les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
(un contrepet d’actualité, à Roland Garros)
A la toute fin des années 70, Zab et moi vivions à Paris. Le dimanche, dans le petit appartement déglingué de Mamie Marguerite, rue de Flandres, nous allions manger en invités le poulet cuit dans la cocotte avec ses pommes de terre, le tout étant bien assaisonné et gras, comme le cuisinaient alors les grands mères, natives de Bourbon Lancy et certainement d’autres régions françaises. En mai, c’était Roland Garros à la télé, un tournoi de tennis qui opposait alors des artistes de la petite balle sur un court de terre battue. Comme la grand-mère n’avait pas grand chose à raconter, nous regardions en mangeant le match. Mac Enroe le teigneux râleur contre Björn Borg le taciturne crocodile du fond de court aux longs cheveux blonds. Des matches épiques ( la finale contre John McEnroe, le 5 juillet 1980, est considérée comme un des plus grands matchs de toute l’histoire du tennis. ). Dès que Marguerite se levait, nous re-piochions une part de poulet, quelques patates grasses comme une matinée dominicale, puis, au second set, le dessert et au troisième, le café à l’ancienne, (digestif au quatrième, une liqueur morvandelle) passant ainsi la durée de la finale à nous gaver de beaux échanges, de contestations de l’impact de la balle hors limite et surtout de ce plaisir que nous n’avions rien à raconter de notre vie intime à l’octogénaire qui nous accueillait aimablement.
Je pense que Mamie Marguerite m’aimait bien, ce qui avait reconstruit des ponts fissurés entre elle et sa petite fille. De plus, ma moustache, que j’ai toujours portée et porte encore, (je suis un vieux chat), devait lui évoquer le temps des séducteurs d’avant et d’après guerre. D’autant que la rue de Flandres, à la nuit tombée, ne ravivait pas la gaieté des jours anciens. Mais les après-midi que nous passions ensemble avaient l’impact des balles blanches sur la terre battue et le souffle vivace des renvois de raquettes, qui ne dépassaient pas encore les 200 km/h mais dont la stratégie subtile confondait l’adversaire. Les soirs de mai, à Paris, nous semblaient plus tardifs que la finale dont nous avions emprisonné nos yeux. La concepige de l’immeuble nous surveillait. A dix neuf heures trente, nous récupérions alors notre MZ125 et filions par la rue du Maroc et la (longue) rue Riquet -mes souvenirs sont flous- vers le XVIIIème arrondissement, sixième étage sans ascenseur. Dimanche avait consommé son temps de repos, entre un poste de télé et un poulet cocotte avec ses pommes de terre, la victoire d’un ou de l’autre finalement on s’en moquait, les deux nous plaisaient tant ils nous avaient nourris de coups droits (vin rouge), de revers (de manche), de lets (Zeppelin), de aces (cream), de lobes, de retours gagnants (sans Mistral), etc.
Lundi nous attendait, la cambuse remplie de nourritures terrestres (cf André Gide), lundi qui ne nous demandait qu’à nous lever tôt pour reprendre le vrai match : gagner sa vie.
04 02 2022
AK
PS : Mamie Marguerite est morte depuis longtemps, ainsi que son fils et sa femme. Il y aurait tant à raconter sur la rue de Flandres et la concierge, qui doit avoir cent vingt et un ans et balaie certainement encore la cour intérieure de l’immeuble. Sans être adepte du sport (tant collectif qu’individuel), je condescends à la douleur de ce jeune mais grand (1,93m) jeune allemand (Alexander Zverev) blessé lors de la demi-finale contre Raphaël Nadal, mon héros !
Il se vend dans les jardineries des raquettes pour exploser les mouches et les moustiques. Entraînez-vous!(Wimbledon approche, semez le gazon!)
04 06 2022
AK
Ah non alors… On se tutoie plus? Quel revers immérité ! Eh bien mon cher, puisque « vous avez l’oeuf »… Je ne reviendrai par ici que lorsque le tutoiement m’en offrira le droit ( pour le coup).
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Vous n’êtes pas deux ? Et ce serait moi qui fais l’œuf. Je ne tutoie qu’un être à la fois !
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Ah ah ah ! Touchée, coulée ! J’ai tellement l’habitude que Papy H se désintéresse de mes activités internautiques ( je le barbe quand je lui en fais lecture et il ne va lire le blog que lorsque je parle de lui !)… Que je n’ai envisagé que ma petite personne ! Merci d’avoir pris la peine de me réintégrer dans tes lecteurs-commentateurs ! Je file voir un drama pendant que ma moitié regarde la joie des Gallois sur l’Equipe du soir. Passe une excellente soirée !
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Et c’est qui qui est content de la victoire de son héros Nadal? Dommage que le beau sportif challenger n’ait pas tenu plus longtemps !
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Eh oui, je suis content. Nadal est un type sympa, sans grosse tête, et son challenger Ruud aussi, en plus d’être beau gosse, le bougre norvégien ! Ça nous change des serbes et des croates, qui n’attirent pas ma sympathie. Mais bon, j’étais mieux dans mon petit canapé que sur le court à regarder la petite baballe courir plus vite que mes jambes (mais les services étaient en deçà des 200km/h, j’aurais pu les attraper au passage).
Trêve de plaisanterie : passerez vous une bonne soirée, entre deux passing shot ? ce soir pour cuisiner je vais extraire un jaune d’œuf de sa coquille et le cuisiner à la raquette (à la poêle à frire). Ah, Roland Garros ! Dire qu’en laissant l’œuf entier j’aurais pu faire une homme-let, deux services dont un gagnant !
Bon, je vous laisse !
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*ElleS ! Tssss !
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Ah ben toi aussi tu avais une mamie à l’esprit… et en cuisine ! Papy H. ronchonne encore : « et les femmes veulent être payées autant que les hommes! Elle n’ont même pas dépassé les 70 minutes! Heureusement qu’on pouvait les voir en clair ! » Il n’a pas de moustache mais quel phallocrate!
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