Les mardis de la Poésie : Théophile Gautier (1811-1872)

Far-niente

Théophile Gautier

Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

Théophile Gautier, Premières Poésies

Bonheur Parfait

Théophile Gautier

Que les chiens sont heureux !
Dans leur humeur badine,
Ils se sucent la pine,
Ils s’enculent entr’eux ;
Que les chiens sont heureux !

Théophile Gautier

Biographie courte de Théophile Gautier – Théophile Gautier naît à Tarbes le 30 août 1811, entre au collège Charlemagne de Paris en 1820 et y fait la connaissance du futur poète Gérard de Nerval. Sa rencontre, en 1829, avec Victor Hugo le bouleverse et il participe à la « bataille d’Hernani » aux côtés de son mentor. La pièce de Victor Hugo fait en effet grand bruit en 1830, opposant les romantiques qui défendent la pièce moderne, aux auteurs « classiques ». Passionné depuis son enfance par l’écriture, Théophile Gautier publie ses premières œuvres à la même époque avec plus ou moins de succès : « Poésies » (1930), « La Cafetière », récit fantastique (1831)…

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