Les mardis de la poésie : Charles Dovalle (1807-1829)

Dans Tous mes Rêves, c’était Vous

par Charles Dovalle

Dans tous mes rêves c’était vous !
Vous étiez belle,
Et je tombais à vos genoux :

Ou si, rebelle,
Quand vous me donniez un doux nom,
Je disais : « Non !.. »

Je vous voyais, vive et boudeuse,
Belle grondeuse,
Sous vos mains cacher vos grands yeux ;

Puis après, avec un sourire
Presque joyeux,
Vous pencher sur mon front, et dire :

« Je vais pleurer
Et je sentais alors mon âme
Se déchirer.

Ô jeune femme,
Reviens me tendre encore les bras,
Ne pleure pas !

Ton sourire est doux ; mais des larmes
Sur tant de charmes,
Sont un filtre mystérieux…

Ne pleure pas, ange aux doux yeux !… »
Vive et légère,
Soudain vous regardiez les cieux ;

Et votre douleur mensongère,
Flot par un autre flot heurté
Et rejeté,

S’effaçait pour ne plus paraître
Comme un éclair,
Comme une larme dans la mer.

A l’heure où l’aurore va naître,
Oh ! que de fois,
Tenant une rose en vos doigts,

Le sein nu, la paupière humide,
Le front timide,
Les sens accablés de langueur,

Rouge et brûlante,
D’amour tremblante,
Posant une main sur mon cœur,

Oh ! que de fois, belle des belles !
Vous m’avez couvert de vos ailes
En frémissant,

Moi, caressant,
Moi, palpitant avec délire,
Et n’osant dire :

« Pourquoi viens-tu de m’embraser ?
Femme, un baiser !…
Je veux un baiser de ta bouche… »

Vous deviniez :
Et sur le duvet de ma couche
Vous incliniez

Tout-à-coup, l’aurore jalouse
De mon épouse
Venait annoncer le départ :

Elle fuyait !… mais un sourire,
Mais un regard,
Mais une bouche qui soupire,

Pleins de regrets, venaient me dire :
« Enivre-toi,
Jeune homme !… Le bonheur, c’est moi !… »

Qu’Aimez-Vous ?

par Charles Dovalle

J’aime un œil noir sous un sourcil d’ébène,
Sur un front blanc j’aime de noirs cheveux :
Et vous avez de longs cheveux d’ébène
Sur un front blanc, et le jais est à peine
Aussi noir que vos yeux.

J’aime un beau corps, qui se penche avec grâce,
Sur un sopha négligemment porté ;
Et savez-vous avec combien de grâce
Sur un sopha vous vous inclinez, lasse
Et brûlante de volupté !

Et puis, quand, là, plaintive et paresseuse,
Le cœur ému, l’œil à moitié fermé,
Vous soupirez… J’aime une paresseuse,
Un long soupir, une voix langoureuse,
Un regard enflammé.

J’aime à trouver un mélange de joie,
De rêverie et de douce langueur :
Pourquoi chez vous ces chagrins, cette joie
Ce sein qui bat contre un fichu de soie,
Ce sourire triste et moqueur ?…

Parfois un mot, un songe, une pensée,
De votre joue efface la pâleur :
Souvent un songe, un mot, une pensée,
Une pâleur lentement effacée
Me fait battre le cœur.

Vienne un caprice, une idée indécise,
Comme un oiseau loin de moi vous volez.
J’aime un caprice, une idée indécise,
J’aime la place où vous étiez assise,
J’aime la place où vous allez…

Un ange… un ange aussi beau que vous-même,
Dont le parler comme le vôtre est doux…
Qui rit aussi… dont le nom est le même
Que votre nom… Oui, voilà ce que j’aime,
Tout ce que j’aime !… — Et vous ?

Poèmes tirés du site : https://www.poemes.co/

Biographie de Charles Dovalle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Dovalle

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