tout est-il cinéma?

Le ciel est gris, sombre. Gris comme la pellicule d’un film noir et blanc, sombre comme est obscure une salle de spectacle dans les toutes premières secondes qui précèdent le défilement des ‘images. Lanterne magique agitant ses ombres sur fond d’écran. Cinéma, é tutto cinéma, chantait Paolo Conté. Oui, tout est cinéma, même pour ceux qui n’y vont pas: il suffit de regarder le monde, les acteurs que nous sommes, les rôles que nous avons, et la vivacité de chacun donnant sa variété de style: drame, comédie, film noir, aventures…

Pour la plupart des citadins, qui ont connu la fermeture des salles du centre ville et leur migration en périphérie, le cinéma se dissout, phagocyté par de méga-bestioles sans nom évocateur, sans odeur, sans décor, sans histoire et surtout: sans âme. Ces temples du consumérisme pelliculaire dans lesquels le projectionniste devient un outil de la programmation plus qu’un génie de la manipulation cursive, où la publicité et les films à gros budget trônent en maîtres absolus, poussés par des campagnes de promotion souvent excessives (les acteurs se soumettant, cela doit sans doute faire partie du contrat, à des interviews tous azimuts sur les médias -qui sont souvent eux-mêmes producteurs-), bref toute cette cuisine réduit le spectateur à l’état de pop-corn, ou de potiche…

Voilà ce que pense le couillon moyen que je suis.

Et, un soir, par hasard, j’atterris au Louxor, à Oloron. (je ne citerai pas le nom du gros navet que j’y ai vu!). Et ce cinéma m’enchante. Comme ça. Un coup de foudre. Avec de bonnes raisons pour cela (mais allez-y vous-même, vous verrez bien). Dès lors, en me baladant, je découvre ici et là de petites salles, dans des bourgs pas très épais, de vrais cinoches de campagne, à cent lieues des multi-salles complexées aux sonos tonitruantes. Bref, je me retrouve comme le gosse que j’étais la première fois que je suis allé au ciné (le film était « les canons de Navarrone »…). Il existe donc d’autres lieux de diffusion, d’autres réseaux, plus intimes, plus liants, plus humains, qui font qu’aller voir un film recouvre d’autres dimensions, rencontres et partages entre spectateurs et animateurs.

Après avoir un peu galopé ici et là, je découvre ces espaces sensibles et, je l’espère, assez indépendants. N’étant pas un cinéphile averti (un cinéphile averti peut-il cacher un critique duraille?), je me contenterai ici de parler de ce que je ne connais pas, les mauvaises habitudes suivant toujours les bonnes intentions. Il me reste encore pas mal de façades à photographier, entre le Gers, les Hautes Pyrénées, les Landes et la cote Basque, pour étoffer ma recherche.

Un numéro très intéressant, comme souvent, du Festin (hiver 2011, n°76) est consacré au cinéma. Je remercie également les aimables bibliothécaires du village de Carrère (près Garlin) de m’avoir indiqué l’existence de l’ARPEL, qui permet (par l’intermédiaire de l’Ecla) la diffusion régulière dans les petites communes de films. Mais pour l’instant:

Entracte.

Un ours va nous distribuer des glaces rapportées du Vignemale (3298 m), à déguster sans modération.

AK Pô

09 01 11

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