les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Poème tiré du site : https://www.poemes.co/
Jacques Audiberti est un poète et écrivain français né le 25 mars 1899 à Antibes et mort le le 10 juillet 1965 à Paris. Audiberti a été principalement influencé par les écrits de Victor Hugo et Stéphane Mallarmé. Le symbolisme et le surréalisme l’ont également influencé. Il a développé à travers ses poèmes un langage très viscéral et mélodieux. La plupart de ses thèmes oscille la polarité et la simultanéité du bien et du mal.
Qui frappe ? Encore les voisins,
le cinéma, les bons apôtres…
Tirez-vous donc, bande d’oursins !
Elle avait mes yeux, pas les vôtres.
Vous n’allez pas m’expliquer, vous,
le goût de soleil de sa bouche,
ses pauvres bras, ses cheveux fous.
Un trésor, c’est pour qu’on y touche.
Nous, la zone, ne possédons
pour tout charme et toute rapaille,
que le regard de nos lardons,
leur odeur de sucre et de paille.
D’abord, et d’une, on m’acquitta.
Laissez cette bon Dieu de porte !
Ils savent bien, ceux de l’Etat,
qu’il faut à tout prix que ça sorte,
et que ça pète quelque part,
même sur le dos d’un moustique.
Le populaire désespoir
rejoint la haute politique.
…
«Clic. Clac. Clic. Clac. Comme une abeille
«le fouet pi… que le cheval…
«Zut ! J’ai renversé la bouteille.
«Maman ! Ne me fais pas de mal !
«Tu vas encor te mettre en nage.
«Aï ! Maman, ne m’esquinte pas.
«Qui t’aidera pour le ménage
«Au revoir !. Embrasse papa…»
Va-t-en ! Va-t-en ! Fumier ! Salope !
Crève encor un coup si tu peux !
Tu me fouilles… Tu m’enveloppes…
les enfants, ce que c’est pompeux !
Comment veux-tu que je supporte
ton nez, tes dents comme du riz,
vingt kilos de lumière morte,
toi, méchante, qui me souris.
Il n’est pas un homme, ni même
quelqu’un de plus qu’un homme, qui
reçut un plus lourd diadème
que moi Zoé, sentier Blanqui.
Sous ma robe de pourpre immonde,
mon voile d’or sinistre à voir,
je suis la reine de ce monde.
Je suis la peine sans espoir.
« Métro 1925 (tiré du site : http://www.poesie-fertile.fr/)
.
De métriques vagins me conçurent. Je puis
moi, Proserpin, prôner plus d’un amour de puits.
Sur la montagne des virages vient, gobée,
la crispante balance où s’embrase une baie.
De rectitude, puis, dévoré, je parcours
mes tubulures pullulant de jupons courts,
de bustes clairs, rythmés par les feux de la voûte
où l’homme me gémit dans le chaud qui l’envoûte.
Le coin nocturne des correspondances, dont
l’odeur est celle du choix même qu’un lardon
fait de son sexe dans la truite qui l’accueille,
tourne vers moi sa tête exquise. Un bruit de feuille
accouple, sur les flancs, merles et baleineaux
quand, plus fier que le fiel hors des pâles canaux,
ailé de noirs buccins, lourd d’ampoules en grappes,
je surgis du Barbès pour éblouir les frappes. »
.
Audiberti « Race des Hommes » (1937).
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