les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
S’il n’est pas très tard c’est qu’il est encore tôt
Dans ce lit et ce froid à couper au couteau
Tu partiras demain, j’en ai les doigts qui tremblent
Et mes coups de ciseaux sur ta peau, cabroncito,
A la craie espagnole toi mon toréador
A l’aube tu iras charmer le taureau et faire luire l’étoile
Les rayons du soleil dans l’arène
Les banderilles étincelantes les juments
Caparaçonnées et le peuple t’ovationneront
Quand sur le sable l’animal énorme roulera
Dans son sang. Ou le tien. Sans doute,
Avant de mourir, l’un parlera à l’autre.
L’un dira je ne sais pas pourquoi je te tue
L’autre répondra je ne le sais pas non plus.
L’aube se lève à peine et l’homme approche
Avec des gestes lents regarde l’animal
Les vents de la Camargue et ceux de l’Alentejo
Soufflent et bruissent, rougis de sang paisible
La bête broute, ne sent battre que son présent
Et l’homme qui la surveille la scrute,
Déroule son tapis carmin, joue, danse en silence,
Les taureaux se repaissent des herbes tendres,
Salées de Camargue, parfumées de l’Alentejo,
Ils voient bien cet enfant au fond de la prairie
Mais ils n’en prennent garde : ils paissent.
Lui n’est plus un gamin, c’est devenu un homme,
Sa femme lui taille jusqu’à minuit
Un habit de lumière, le chapelier une montera.
Demain matin, le prêtre bénira les chevaux
L’homme sous le regard oublieux de la vierge
L’un dira je ne sais pas pourquoi je te tue
L’autre répondra je ne le sais pas non plus.
12 01 2021
AK
Pauvre(s) bête(s) !
Bonne journée, illustre Karouge.
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Pauvres hommes qui n’ont pas évolué d’un pouce malgré ce qu’on dit…
Superbe poème.
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Belle prose pour un sinistre dessein !
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