Le chat n’en saura rien, il dort sur mes genoux. Tant que ma peu est chaude, tiède, ensuite, coincé dans le deux pièces, une ou deux semaines passeront. Sa faim alors entamera ma chair. Je sais qu’il m’aimait bien de mon vivant, alors, que pourrais-je lui reprocher si j’étais encore vivant, plutôt qu’étendu là , baignant dans le sang sec qu’une semaine entière tache sur le canapé ? Pourtant, je n ‘ai pas l’impression d’être mort depuis que le miroir ne pose plus le reflet de mon visage sur ma gueule à face de lune. J’ai vieilli, c’est tout. Tous mes amis ont marchandé le temps qu’il leur restait à vivre et certains s’en sont sortis, mais à quel prix ?
J’ai laissé la fenêtre entrouverte. Elle donne sur les toits. Avant, j’y piégeais mon nez pour regarder la ville. J’aimais compter les grues. Celles qui érigent de nouvelles murailles. J’aimais aussi regarder les moineaux friquets picorant les miettes que je balançais dans la gouttière, mais que souvent le chat chassait. Voir la vie devant mes yeux sans tirer la queue du chat, c’était vivre tranquillement sans se préoccuper du reste. Le monde était loin de ces plaies ouvertes de notre quotidien , ici. Pourtant, ce n’est pas mon chat qui aujourd’hui griffe la porte de mon logis. Ce sont les éclats d’obus qui s’impriment dans ma mémoire.
Ce matin j’ai vu un chat traverser la rue
Une voiture l’a évité, d’extrême justesse.
Ce matin j’ai surpris un lièvre surgi
De son terrier ; un chasseur l’a manqué.
Ce matin j’ai vu des mères et des enfants
Qui fuyaient. La guerre les a tous écrasés.
Ce matin j’ai eu du mal à me regarder
J’avais perdu l’image de qui j’étais, avant
Étais-je un chat, un lièvre ou un humain ?
Ce matin j’ai compris une chose : naître rien
C’est assouvir son besoin d’exister en n’étant rien
Ce matin je suis parti caresser la mer
En regardant jouer le chat et le lièvre
Ce matin sur la plage il y avait des filets
Rouges, comme les répandent les assassins
Le matin, quand les chats et les lièvres crèvent
Entre mes bras nus qui n’ont su que se taire .
22 02 2022
AK

Je pensais a ces victimes, face au mal.
J’aimeAimé par 1 personne
Homme, femme, enfant, animal et même végétal… quelle différence face au mal ?…
J’aimeAimé par 1 personne
L’indifférence…
J’aimeJ’aime
On peut protéger les animaux, mais sans oublier que les humains meurent aussi, et pas toujours de mort naturelle.
J’aimeAimé par 1 personne