nocturne

Le soir tombe dans le jardin où je m’assois

La clarté s’obscurcit et une pipistrelle navigue

Toutes membranes dehors

Le hérisson lave son museau dans un fond d’eau

Et les chats assoupis semblent guetter leurs rêves

Il fait bon vivre en ces temps difficiles

Quand tant d’hommes se recouvrent de nuits

S’endorment et rient toutes gencives dehors

Chassent les pipistrelles et conquièrent les étoiles

Dans la nuit le hérisson bourré de dynamite

La pipistrelle ailée munie de bombes hasardeuses

Dans ce micro-climat que les hommes enrichissent

Les chats assoupis mais toujours insoumis

L’œil gauche ouvert sur la noirceur des temps

Comme des enfants qui dansent au clair de lune

Balaient l’horizon glauque des massacres à venir

Quand dans le jardin où je suis assis une seule

Pipistrelle, un unique hérisson, l’une aveugle

Et l’autre sourd, me rappellent à la beauté du monde.

22h. Je retourne au jardin, la nuit est noire.

Seuls les lampadaires de la route brillent mollement.

Patachon, le chat, vient se poser près de moi.

Sans doute m’annonce-t’il que je vieillirai avec lui,

Que mes yeux aux pupilles dilatées verront la nuit

Mieux qu’aucun humain ne pourrait la vivre,

Dernière nuit sans lumières ni ombres aurorales,

Parfums enfuis et pourtant si proches de ces infinis désuets

Juste la nuit en ultime partage et ce ronronnement des avions

Qui nous survolent et largueront leurs bombes avant l’aube crédule

Nuit sans pareille qui ne craint rien, les chats ne connaissent

Ni les ordinateurs ni les dictateurs, ils sont démocrates bien que

Ce soit encore le plus fort qui gagne mais nous en sommes là

Le hérisson et la pipistrelle sont invisibles dans l’obscure fatalité

Juste un matin qui chante réclament les peuples en chœur

Alors qu’ils appuient sur les gâchettes, sans savoir que

L’enfant avait si peur de ces lendemains qui déchantent

Qu’il saisit la carabine de son père et partit voir la mer.

Il ne connaissait pas la route, mais la route le conduisait,

Il parcourut ainsi tous les tournants qui suffisent

A faire d’un enfant un vagabond, d’un vagabond un criminel

On ne peut en vouloir aux enfants de naître idiots ou cons,

Ni aux parents qui suivent les mêmes chemins, les doigts

Sur la gâchette, les doigts dans le ketchup des séries mortifères

Où le fusil d’assaut n’est qu’un hochet et le sang lavable en machine.

La mer s’avança et ses yeux de gamin comprirent qu’elle était

Plus vaste que toutes ces nuits et que ces chevrotines volées au père,

Aux fusils et aux pipistrelles, aux chats, aux hérissons, aux hommes,

La mer emporterait la nuit sur des radeaux migrants, des embruns,

L’écume des vagues et tous ces chants qui se taisent au fond des jardins

Quand la nuit descend et que le silence répond à la nuit : « tais-toi ! »

29 08 19

AK

PS: hier soir, dimanche, de retour au logis, j’en ai compté six (pipistrelles) . Good new!

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