Au bord de l’eau fondent les larmes

Si tu ne veux pas mourir idiot, prends un bambou, accroche

Un brin de crin de cheval à son extrémité, ajoute un bouchon de liège

Quatre plombs que tu resserres avec les dents autour du fil

Et vas au bord de la rivière. Évite les hameçons, regarde nager

Les poissons qui survivent à la pollution, entre les algues grises

Dans le lieu paisible laisse-toi bercer par l’eau qui ruisselle

Entre les galets et les antiques moraines descendues des montagnes

Refuges des truites et des brochets, des gardons, des vairons,

Regarde l’eau qui s’enfuit vers le gave, vers la mer qui a soif

Le sel dont elle regorge irrite sa gorge immense, eau fraîche

Venez à moi, la banquise en fondant sera chaude, eau des torrents

Venez à moi, oubliez vos montagnes aux maigres glaciers

Coulez vers moi tant que la pente s’y prête, entre galets

Saumons et anguilles qui finiront par se compter sur nos doigts

Antiques moraines ruisselantes de sécheresses, filets d’eau

Si tu ne veux pas mourir idiot, ne mets pas de hameçon au bout

Pas d’émerillon, juste un crin de cheval une mouche qui danse

Au bout, pour que frétillent encore les derniers poissons

Au chant de nos torrents.

30 09 2020

AK

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