les babillages de Chinette, les coloriages de Chinou
Lassitude de mes lacets défaits,
Semelles percées de mes trous de mémoire
Que n’ai-je à faire des vers de douze pieds
Qui poétisent mes dix orteils, chatouillent
Mes plantes devenues sabots, pantoufles,
Quand au jardin poussent les racines
L’évocation subtile d’un parfum de poésie
Ce n’est pas un virus, c’est un blob, monsieur,
Un de ces monstres qui dans l’ombre ampoulent
Les grands pas de l’humanité, d’un seul bond,
Vos drapeaux n’y changeront rien, ni vos fusées
Ni vos faces de lune usées par tous les coups de pied au cul
Que vous méritez, l’infiniment petit, atome ou virus,
Masques à gaz ou masques chirurgicaux,
Le temps du grand Carnaval planétaire
Sublime extase des costumes, des maquillages,
D’un coup l’unique semonce et les déguisements tombent
Ce coup de pied au cul, monsieur, ce n’est plus un Bécaud,
C’est la grande torgnole que les plus pauvres attendent
Pour dévorer vos appétits sans faim, votre luxueuse luxure
Sniffer dans vos muqueuses nasales la coke et le corona,
Leurs lacets sont défaits, leurs semelles percées
Mais ils marchent comme avance le blob vers son repas,
Ils ont faim, et même s’ils doivent crever en chemin
Que ce soit enfin de ce qu’on leur a refusé : un repas, une vie.
Voulaient-ils donc un toit, ces misérables esclaves,
Un de ces lieux où en paix on s’aime et on se lave
Que ne le disiez-vous, demandez vous l’aurez, eau
Gaz électricité, des loyers modérés, du pognon,
Plein de pognon pour dévaliser les supermarchés
Devenir obèses, évangélistes (réduction sur nos DVD élégiaques)
Demandez aux gosses d’aller acheter quelques guns
Car ici la fête continue, peuple libre, imbécile et génial,
Et ces lacets défaits serviront bien à pendre quelques nègres,
Nos revolvers à percer les semelles de trous Dum !Dum ! de mémoires
D’indiens, je m’égare , je m’égare routière à six heures du matin
Je marche dans la rue, les égouts fument, c’est l’aube, septembre,
La ville s’offre en plein champ, écran gigantesque d’un film
En noir et blanc, 1978, passé trop vite, embusqué dans ma mémoire
Paranoïaque, l’armée du Salut à un carrefour, des œufs au miroir gras
Du bacon frit et des gens qui s’engueulent, comme partout, en ville.
Lassitude de mes lacets défaits,
Semelles percées de mes trous de mémoire
Que n’ai-je à faire des vers de douze pieds
Qui poétisent mes dix orteils, chatouillent
Mes plantes devenues sabots, pantoufles,
Quand au jardin poussent les racines
L’évocation subtile d’un parfum de poésie
Ce n’est pas un virus, c’est un blob, monsieur,
Un monocellulaire qui peut à la fois
Foutre votre vie par terre ou, au contraire,
La répandre avec application pour le bonheur de tous.
21 04 2020
AK
C’est toi l’homme aux semelles de vent (ou aux semelles devant, comme il te plaira ?).
Et, oui, il y a des guignols, à qui on a confié des responsabilités mondiales, qui touittent à tout va pour permettre à ses concitoyens de se tuer entre eux, ou qui appellent à la désobéissance civique dans les États (forcément Démocrates) qui imposent le con finement à la population.
Ça, ça me fout la rage !
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Je vais te faire une réflexion à la Pierre Dac ou Audiard (de mon cru) : « la rage, ça se pasteurise, un évangéliste, ça porte des dents en or ».
Un livre qui m’a éclairé sur ce « viol des foules » : « le Seigneur des porcheries »
https://www.babelio.com/livres/Egolf-Le-Seigneur-des-porcheries/4749/critiques
A l’occasion, si tu as du temps, lis-le…(comme une partition, bien entendu!)
Bien à toi, Maëstro!
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Merci pour ce conseil de lecture, Illustre petit Karouge !
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